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6 Nations 2023 - "Stratégiquement, la France est passée à côté", estime Imanol Harinordoquy

Par Propos recueillis par Arnaud Beurdeley
  • Julien Marchand, qui disputait son 19e match, est apparu émoussé, et a eu moins d'impact que d'habitude dans le jeu au sol.
    Julien Marchand, qui disputait son 19e match, est apparu émoussé, et a eu moins d'impact que d'habitude dans le jeu au sol. Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Le jeu au pied n'a pas permis aux Tricolores de renverser la pression.
    Le jeu au pied n'a pas permis aux Tricolores de renverser la pression. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Pour l’ancien troisième ligne international, l’équipe de France a joué contre nature face à l’Irlande avec, en plus, plusieurs joueurs qui ont montré des signes évidents de fatigue.

Cette défaite est-elle un vrai coup d’arrêt ?

Cette défaite confirme surtout que l’équipe de France a moins de marge de manœuvre depuis quelque temps. On l’a vu lors de la tournée de novembre, avec des succès obtenus sur le fil et avec des scénarios favorables. On l’a encore vu lors du premier match contre l’Italie. Et ce revers contre l’Irlande me conforte dans l’idée que notre défense est devenue moins agressive, ce qui nous rend bien moins dominants sur les phases de ruck. À Dublin, les Bleus ont perdu la guerre des rucks. Mais mon inquiétude, après ce match, c’est notre secteur offensif. Nous avons rencontré beaucoup de difficultés à mettre en place notre jeu. J’ai parfois eu l’impression que l’équipe a joué arrêtée. Toutefois, ces Bleus ont su conserver leur fonds de commerce : l’état d’esprit ! Ils se sont vraiment envoyés mais ont été battus dans la maîtrise du jeu.

En clair, cette défaite pendait-elle au nez de l’équipe de France depuis quelque temps ?

Oui, même si j’ai cru un instant qu’elle parviendrait encore à inverser le cours du match. Malheureusement, Thomas Ramos a raté la pénalité pour revenir à 22-19 (47e, N.D.L.R.) Peut-être qu’avec ces trois points, l’équipe de France serait revenue dans la partie, tout en ayant été dominée une très large partie de la rencontre. Ce qu’elle avait réussi à faire au mois de novembre. Seulement, cette fois, l’adversaire a maîtrisé son sujet de bout en bout, dans tous les compartiments du jeu. Les Bleus ont nettement été surclassés.

Certains joueurs ne sont-ils pas usés physiquement ?

C’est clairement mon sentiment. J’ai senti plusieurs joueurs très émoussés. Certains ont très vite manqué d’essence dans le moteur, ce qui n’était pas le cas jusque-là. Et aussi, quand tu défends en reculant, c’est difficile de mettre les mains dans les rucks.

 

Fabien Galthié n’est pas un adepte du changement. Seriez-vous, de votre côté, favorable à une plus grande rotation sur les prochains matchs ?

Je ne sais pas… (il réfléchit). Je crois surtout que nous avons des absences préjudiciables. Des garçons comme Jonathan Danty ou encore Gabin Villière, qui ont cette capacité à jouer dans l’avancée, à contester les rucks, font cruellement défaut. Et puis, le banc des finisseurs n’a plus l’impact qu’il a eu par le passé. Peato Mauvaka avait cette faculté à redynamiser l’équipe. Samedi, les remplaçants n’ont pas apporté de second souffle.

Avez-vous été surpris par la stratégie française, notamment en première période, consistant à beaucoup jouer depuis son camp ?

L’équipe de France a joué à l’envers. Elle a constamment inversé le sens du jeu. Résultat : on s’est retrouvé avec des joueurs perdus sur le terrain. Je ne suis pas sûr que c’était au programme. Enfin, je ne l’espère pas, sinon ça relève de l’aberration. Et je ne comprends toujours pas pourquoi on n’a pas davantage été joué dans les quinze mètres. Si on l’a fait deux fois dans le match, c’est un grand maximum. Or, les Irlandais défendent de la même façon depuis presque toujours, très concentrés au milieu de terrain. Pourquoi n’a-t-on pas cherché à étirer cette défense ? Sur certaines actions, tous les joueurs de l’équipe de France se trouvaient sur vingt mètres de largeur. Pour moi, stratégiquement, l’équipe de France est complètement passée à côté.

Avez-vous eu le sentiment d’une opposition de style entre une équipe très clinique maîtrisant un jeu structuré et une formation qui excelle dans le désordre ?

C’est ce que je disais la semaine dernière après le match contre l’Italie. L’équipe de France a existé par ses individualités. Dès qu’il y a un turn-over ou un ballon qui tombe, les Bleus sont capables du meilleur rugby. En cela, l’essai de Penaud est juste magnifique. Mais ça ne suffit pas à gagner contre une équipe si bien organisée comme l’Irlande.

Chacun va devoir faire son autocritique. Le sélectionneur, les entraîneurs, les joueurs, tout le monde. Sans exception.

Pensez-vous que cette équipe puisse être touchée moralement ?

Ce revers, c’est de l’expérience supplémentaire. Évidemment, les joueurs, tout comme moi et tous les supporters, auraient préféré gagner. Mais c’est peut-être un mal pour un bien. Une défaite, ça permet de se remettre en question. Et puis, mieux vaut perdre aujourd’hui (samedi) qu’en quart de finale de la Coupe du monde (les deux équipes peuvent s’affronter à ce stade de la compétition, N.D.L.R.).

Un mal pour un bien, vraiment ?

Oui, même si tout va dépendre de la façon dont les joueurs et le staff vont gérer ça. Chacun va devoir faire son autocritique. Le sélectionneur, les entraîneurs, les joueurs, tout le monde. Sans exception. Peut-être que certains joueurs vont se dire qu’ils ne sont pas si installés que ça, ni titulaires indiscutables. Dans un collectif, c’est pas mal aussi, ce genre de situation.

Vous avez souvent souligné les qualités de Thibaud Flament. Vous a-t-il impressionné samedi ?

Thibaud Flament aura été l'un des rares Bleus à avoir surnagé à Dublin
Thibaud Flament aura été l'un des rares Bleus à avoir surnagé à Dublin Midi Olympique - Patrick Derewiany

C’est son meilleur match avec l’équipe de France. Il a été monstrueux. Il a été présent dans tous les domaines du jeu, n’a jamais touché autant de ballons, a fait jouer après contact. Surtout, durant 80 minutes, il n’a jamais connu de baisse de régime. Il a répondu à l’intensité. A contrario, son partenaire de deuxième ligne Paul Willemse n’a pas retrouvé son meilleur niveau. Il est revenu lors du premier match face à l’Italie. Sans doute faut-il lui laisser du temps.

L’Irlande va-t-elle gagner le Tournoi des 6 Nations ?

Elle est bien partie dans cette direction. Cette équipe est sacrément solide, très bien organisée. Mais attention à l’Écosse qui me semble euphorique…

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