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Top 14 - Romain Sazy (La Rochelle) : "Ce qui m’importe, c’est la trace que je laisserai"

Par Vincent FRANCO
  • Romain Sazy (La Rochelle).
    Romain Sazy (La Rochelle). Icon Sport - Icon Sport
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Débarqué il y a treize ans du côté de La Rochelle, Romain Sazy est depuis devenu une légende du club maritime. Avec 330 matchs au compteur à ce jour, le Tarn-et-Garonnais de naissance ne triche jamais. Âgé de 36 ans et en fin de contrat en juin prochain, le deuxième ou troisième ligne ne sait pas encore de quoi sera fait son avenir, alors qu’il a entamé des discussions avec ses dirigeants.

Vous êtes en fin de contrat à l’issue de la saison, qu’allez-vous faire ?

Il y a des discussions qui sont en cours, mais rien n’est encore décidé au sujet de mon avenir. Je profite de chaque instant cette saison, il reste encore de nombreux matchs avant la fin de l’exercice donc je peux encore voir venir. Voilà dans quel esprit je suis aujourd’hui.

Est-ce que remporter le Top 14 pourrait vous pousser à arrêter, sur une magnifique note ?

C’est ma treizième saison à La Rochelle et je mesure le chemin parcouru depuis mon arrivée ici. Je suis heureux d’avoir vécu des grands moments et d’avoir remporté un titre avec cette Champions Cup la saison dernière. Quoi qu’il arrive dans quelques mois, j’ai toujours autant envie de chausser les crampons et de venir m’entraîner. Bien évidemment, notre objectif est toujours de gagner, mais cela ne changerait pas pour autant ma décision.

Vous avez aujourd’hui 36 ans : comment vous sentez-vous physiquement ?

Je suis très bien. Mon corps ne me gêne pas, au contraire. Je me sens encore frais. Même dans la tête, il n’y a aucune lassitude. Je prends toujours autant de plaisir à faire les déplacements. Je suis conscient que je suis vers la fin, ce qui me permet peut-être de voir les choses différemment. Je donne tout en mesurant la chance que j’ai d’être un joueur du Stade rochelais.

A lire aussi : Top 14 - L'opinion du Midol de La Rochelle - Brive : l’âge n’a pas de prise sur Sazy

Quand vous dites que vous voyez les choses différemment, que voulez-vous dire ?

Le fait d’avoir gagné la Champions Cup la saison dernière a changé beaucoup de choses au club. Quand tu y goûtes, t’as forcément envie de revivre ça et d’y revenir. Mais aujourd’hui, mon expérience me permet de pouvoir mettre un petit coup d’œil dans le rétro de temps en temps, de repenser par exemple à l’accession en 2014, ou les finales perdues en 2021. Tous ces moments partagés avec notre public exceptionnel te forgent et t’offrent la possibilité de relativiser, de moins appréhender des événements. Je sais que ce sont mes dernières cartouches, donc je ne me prépare pas comme un jeune de 20 ans, c’est normal.

Vos coéquipiers vous poussent-ils à continuer ?

Forcément. On aime bien se taquiner dans le vestiaire donc certains me mettent des phrases à ce sujet-là. On en discute mais les choses sont claires. Cela fait treize ans que je m’entends très bien avec les dirigeants, il n’y a donc aucun problème. On prendra la décision au moment voulu, elle sera claire et réfléchie. Pour l’instant, il n’y a rien d’acté.

Physiquement, vous sentez-vous encore capable de pouvoir évoluer en troisième ligne ?

C’est un jeu différent mais du moment où tu comprends le système, il n’y a pas de souci. Je me sens encore capable de pouvoir dépanner à ce poste en fin de match si on me le demande. Mon corps peut encore accepter ça.

Même si vous n’arrêtez pas en juin prochain, qu’avez-vous prévu pour votre après-carrière ?

