6 Nations - « 3e ligne, premières amours » : comment la troisième ligne française a plané sur Twickenham

C’était il y a maintenant presque quatre ans. Le 17 août 2019, en match de préparation à la Coupe du monde, François Cros, Charles Ollivon et Grégory Alldritt étaient alignés pour la première fois ensemble en troisième ligne. C’était à Nice, contre l’Écosse, et l’expérience avait viré à la franche réussite. Le XV de France s’était largement imposé (32-3) et le trio s’était avéré aussi efficace que complémentaire. "Bien sûr qu’ils ont été à la hauteur de ce qu’on attendait, avait ainsi commenté Jacques Brunel, le sélectionneur de l’époque. S’ils sont là, c’est qu’ils ont des qualités, et ils ont su les montrer." Cela n’avait pourtant rien d’écrit à cette période puisque, si Alldritt était déjà installé, Cros fêtait sa première sélection quand Ollivon revenait de deux ans et demi de traversée du désert. Ces deux-là n’étaient que dans la "liste complémentaire" concoctée par le staff et seul Ollivon est d’ailleurs parvenu à intégrer finalement le groupe qui s’est envolé pour le Japon.

N’empêche, c’est bien avec cette troisième ligne-là que Fabien Galthié a entamé son mandat en 2020, laquelle a disputé l’ensemble du Tournoi des 6 Nations. C’était alors l’une des principales valeurs sûres du technicien. Depuis, au gré des pépins des uns ou des autres, Anthony Jelonch s’était également imposé dans ce secteur comme un élément cadre. Mais le genou de ce dernier a lâché face à l’Écosse il y a deux semaines et le staff est ainsi revenu à ses premièrs amours samedi. Ce qui a accouché d’une sacrée romance sur la pelouse de Twickenham. Les trois ont été royaux et décisifs. Pêle-mêle, Cros a effectué treize plaquages et en a cassé trois, Ollivon a marqué deux essais et réalisé deux passes après contact, Alldritt a parcouru quatre-vingt-treize mètres ballon en mains et provoqué deux turnovers. Mais, derrière les chiffres, il y eut surtout l’impression d’une activité dingue pour chacun d’eux.

Jelonch, dans toutes les têtes

Clairement, cette troisième ligne a survolé les débats et largement dominé son homologue anglaise. Pour autant, Fabien Galthié tenait absolument à associer Anthony Jelonch, joueur qui compte dans le vestiaire français, à cette performance : "Cela nous donne l’occasion de saluer Anthony et de lui dédier la victoire. Pour sauver un essai, il a laissé son corps sur la ligne. Parler de la troisième ligne sans lui, ce ne serait pas cohérent. Elle a été très bonne sur ce match, aussi parce qu’Anthony a contribué à la construire. Nous faisons un sport dans lequel on peut se blesser gravement et on ne sait pas sur qui ça va tomber. Quand François Cros a été élu entre nous homme du match contre l’Écosse, ses premiers mots ont été pour Anthony."

Cros, récemment revenu de blessure, a donc parfaitement pris le relais, grâce à son profil ultra complet qui lui permet de compenser la densité de Jelonch dans le jeu au sol ou les zones de contact. Mais le Gersois, opéré lundi dernier, a entamé sa course contre la montre et le staff du XV de France veut croire dur comme fer en son rêve d’être prêt pour la Coupe du monde. Parce que Galthié sait qu’au-delà du trio magique de Twickenham qui apporte évidemment de sacrées garanties à ce niveau, il peut encore et surtout posséder un quatuor magistral en septembre.