6 Nations 2023 - Irlande - France - Un homme dans le match : Thibaud Flament, le tube de l’hiver

Rappelez-vous l’automne 2021, ou encore le grand chelem 2022. Lancé dans le bain international, Thibaud Flament s’était déjà imposé dans le groupe du XV de France mais son influence se résumait à celle d’un remplaçant (ou finisseur) idéal. À savoir qu’il était capable d’évoluer à gauche ou à droite de la deuxième ligne, et sur un côté de la troisième, autant que d’apporter son dynamisme en cours de rencontre. Un joueur précieux, forcément.

Mais, aujourd’hui, le Toulousain est bien plus que cela. Son éclosion tardive au plus haut niveau, lui qui évoluait en Belgique jusqu’à ses 18 ans et que son parcours atypique a emmené dans le rugby universitaire anglais ou en Argentine avant ses premiers pas aux Wasps et son explosion au Stade toulousain à 23 ans, confère - presque inconsciemment - un certain scepticisme sur sa faculté à passer l’écueil suivant sur sa route. Peut-il aller plus loin ? Peut-il franchir un cap dans le combat, son point supposé faible vu qu’il jouait ouvreur ou arrière jusqu’à sa majorité ? Peut-il vraiment devenir un titulaire indiscutable de ces Bleus ?

Nul besoin de s’étendre plus longtemps sur ces trois interrogations, l’intéressé y a répondu. Après avoir remplacé avec brio Paul Willemse en numéro 5 à l’automne, dans une position qui n’est pourtant pas celle qui la plus naturelle pour celui qui rend vingt kilos au Montpelliérain, Flament a pris cette fois le relais en 4 d’un Cameron Woki blessé avec une aisance déconcertante. Auteur d’un essai en Italie le week-end précédent, "la flamme" - comme le surnomment ses coéquipiers - a carrément été le meilleur Français à Dublin.

Imaginez donc la performance dans un rendez-vous au sommet entre les deux premières nations mondiales, et mesurez l’intensité dingue de ce duel pour comprendre qu’il a effacé les derniers doutes qui subsistaient sur sa faculté physique à tenir le choc à cette échelle… "Il continue de progresser, de grandir, a félicité le sélectionneur Fabien Galthié à l’issue de la rencontre. C’est encore un jeune joueur (il aura 26 ans en avril, N.D.L.R.) mais, match après match, il démontre son évolution. Il était performant au Japon l’été dernier, puis lors de la tournée d’automne. Il a le talent, tout simplement. C’est un grand joueur en devenir, et il l’est peut-être déjà. Je suis à l’aise pour parler de lui en ces termes."

Woki, une place en danger

Effectivement, et au-delà de l’impression laissée, sa prestation irlandaise fut un modèle du genre sur le plan statistique : 61 mètres parcourus (le plus haut résultat des avants français) et 26 plaquages pour aucun manqué (meilleur joueur du match dans ce domaine). Flament est donc un des hommes forts de ce début de Tournoi des 6 Nations, prouvant au passage que son ascension est encore vertigineuse et qu’il est justement taillé pour ce niveau international, où son activité fait merveille.

Alors, la prochaine question qui va se poser est évidemment la suivante : doit-il être considéré comme davantage que le suppléant de Woki ? L’adage, selon lequel les absents ont toujours tort, est vieux comme le monde. Et la première partie de saison mitigée du Racingman, combinée à la place toujours plus grande que Flament prend en sélection (il a débuté les six derniers matchs auxquels il a pris part avec les Tricolores), poussera inévitablement le staff à la réflexion. Woki est un excellent leader de touche mais le retour de Charles Ollivon offre une autre garantie dans ce secteur, d’autant que Flament est aussi de plus en plus à l’aise là-dessus, ce qui en fait un joueur ultra-complet. Dublin en gage de confiance.