C’est un moment de la vie qui se prépare. Je ne veux pas être lâché en pleine savane sans savoir quoi faire du restant de mes jours. Mais ce n’est pas un frein ni une peur, tous les joueurs doivent passer par là. Il faut bien raccrocher les crampons un jour ou l’autre. Je sais que je serai bien accompagné par La Rochelle, je n’ai aucune inquiétude là-dessus.

Est-il envisageable de vous voir rester au club après la fin de votre carrière ?

On discute. Cela reste pour l’instant personnel et rien n’a été tranché. On verra ce que nous réserve le futur.

Devenir entraîneur vous intéresserait ?

Je suis un homme de terrain, j’aime ça. C’est une possibilité mais nous n’en sommes qu’au stade des discussions avec le Stade rochelais.

Romain Sazy (La Rochelle).
Romain Sazy (La Rochelle). Icon Sport - Icon Sport

Vous ne vous voyez pas finir ailleurs qu’à La Rochelle ?

Ça fait treize ans que je suis là et je n’ai jamais quitté un club de ma carrière sur ma propre décision. Quand j’ai quitté Montauban en 2010, c’était à cause du dépôt de bilan. Il me restait trois ans de contrat et je n’avais aucune envie de changer d’air, à l’époque. Je suis très attaché au Stade rochelais et je ne me vois pas forcément ailleurs pour l’instant.

Énormément de recrues ont rejoint le groupe à la dernière intersaison, cela peut-il expliquer les résultats en demi-teinte du début d’exercice ?

Je pense que les recrues se sont assez vite intégrées. Chaque saison est une remise en question, cela ne se passe pas toujours comme prévu. On voit bien les difficultés que doivent affronter les deux finalistes de la saison dernière. Il reste des matchs, rien n’est encore figé mais cela prouve qu’une équipe a des hauts et des bas et que ce n’est pas toujours linéaire au niveau des résultats. Je pense que notre jeu manque encore de continuité, on travaille pour s’améliorer. L’important, c’est d’être prêt pour la dernière ligne droite. Ces trois défaites à domicile font tache dans notre parcours. Si on était arrivé à en gommer une ou deux, on ne parlerait pas de résultats en demi-teinte.

Vous n’êtes finalement qu’à trois points de la deuxième place, on suppose que c’est toujours un énorme objectif…

Le top 2 est l’objectif de toutes les équipes qui jouent une place en phase finale pour s’économiser une rencontre en fin de saison, ce qui n’est pas négligeable. On l’a vu la saison dernière quand il a fallu cravacher pour accrocher une place en phase finale avant d’aller perdre à Toulouse en barrages. Nous avons appris, il faut tout faire pour terminer dans les deux premières places.

Le fait d’avoir soulevé la Champions Cup la saison dernière a-t-il augmenté votre envie de remporter le Top 14 ?

Honnêtement, non. L’objectif, quand tu es un compétiteur, c’est de gagner, tout simplement. Tu ne fais pas de calcul avec certaines compétitions. Dire qu’il y a une préférence entre le Top 14 et la Champions Cup serait mentir. En mai dernier, on a réussi à casser cette routine qui faisait toujours de nous de magnifiques vice-champions. On avait besoin de prouver que nous sommes capables de gagner des titres et quand t’y arrives, t’es comme un enfant.

Y aura-t-il un énorme goût de revanche ce week-end, face à la Section paloise qui était venue s’imposer largement sur la pelouse de Marcel-Deflandre il y a quelques mois ?

C’est le premier match que nous avons perdu à domicile cette saison. Il est toujours dans un coin de la tête. Au match aller, il nous avait manqué énormément de choses pour ne serait-ce qu’exister dans la partie. Il ne faut pas se cacher, nous étions passés à côté. Mais je ne parlerais pas de revanche. Ce que nous voulons, c’est signer une nouvelle victoire à l’extérieur pour continuer d’avancer au classement.

La Rochelle s’est déjà inclinée trois fois à domicile cette saison, c’est la première fois depuis que vous êtes remonté en Top 14. Est-ce inquiétant ?

