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Irlande-France : les enseignements d’une défaite

Par Midi Olympique
  • Fabien Galthié avant le deuxième match du Tournoi des 6 Nations face à l'Irlande.
    Fabien Galthié avant le deuxième match du Tournoi des 6 Nations face à l'Irlande. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le revers des bleus à Dublin (32-19), le premier en 18 mois, est tout sauf anecdotique. Si Fabien Galthié se refuse à parler de coup d’arrêt, il pose toutefois un certain nombre de questions notamment au niveau du management et de la stratégie.

Parce qu’elle ne souffre d’aucune contestation, la défaite des Français face aux Irlandais le week-end dernier pose de légitimes interrogations. Bien sûr, les Bleus n’ont pas vu toutes leurs certitudes nées de leurs quatorze victoires consécutives, s’évaporer d’un seul coup mais force est de s’interroger sur cet échec compte tenu notamment de la physionomie même de la rencontre

Si les Français ont livré une prestation saluée de toutes parts au niveau de leur engagement, ils ont semblé souffrir la comparaison avec Jonathan Sexton et ses partenaires, stratégiquement et physiquement.

À quelques mois du Mondial et de possibles retrouvailles en quart de finale avec ces mêmes Irlandais, plusieurs inquiétudes sont apparues à Dublin. Des chantiers se sont ouverts pour Fabien Galthié et son staff. L’absence de Jonathan Danty préjudiciable au centre du terrain. La défense, l’un des points forts des Français, a enregistré déjà six essais dans ce Tournoi des 6 Nations en seulement deux rencontres. La Dupont dépendance pose le problème de sa doublure. Le parti pris d’un 6 – 2 sur le banc interroge sur la pertinence et les dangers d’un tel choix. Une préparation à Capbreton très dure, suivie d’une semaine off n’a semble-t-il pas permis le pic de forme tant espéré. Le réservoir à certains postes ne paraît pas si important… Enfin, sans doute la question la plus épineuse de ce lendemain de défaite, l’identité du jeu français naviguant entre dépossession et repossession semble des plus confuse.
Autant de sujets qu’une défaite certes méritoire face à la meilleure nation du monde posent et auxquels le staff et les joueurs doivent trouver des réponses rapidement.

Préparation à l’ancienne pour l’écosse

Cette semaine, Galthié a choisi de mettre au repos ses joueurs après quatre premières semaines de travail. On préparera le match face à l’Ecosse, à l’ancienne, dans l’urgence. Avec juste une petite semaine. « Oui mais mentalement, les joueurs seront plus disponibles. En 2020 et 2021, le staff avait le choix de garder les joueurs sur les neuf semaines de compétitions. L’an passé, sans faire de bruit, il leur avait laissé deux plages de quelques jours en famille. On voit ce qui a fonctionné », nous disait-on en début de semaine du côté de Marcoussis. Reste que la Coupe du monde approche à grands pas…

Une préparation sans rebond

Le plan n’a pas fonctionné. Le staff de l’équipe de France avait misé sur une préparation intense lors du stage à Capbreton, notamment car le calendrier de ce début du Tournoi des 6 Nations n’était pas favorable aux Bleus, avec un jour de récupération en moins entre les deux premiers matchs. Tant pis s’il fallait serrer les dents en Italie. Le rebond, ou tout du moins la montée en puissance, était programmé pour le rendez-vous en Irlande.Un plan qui paraissait judicieux sur le papier. Sur le terrain, les effets n’ont pas été visibles. «On a tenu le choc pendant 80 minutes mais quand on se compare aux Irlandais, à la fin du match, il y a un écart», reconnaissait l’ouvreur Romain Ntamack. «Quand nous sommes amochés, eux donnent l’impression de pouvoir jouer pendant encore deux jours. Certainement que leur système de provinces joue : les automatismes qu’ils travaillent toute la semaine avec le Leinster, le fait qu’ils aient trois ou quatre fois moins de matchs que nous à ce moment-là de la compétition... Tout ça peut jouer.» Le programme du début du tournoi a coupé les jambes tricolores en Italie. En Irlande, les Bleus ont fini sur les rotules.

Comme lors de la précédente édition, les joueurs de Fabien Galthié ont bénéficié d’une semaine de repos après les deux premiers matchs du Tournoi des 6 Nations. Il faut espérer que cette petite pause sera suffisante pour retrouver de l’énergie. N. A.

