Top 14 - Des Bleuets à l’UBB, Depoortère sans frontière

En toute logique, Nicolas Depoortère (20 ans, 1,93 m, 87 kg) aurait dû jouer vendredi soir à Agen. Le centre de l’équipe de France des moins de 20 ans, capitaine lors des deux premières journées du Tournoi, était initialement censé affronter l’Ecosse à Armandie. Et nul doute que le gamin d’Izon aurait été un des grands animateurs du festival offensif tricolore face aux visiteurs des Highlands.

Les rebonds d’une saison en ont décidé autrement. Privé de Jean-Baptiste Dubié (entorse d’un genou), Rémi Lamerat (commotion) et Yoram Moefana (XV de France), l’encadrement bordelais avait décidé de retenir son grand espoir pour la réception de Perpignan. "C’était une évidence qu’il soit avec nous ce week-end, affirmait, vendredi, Julien Laïrle, l’entraîneur des avants de l’UBB. Une première titularisation en Top 14, ça compte dans une carrière."

Ça compte, assurément. Et ça peut devenir doublement mémorable, selon ce que l’on en fait. D’entrée de jeu, samedi, Nicolas Depoortère s’est employé à faire de ce jour marquant un joli souvenir avec une première course tranchante. Le ton était donné. Sur les deux premiers essais girondins, l’athlétique centre a donné de beaux aperçus de ses qualités : sa fixation puis sa passe pour Santiago Cordero n’auraient pu être mieux exécutées (12e) et les deux défenseurs battus sur une même action ont ouvert la brèche pour l’essai de Bastien Vergnes-Taillefer (23e). Sa première mi-temps, particulièrement accomplie, a marqué les esprits et a considérablement noirci sa feuille de stats : neuf courses, quatre défenseurs battus, deux franchissements, huit plaquages pour un seul raté.

Laïrle : "une palette extraordinaire"

Entré en jeu à La Rochelle fin décembre puis contre Clermont le dimanche précédent, le Bleuet a connu un troisième succès en autant d’apparitions en Top 14. Cette première titularisation restera à part. Du fait de son contenu, avant tout : "Comme je l’avais dit vendredi, j’avais trouvé Nico timide sur ses deux entrées alors qu’il a un talent et une palette extraordinaires, commente Julien Laïrle. Il a mis beaucoup d’intensité dans la ligne d’attaque, il a plongé dans les intervalles, ce sont des choses que l’on n’avait pas trop vues sur ses deux premiers matchs. Il s’est libéré, c’est ce que l’on attendait de lui." Il a aussi brillé dans le travail de l’ombre et le jeu sans ballon : "Il a mis l’accent sur la défense alors qu’il avait manqué deux plaquages face à Clermont." L’avenir lui appartient. À très court terme, peut-être même : "C’est un match qui doit lui donner de la confiance mais aussi du travail. Il peut exister à ce niveau mais ce niveau, justement, demande de la continuité, de la persistance, de ne pas se relâcher. Tout le monde va le caresser dans le sens du poil à l’extérieur, nous, on va le faire dans l’autre sens."

Le talent, simple prérequis, ne saurait évidemment suffire à l’installer tout en haut, aussi tôt. Rien que la concurrence, au quotidien, devrait inciter l’espoir à poursuivre ses efforts : avec Yoram Moefana, Tani Vili, Jean-Baptiste Dubié, Rémi Lamerat, Pablo Uberti et Federico Mori, les deux places de centre dans le XV de départ croulent sous les prétendants. À cette liste il convient, depuis samedi, d’ajouter Nicolas Depoortère. Et l’on ne peut s’empêcher de penser, alors que l’UBB recherche depuis des mois un successeur à Rémi Lamerat en vue de la saison prochaine, qu’elle l’a peut-être déjà trouvé…