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6 Nations 2023 - Anthony Jelonch : « Ça ne sert à rien d’être gaulé comme un bodybuilder »

  • Anthony Jelonch sera une nouvelle fois titulaire face à l'Écosse
    Anthony Jelonch sera une nouvelle fois titulaire face à l'Écosse Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Anthony Jelonch (Troisième ligne du XV de France) fut probablement, en Irlande (32-19), le meilleur Tricolore du match. Il se projette aujourd’hui sur le troisième round de la compétition, parle du géant écossais Duhan van der Merwe, revoit l’essai de Damian Penaud à l’Aviva Stadium et évoque même sa silhouette, reconnaissable entre mille sur un terrain de rugby…

Que faudrait-il pour remporter le Tournoi des 6 Nations ?

Déjà, il faudrait que l’Irlande nous donne un coup de pouce en perdant l’un de ses matchs. Ensuite, il faudrait évidemment remporter les trois dernières rencontres, contre l’Écosse, l’Angleterre puis le pays de Galles. Quoi qu’il en soit, on va tout donner pour défendre notre titre jusqu’au bout. Et les équipes sont tellement proches les unes des autres qu’il se passera forcément quelque chose d’ici la fin du Tournoi…

Avez-vous revu le dernier Irlande - France, ce match de dingue aux 46 minutes de temps de jeu effectif ?

Oui, je l’ai revu. Il y a eu à n’en pas douter une très grosse intensité sur cette rencontre. On a vraiment tout donné. Mais ce jour-là, les Irlandais étaient tout simplement plus forts. Bravo à eux : ils ont contrôlé leur match de A à Z, mérité leur victoire et la première place mondiale qui va avec.

Aviez-vous déjà connu un tel temps de jeu effectif, dans votre carrière ?

Non. J’avais déjà connu un ou deux matchs à plus de 40 minutes de temps de jeu mais 46, c’était, je pense, du jamais vu… Sur le terrain, il y avait un rythme fou mais on l’a tenu pendant 80 minutes, à mon sens.

Les médias irlandais ont trouvé l’équipe de France fatiguée, par rapport à la saison dernière. Êtes-vous d’accord avec ce constat ?

Nous sommes sortis de ce match fatigués, c’est vrai. Mais les Irlandais aussi, croyez-moi… De toute façon, ce déplacement à Dublin n’a pas été pas vain : car on va travailler sur cette défaite et construire des choses. Nous rebondirons.

Les premières critiques ayant touché le XV de France après le voyage en Irlande vous ont-elles meurtri ?

Les critiques, on les entend, on les lit, mais il ne faut pas qu’elles nous touchent. Et puis, la défaite en Irlande, c’est le genre de match qui te rend plus dur, plus fort. J’en suis convaincu.

L’équipe de France n’avait pas perdu un match de rugby depuis près de deux ans. Comment avez-vous vécu votre première "soirée avec la défaite", pour reprendre les mots de votre sélectionneur Fabien Galthié ?

Pas facile… (il coupe) Ça montre qu’on n’est pas invincibles et qu’il y a de très bonnes équipes partout. Nous étions passés près de la correctionnelle contre l’Australie ou l’Afrique du Sud en novembre et en Irlande, ça a donc fini par basculer. Mais nous allons bosser pour revenir encore plus forts.

Que vous inspire l’équipe d’Écosse qui reste sur deux victoires dans ce Tournoi des 6 Nations ?

Déjà, c’est la dernière équipe nous ayant battus en France (23-27, hiver 2021). Et puis, les Écossais ont été éblouissants sur ces deux premières rencontres, que ce soit en Angleterre ou face au pays de Galles. C’est une équipe très joueuse, dotée de très belles individualités, à l’image de Finn Russell, Stuart Hogg ou Duhan van der Merwe, sur l’aile droite. C’est sur ces mecs-là qu’il va falloir mettre un maximum de pression ce week-end : si eux n’avancent pas, nous aurons de bonnes chances de remporter ce match.

« J'ai évidemment pris du plaisir sur cette percée mais un plaquage appuyé qui te fait gagner le ballon derrière, c'est tojours très excitant »

Que gardez-vous de ce match du Tournoi des 6 Nations perdu en 2021, face au XV du Chardon ?

Les Écossais nous avaient ce jour-là fait très mal dans le combat d’avants, un secteur où ils ont beaucoup progressé ces dernières années. Il faudra une nouvelle fois s’attendre à un très gros combat, ce week-end.

Vous évoquiez Duhan van der Merwe, le géant qui occupe l’aile droite du Chardon. Que vous inspire-t-il ?

C’est vraiment un athlète : il va vite, il est grand, il est costaud. Il a fait ce qu’il a voulu sur les deux premiers matchs du Tournoi des 6 Nations. Nous devrons nous mettre à plusieurs pour le museler.