Défense : le point fort dans un temps faible

L’Irlande a réalisé un exploit samedi dernier. Au-delà de sa performance intrinsèque, elle a été la première nation à inscrire quatre essais - synonyme de bonus offensif - au XV de France sous l’ère Galthié. Pour retrouver trace d’une telle efficacité face aux Bleus, il faut remonter au 10 mars 2019 et à un revers 26-14 subi…

À Dublin. L’information rend autant hommage à la qualité de l’Irlande qu’elle interroge sur le rendement défensif actuel des Tricolores. La défense avait été un des socles de la conquête du Grand Chelem la saison passée avec 1,4 essai et 14,6 points concédés, seulement ; sur les deux premières journées, les tenants du titre en sont à 3essais et 28 points de moyenne. Ce à quoi il faut ajouter vingt-cinq pénalités (quatre pour hors-jeu), dont dix-huit en Italie. Comme toujours, les chiffres méritent d’être relativisés : le calendrier, avec ce double déplacement, le second sur la pelouse du numéro 1 mondial, n’a évidemment pas aidé. Mais quelques stats interpellent et tendent à prouver que le problème serait plus d’ordre physique que stratégique. Les Bleus affichent étonnamment un très correct 90,7 % de réussite au plaquage (404/445), seule l’Ecosse faisant mieux.

À l’Aviva, le 258/281 réalisé dans ce secteur est plus que correct sur le papier, les 7 franchissements concédés aux Irlandais semblant finalement bien peu au regard de l’intensité et du jeu déployé par la bande à Farrell. En revanche, la France n’a infligé «que» 17 plaquages offensifs sur les deux premières journées, ce qui les place au fond de la classe dans cette catégorie. Les Bleus défendent en reculant et gagnent moins d’impacts. Leur moindre efficacité dans la zone des rucks, phase de jeu ô combien cruciale dans leurs récents succès, est là autant une cause qu’une conséquence. Tout cela s’est ressenti à Rome comme à Dublin. Il y a là une marge de progression considérable pour repartir de l’avant. V. B.

Le chantier offensif grand ouvert

La défaite concédée en Irlande a laissé un sentiment de confusion dans le jeu offensif des Bleus. Entre la fameuse « dépossession » et la « repossession » chères au sélectionneur Fabien Galthié, on a le sentiment que les joueurs du XV de France se sont perdus les chèvres, comme on le dit dans nos campagnes. Une impression encore rehaussée par la rigueur et la précision collective de l’Irlande, qui a débarqué à Dublin avec un plan clair, net et précis et que la charnière titulaire Murray – Sexton a parfaitement mis en place, avant que les remplaçants Casey-Byrne n’en fassent de même en fin de rencontre. On en veut pour preuve le net contraste observé dans le jeu des Bleus entre la première et la deuxième mi-temps, avec des relances lointaines dans les quarante premières minutes et un jeu au pied systématique dans les quarante suivantes.

À l’issue du match, Galthié regrettait d’ailleurs cette première mi-temps : « On a trop joué dans notre camp, glissait le sélectionneur. Il aurait fallu occuper, jouer haut. C’était ce qui était prévu, mais on s’est mis dans des situations difficiles. On a surjoué et on l’a payé cher, en points et en énergie. D’habitude, les Irlandais ne rentrent pas si facilement dans nos 22 mètres. Ça leur a donné des armes. Et ça nous a désarmés… » De son côté, Romain Ntamack défendait cette volonté de « déplacer le ballon » et « jouer de notre propre camp », prenant en exemple l’essai de Damian Penaud. Ce qui est sûr, c’est que staff et joueurs vont devoir accorder leurs violons avant l’Ecosse… S.V.

Est-ce un mal pour un bien ?

Anthony Jelonch est sans doute plus à l’aise sur un terrain que dans l’exercice médiatique. Samedi en fin d’après-midi, juste après la défaite contre l’Irlande, il s’y est repris à deux fois pour répondre à une question, quand un seul de ses plaquages suffit souvent à dézinguer le porteur de balle. L’interrogation ? «Cette défaite est-elle un mal pour un bien?» D’abord, il répondit oui, telle une confession d’un enfant pris la main dans le sac à bonbons, trop heureux d’expier un péché. Comme si le troisième ligne aile des Bleus, et sans doute la plupart de ses partenaires, savaient que ça leur pendait au nez.

En novembre, ils avaient flirté avec la correctionnelle, se sortant de l’ornière à force de mental et par la grâce souvent d’un petit coup de pouce du destin. Et puis, Jelonch s’est repris. Il a déroulé les éléments de langage habituels plus proches de la philosophie véhiculée par le staff des Bleus.

Pourtant, le Toulousain, comme tous les autres, avait pleinement conscience que derrière la jolie façade des résultats bruts se posaient des questions profondes comme la (re) construction d’un système offensif et surtout la capacité à assumer un lourd statut de favori dans la perspective du Mondial. Cette défaite, c’est peut-être finalement une chance de pouvoir rejeter cette foutue étiquette de favori sur l’Irlande, dans la perspective d’un éventuel quart de finale du Mondial contre cette même équipe. Une façon de se défaire d’une pression qui sera lourde pour une équipe jeune qui évoluera à domicile durant la compétition suprême. A.B.

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