Top 14 - Perpignan repousse ses limites face à Pau

Avant même le coup d’envoi, samedi, l’Usap avait déjà empoché une première victoire : Aimé-Giral affichait guichets fermés pour la première fois de la saison. 14 168 spectateurs étaient venus avec l’espoir de voir leurs favoris confirmer l’embellie du moment par un troisième succès de suite dans l’élite, performance inaccomplie depuis dix ans. Ce vœu a été exaucé et assorti d’une autre flatteuse marque référence : avec quarante-neuf points au compteur, les Catalans ont renoué avec une efficacité et une force de frappe plus vues depuis 2010.

Plus que les chiffres en tous genres, la manière a marqué les esprits. Samedi, l’Usap a joué avec le caractère d’une équipe en lutte pour le maintien et avec la vista d’un prétendant au top 6. Quatre-vingts minutes durant, Tristan Tedder et Jake Mc Intyre ont rivalisé de tours de magie, Jeronimo De La Fuente, à la fois 5/8e et finisseur, s’est démultiplié, Posolo Tuilagi a offert un bon aperçu d’un talent que l’on devine immense, Brad Shields a encore brillé dans l’ombre, Sadek Deghmache a été d’une justesse épatante en tous points… Et on en passe. La profondeur d’effectif sang et or surprend très agréablement. Juste un exemple, suffisamment éloquent : aux ailes, les absences d’Acebes, Tilsley et Duguivalu passeraient presque inaperçues devant les partitions de Dubois, Crossdale et même Sawailau.

"Avant, on n’aurait pas tenté ça"

Quiconque a vu jouer les Catalans depuis leur remontée le savait déjà : ils sont en mesure de réaliser de grandes performances. La nouveauté - et la récente évolution - tient dans leur capacité à les répéter. En renversant le Stade français, dauphin du Top 14, puis ses deux principaux rivaux dans la lutte, Perpignan s’est sublimé au moment opportun. Celui où il aurait pu craquer. Celui où il aurait pu imploser : « Il y a eu quelques semaines difficiles pour le club avec des problèmes autour mais l’équipe est restée soudée, elle s’est même recentrée sur elle-même », évoque Jeronimo De La Fuente. Comme si elle n’avait plus rien à perdre, elle s’est délivrée : « Tout dépend comment on aborde la pression, elle peut servir de motivation », abonde l’exemplaire capitaine. « Il y a eu un déclic, relève Gérald Bastide, spécialiste ès-défense. On jouait pas trop mal mais sans avoir la réussite. Le ballon tourne enfin de notre côté ». 

Le hasard n’explique pas tout. La chance se provoque comme sur ces séquences folles, ces essais du bout du monde dont Perpignan est devenu coutumier depuis le match si rageant et encourageant à Clermont. « Avant, on n’aurait pas tenté tous ces coups, par manque de confiance, par peur de faire des bêtises, reconnaît Sadek Deghmache. On joue en étant plus délié, en voulant imposer notre rythme ». En l’espace de 240 minutes abouties, le 9 et les siens ont repris leur destin en mains : « C’est la beauté du sport, c’est la preuve qu’il ne faut rien lâcher, que rien n’est joué tant que ce n’est pas fini . S’il y a un mois, on ne voyait pas vraiment comment l’Usap pouvait se maintenir, on ne conçoit désormais pas que ce collectif audacieux et inspiré puisse descendre en juin. Un simple coup d’œil au classement suffit à se situer : tout reste à écrire, pour les Sang et Or comme pour leurs rivaux.