Vous êtes l’un des meilleurs défenseurs du XV de France. Comment préférez-vous plaquer ?

Je plaque le plus bas possible. C’est moins risqué, aujourd’hui où dès que tu touches la tête de l’adversaire, tu prends un carton rouge.

Prenez-vous plus de plaisir au gré d’un gros plaquage ou sur une course de trente mètres, comme ce fut le cas à Dublin il y a quinze jours ?

J’ai évidemment pris du plaisir sur cette percée mais un plaquage appuyé qui te fait gagner le ballon derrière, c’est toujours très excitant…

À l’Aviva Stadium, cette course avait précédé la chevauchée et l’essai de Damian Penaud. Avez-vous senti, sur le coup, être en train de dérouler un mouvement exceptionnel ?

Sur le terrain, on ne se rend pas forcément compte… Sur le coup, j’ai senti Cyril (Baille) à côté et j’ai vu, aussi, Damian (Penaud) qui repiquait à l’intérieur. Il m’a alors appelé dans l’axe, je suis parvenu à relever le ballon et la passe est arrivée dans le bon timing. Autour, j’ai entendu les cris des gens. C’était un beau moment.

De quoi les joueurs du XV de France ont-ils envie, au juste ? De jouer tous les ballons ou revenir au jeu plus austère qui avait marqué le dernier grand chelem ?

On aime jouer au ballon mais ce jeu de dépossession marche très bien. En Irlande, on a peut-être un peu trop joué… On y a laissé de l’énergie… Mais ce jour-là, nos adversaires nous ont surtout poussés à le faire, en nous mettant beaucoup de pression sur les sorties de camp et les dégagements. C’était bien joué de leur part.

Vous imaginez-vous un jour un destin à la Flament, à la Woki, et passer du poste de flanker à celui de deuxième ligne ?

Je l’ai déjà fait à Toulouse. Est-ce que ça me plaît ? Ça va… Je ne suis pas celui qui va s’échapper… Mais il y a des mecs beaucoup plus costauds que moi pour occuper ce poste et j’ai quand même plus le profil d’un coureur.

Sur vos vieux jours, alors ?

Voilà. Quand on ira un peu moins vite, avec Greg (Alldritt), on formera une bonne paire de deuxième ligne.

Vous comptez aujourd’hui 24 sélections en équipe de France. Mesurez-vous parfois le chemin parcouru depuis l’époque où vous faisiez partie, avec Antoine Dupont et Grégory Alldritt, de l’équipe cadette du FC Auch ?

Et vous oubliez Pierre Bourgarit ! […] Quand on a la tête dans le guidon, on ne se rend pas forcément compte de ce qu’il se passe autour de nous : j’ai d’abord rejoint Castres, puis le Stade toulousain m’a appelé et enfin l’équipe de France. Le jour où j’ai pris le temps de me retourner, je me suis dit : "Ah… Quand même…" Mais c’est le bonheur et la fierté que je lis dans les yeux de mes proches qui me donnent envie d’en faire encore davantage.

On en a souvent parlé mais cette génération auscitaine est quand même incroyable. Écrasiez-vous tout le monde, à l’époque ?

Je ne sais plus trop… Nous avons fait une finale Crabos mais n’avons jamais eu de titre en cadets, pour une histoire de licences je crois… Toujours est-il que le jour où on s’est tous retrouvé au même moment à Marcoussis, ça nous a fait bizarre.

Puisque l’on parle de Grégory Alldritt, l’ancien demi de mêlée du XV de France Aubin Hueber disait récemment à son sujet qu’il était "cramé". Vous fait-il cette impression ?

Greg est un grand joueur, un mec sachant se remettre en questions. Il n’est pas fatigué. Je le sens prêt à combattre contre l’Écosse.

Vous avez un gabarit atypique pour un rugbyman professionnel : vous êtes robuste mais n’êtes pas dessiné comme un bodybuilder. En avez-vous conscience ?

C’est vrai, oui. Mais au rugby, ça ne sert à rien d’être gaulé comme un bodybuilder. Il faut de la force naturelle, être rugueux et avoir quelques qualités athlétiques. J’en ai quand même quelques-unes, je crois…

Cela va de soi.

Je n’ai pas le profil du mec beau, sculpté mais je suis bien comme je suis.

Et cette force naturelle, d’où la tirez-vous ?

Je suis issu du monde agricole et depuis tout petit, je travaille aux champs, je coupe un peu de bois… C’est peut-être ce qui m’a rendu un peu dur, je ne sais pas…

Qui est la dernière personne que vous appelez, avant d’entrer sur un terrain de rugby ?

Mon père Jérôme. Ça lui fait plaisir et ça me fait du bien. Il a été mon premier entraîneur (à Vic-Fezensac) et m’a toujours suivi de très près, à Castres, à Toulouse ou avec l’équipe de France. Ce coup de fil, c’est notre petit rituel…

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