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6 Nations 2023 - Irlande - France : un match en trois questions

Par Nicolas Zanardi
  • Ethan Dumortier tente de percer la défense irlandaise lors d'Irlande - France (31-19).
    Ethan Dumortier tente de percer la défense irlandaise lors d'Irlande - France (31-19). Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Du coup d'éclat réalisé par les Verts sur l'essai de Hugo Keenan à leur maîtrise quasi totale dans l'occupation du terrain et le jeu au sol, la domination du XV du Trèfle ne souffrait d'aucune contestation samedi. 

Le jeu au sol a-t-il été la clé du match ?

L'Irlande, maîtresse des rucks 

Meilleure équipe du monde dans l’art de recycler ses ballons après plaquage (avec des statistiques flirtant en moyenne avec 70 % de sorties de balle inférieures à trois secondes), l’Irlande était tombée sur un os lors de ses deux dernières confrontations avec le XV de France, qui avait réussi à abaisser son efficacité autour des 50 % pour l’emporter à deux reprises.

Las, si les Tricolores ont bien réussi à se procurer quelques pénalités (contests de Ramos à la 31e ou Taofifenua à la 66e) et une ou deux situations de turnover (quel contre-ruck à la 47e !), ce sont bien les Irlandais qui ont remporté le bras de fer dans le combat au sol. On en veut pour preuve ces 65 % de sorties rapides, et surtout ces 137 ballons conservés au sol sur 143 rucks à leur initiative qui leur ont permis de multiplier les très longues séquences, et donc d’épuiser les Bleus.

Alors, ajoutez à cela quelques grattages importantissimes (à l’image de celui qui permit aux Verts de réinvestir le camp français à la 23e ou le contest de McCloskey sur Penaud juste devant sa ligne d’en-but à la 48e) et vous conviendrez aisément que, comme prévu, le jeu au sol fut une des clés du match. Las pour les Bleus, cette fois, ce sont bien les Irlandais qui se sont avérés les plus forts. La domination physique des Verts sur la ligne d’avantage l’expliquant en grande partie, ainsi que les absences des maillons forts Danty et Villière parmi les trois-quarts, comme en Italie…

D'où vient l'intervalle sur le premier essai irlandais ?

Une combinaison parfaite servie par le vice d'O'Mahony 

Les connaisseurs en matière de rugby auront évidemment reconnu la "spéciale" de Joe Schmidt sur l’essai de l’arrière irlandais Hugo Keenan. Une combinaison mise au point par les joueurs du Leinster lorsqu’ils évoluaient sous l’autorité de celui qui n’était pas encore sélectionneur de l’Irlande, que les Verts ont régulièrement ressortie avec succès ces dernières saisons (notamment contre les Bleus). On parle évidemment ici de cette feinte de redoublée initiée par Conor Murray sur son bloc d’avants, où le relais irlandais (Bealham en l’occurrence) fait mine de retrouver son demi de mêlée pour redonner à l’intérieur le ballon sur un trois-quarts lancé au ras de ruck.

Le numéro 3 Bealham (au centre) fait mine de retrouver son demi de mêlée Conor Muray avant de servir son arrière Hugo Keenan (en haut à droite de l'image).
Le numéro 3 Bealham (au centre) fait mine de retrouver son demi de mêlée Conor Muray avant de servir son arrière Hugo Keenan (en haut à droite de l'image).

L’arrière Hugo Keenan prenant en l’espèce l’intervalle comme dans un rêve, avant de mystifier Ramos et Ntamack pour conclure… "D’habitude, l’Irlande réalise ce mouvement sur des situations où elle est à l’initiative, nous confiait après la rencontre le consultant local Bernard Jackman. Mais la nouveauté, pour le coup, c’est qu’ils ont réussi à la placer après un renvoi d’en-but de l’adversaire ! C’était évidemment très travaillé, et c’est le genre d’action qui donne à une équipe beaucoup de confiance lorsqu’elle est réalisée à la perfection."

Mais comment l’intervalle s’est-il si facilement créé, dans la défense française, au juste ? Au-delà de la qualité de l’exécution de la combinaison irlandaise, il convient ici de souligner le vice du capitaine Peter O’Mahony qui, du côté opposé du ruck, empêcha le pilier Cyril Baille de circuler autour du regroupement et d’alimenter l’intérieur de Paul Willemse, naturellement monté sur Bealham. Petite cause, grande conséquence, l’absence de Dupont dans le deuxième rideau (choix totalement assumé par l’entraîneur de la défense Shaun Edwards) achevant d’ouvrir la voie royale à Keenan.

Les Bleus ont-ils vraiment trop joué dans leur camp ?

Une merveille d'essai mais beaucoup trop de déchet

Ce fut l’un des mots forts de Fabien Galthié en conférence de presse, lorsqu’il regretta à mots mouchetés que ses hommes n’aient pas davantage écouté ses consignes en première période. "On a trop joué dans notre camp, glissait le sélectionneur. Il aurait fallu occuper, jouer haut. C’était ce qui était prévu, mais on s’est mis dans des situations difficiles. On a surjoué et on l’a payé cher, en points et en énergie. D’habitude, les Irlandais ne rentrent pas si facilement dans nos 22 mètres. Ça leur a donné des armes. Et ça nous a désarmés…"

Damian Penaud file à l'essai, le seul des Bleus en Irlande.
Damian Penaud file à l'essai, le seul des Bleus en Irlande. Midi Olympique - M. O - D. P.

Une critique forcément adressée à ses meneurs de jeu et en particulier à Romain Ntamack et Thomas Ramos. Ce que ces derniers n’admettaient pas tout à fait, d’ailleurs… "On a aussi fait quelques actions incroyables, je ne pense pas qu’on aurait réussi à marquer un aussi bel essai que celui de Damian Penaud sans cette volonté de déplacer le ballon et jouer depuis notre propre camp" défendait Ntamack. Certes. Sauf que la demi-douzaine de ballons perdus pour avoir été "surjoués" dans leurs propres 50 mètres ont probablement coûté très cher aux Bleus, permettant aux Irlandais de revenir dans le match.

La marche arrière des Tricolores en deuxième période fut à ce titre assez frappante, après un sermon du sélectionneur dans les vestiaires. Sauf que celle-ci parut d’autant plus à mauvais escient que, derrière au score, les Bleus semblaient avoir après la pause davantage intérêt à entreprendre qu’à engager des parties de gagne terrain, qu’ils ont d’ailleurs pour la plupart perdues. L’entrée de Jalibert à l’arrière n’a fait d’ailleurs qu’ajouter de la confusion puisque, sitôt après son entrée, une faute de couverture du Bordelais permit à Keenan de trouver un 50-22 (58e) qui rapporta illico trois points.

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