XV de France : le retour d’un banc à "5-3", pourquoi ?

Pour les suiveurs avertis du XV de France, il s’agit d’une petite révolution. On veut évidemment parler ici du choix de Fabien Galthié et ses adjoints de revenir à un banc de finisseurs "classique" à 5 avants pour 3 trois-quarts, alors que celui-ci s’était fait depuis une spécialité des "6-2". En effet, sur la série historique de 14 succès consécutifs construite entre novembre 2021 et février 2023, le XV de France a aligné à 12 reprises son banc en "6-2" (les seules exceptions remontant à la réception de l’Italie et au déplacement au pays de Galles lors du Tournoi 2022).

De quoi prendre pour acquise cette configuration qui a démontré à plusieurs reprises sa pertinence, jusqu’à toucher son pinacle face aux champions du monde Sud-Africains avec la prestation miraculeuse de Sekou Macalou au "poste" d’ailier-flanker ? C’est ce qu’il semblait, en tout cas. Sauf que le retour à la réalité depuis le début du Tournoi, ainsi que les difficultés de coaching soulignées notamment en Irlande, ont contribué à changer la donne… En effet, si les bancs en "6-2" fonctionnent bien lorsqu’il s’agit de tenir un score, ceux-ci offrent moins d’options stratégiques au moment de courir après le score, comme ce fut le cas à Dublin.

Des blessures de jelonch et Jalibert au retour de Danty, un effet domino

Faut-il en déduire que le staff tricolore craint ce genre de scenario à Twickenham ? Peut-être bien, après tout. Reste qu’on n’est pas tout à fait certain que les cerveaux des Bleus auraient ainsi changé leurs plans sans certains aléas humains. On pense à la blessure de Jelonch, bien sûr, mais aussi à celle de Cretin, ainsi qu’à celle de Jalibert couplée au retour de Danty. Car au vrai, c’est tout autant le manque de polyvalents au poste d’arrière parmi la ligne de trois-quarts que l’absence de joueurs confirmés devant qui a probablement incité le staff tricolore à opérer ce revirement stratégique, tout autant que d’évidentes questions de management, étant aussi entendu qu’il aurait été très difficile à entendre pour Moefana d’être le seul joueur du groupe à passer d’un rôle de titulaire à celui de hors groupe…

Le hic ? Il est que si toutes les sélections au monde (ou presque) utilisent un 5-3, le XV de France n’est justement pas n’importe quelle sélection mais bien une émanation du Top 14, dont les règles si particulières en matière de coaching (12 rotations permises contre 8 selon le règlement World Rugby) formatent les joueurs du pack, notamment les première et deuxième ligne, à ne rester sur le terrain que pendant 50 minutes. De quoi redouter (qui plus est au vu de l’état de fraîcheur actuel des Tricolores) des difficultés au niveau du pack dans le dernier quart d’heure à Twickenham, comme ce fut le cas lors du dernier match des Bleus en 2021 ? Malheureusement, il faudra attendre samedi pour être fixé…