Les trois matchs perdus à la maison, c’est notre rugby qui n’a pas fonctionné. Tu peux tomber chez toi, mais il faut se donner à 100 %. Lors de nos revers à la maison, nous n’avons pas mis les ingrédients qu’il fallait pour faire un bon match de rugby. C’est ce qui nous frustre. On a donné trop de points. Notre défense a été trop facilement mise à mal avec des essais d’école. Depuis son arrivée, Ronan O’Gara a mis en place un système défensif qui a fait ses preuves mais quand on ne baisse pas la tête comme il faut, ça ne pardonne pas. Malgré tout ça, on est dans les clous. Il faut tout simplement se dire que nous n’avons plus le droit de tomber sur la pelouse de Deflandre, sinon il faudra un carton plein loin de nos bases.

Vous l’avez évoqué dans votre précédente réponse, Ronan O’Gara est un personnage qui ne laisse personne indifférent. Comment est-il avec ses hommes au quotidien ?

C’est un très grand technicien et il essaie de nous donner toutes les clés pendant la semaine pour qu’on gagne le match du week-end. Ces derniers temps, il n’était pas forcément satisfait de nos prestations car nous étions plus à réaction sur le terrain. Il nous faut trouver de la constance. Ronan nous force là-dessus pour nous permettre d’enchaîner.

Vous avez été son capitaine à de nombreuses reprises depuis son arrivée à La Rochelle, il y a trois ans. Quelle relation entretenez-vous avec lui ?

C’est une relation très saine. La base, entre nous deux, c’est le respect. C’est un homme qui dit les choses en face, qui ne passe pas par quatre chemins pour te faire passer des messages. C’est quelque chose que j’apprécie. Depuis qu’il a débarqué ici, il nous a énormément apporté. On a travaillé sur des choses un peu nouvelles, qui fonctionnent et qui nous ont permis de vivre de très grands moments. Ronan est un compétiteur, il veut toujours tirer le meilleur de son équipe.

Vous avez disputé 330 matchs avec La Rochelle : quel est le premier qui vous revient en tête ?

C’est très compliqué de répondre à cette question. Je suis quelqu’un qui me projette parfois en arrière et quand je repense à quelques matchs de Pro D2 avant l’accession en Top 14, c’était incroyable au niveau des émotions. Pour être honnête, je ne me suis jamais ennuyé durant ces treize années avec le maillot du Stade rochelais sur les épaules (rires). Même quand on jouait le maintien dans l’élite, il y a des matchs qui m’ont marqué. Ce que je retiens principalement, c’est le nombre de joueurs et bons mecs que j’ai croisés ici. Pour parler au niveau personnel, ce qui m’importe, c’est la trace que je laisserai.

Vous avez perdu une finale de Challenge Cup, de Champions Cup et de Top 14 : laquelle fut la plus cruelle ?

Le premier grand rendez-vous que nous avons perdu, j’ai envie de dire que c’est la demi-finale de championnat face à Toulon en 2017, à Marseille. Nous avions réalisé une saison exceptionnelle. Se trouver crucifié de cette manière par un drop à la dernière seconde après avoir évolué à quatorze pendant plus d’une mi-temps, c’était difficile à encaisser. Ensuite, en 2020, au moment du carton rouge de Levani Botia, je me suis dit que l’histoire se répétait et que ce n’était pas notre tour, encore une fois. Nous sommes parvenus à digérer toutes ces déceptions et ce sacre face au Leinster la saison dernière a fait énormément de bien au club. Le Stade rochelais est un club très spécial. Tu es pris par cet engouement autour de l’équipe, ce public toujours aussi fidèle. C’est un environnement qui te marque, que tu restes un an ou dix dans l’équipe.

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Les commentaires (1)
PascalCap2 Il y a 1 année Le 03/03/2023 à 14:48

Grand Monsieur du rugby et du stade rochelais.