6 Nations 2023 - En Irlande, l’ombre de Jonathan Sexton plane toujours

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Ross Byrne n’avait, en 18 apparitions avec le XV du Trèfle, jamais gagné un match en tant que titulaire. Il faut dire qu’avant ce déplacement en Italie, ce n’était arrivé qu’à deux reprises. Deux chocs contre l’Angleterre qui avaient tourné en faveur du XV de la Rose. Samedi, l’ouvreur du Leinster a enfin débloqué son compteur de victoires. Et a-t-il convaincu ? Pas le moins du monde. On comprend pourquoi cette équipe d’Irlande est « Sexton-dépendante ». À 37 ans, l’ouvreur aux tempes grisonnantes est tout simplement le meilleur au poste, et de loin. Imprécis au pied (67 % de réussite), contré ou intercepté dans le jeu et peu rigoureux en défense (deux interventions manquées sur six tentées), Ross Byrne n’a pas su saisir l’opportunité de détrôner son monarque, dont l’Irlande paraît toujours plus dépendante à quelques mois de la Coupe du monde. À part cela ? Plusieurs choses.

La large rotation (7 changements) opérée par le sélectionneur Andy Farrell a apporté quelques enseignements : d’abord que les habituels remplaçants Kelleher et Henderson ou Casey à la mêlée sont bien au niveau des titulaires. Ensuite, que Bundee Aki n’y est pas encore. De retour en l’absence de Garry Ringrose, le puissant numéro 12 a souvent été pris en défaut en défense, avec cinq plaquages manqués. Enfin, cette équipe irlandaise est impitoyable. Dans un premier acte enlevé et particulièrement agréable à regarder, les hommes d’Andy Farrell se sont montrés cliniques, en marquant leurs trois premiers essais sur trois turnovers. Parmi les satisfactions, on soulignera les prestations d’un très grand James Ryan, soutenu par de très bons Josh Van der Flier et Caelan Doris en troisième ligne, le pied gauche puissant d’un James Lowes qui se montra tout de même maladroit (deux essais manqués sur des maladresses) et un Hugo Keenan toujours aussi juste dans ses interventions offensives et efficace en défense à l’arrière.

Le coup de pied de Brex, le tournant du match

Côté Italie aussi, on trouve de nombreux points positifs. Sûrs de leurs repères collectifs et de leur technique individuelle, les Transalpins ont été fidèles à leur jeu de mouvement ambitieux et bien exécuté avec des leurres, des courses tranchantes et des passes en pivot, comme leur premier essai marqué dès la 7e minute par Varney le montra, avec un Lorenzo Cannone, le troisième ligne centre, servi en position de second centre. Et très honnêtement, ils ne sont vraiment pas passés loin de signer un authentique exploit en faisant tomber la première nation mondiale.

Le tournant du match ? Certainement cette diagonale tapée à la hâte par le centre Brex pour son deuxième ligne Ruzza alors que l’Italie était dans les 22 mètres irlandais et ne comptait que sept points de retard sur ses adversaires. Une égalisation aurait à coup sûr galvanisé encore une Squadra qui a décidément accompli d’immenses progrès, et dispose aujourd’hui d’excellentes individualités à l’image des Fischetti, Ruzza, les frères Cannone, Negri, Menoncello et Capuozzo.