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Jessy Trémoulière : « J’arrêterai ma carrière internationale après le Tournoi des 6 Nations »

  • Jessy Trémoulière mettra un terme à sa carrière internationale après le Tournoi des 6 Nations.
    Jessy Trémoulière mettra un terme à sa carrière internationale après le Tournoi des 6 Nations. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À 30 ans, Jessy Trémoulière, qui fut élue meilleure joueuse du monde en 2018 a décidé de prendre sa retraite internationale après le prochain Tournoi des 6 Nations. En exclusivité pour Midi Olympique, l'arrière du XV de France féminin explique pourquoi.

Qu’est-ce qui vous conduit à prendre la parole aujourd’hui ?

J’ai décidé, il y a quelques semaines, d’arrêter ma carrière internationale. Ce ne fut pas une décision facile à prendre, parce que cela fait douze ans que je suis en équipe de France. Cela fait partie de ma vie depuis l’âge de 19 ans, ce n’est pas rien.

Qu’est ce qui vous a mené vers cette décision ?

C’est mon boulot, ma deuxième passion. Voire ma première. Avec mon frère et mon père, nous tenons une exploitation agricole de lait bio. On a 60 vaches laitières, plus de 200 bêtes au total, on fait de la viande bovine et 300 hectares de terrain sur lesquels on fait des céréales, de la prairie naturelle et du trèfle. C’est une grosse exploitation et cela devient de plus en plus compliqué de gérer. Mon père arrive à 68 ans, et il ne peut plus prendre mon relais quand je m’absente longtemps pour rejoindre le XV de France. Quatre jours, une semaine ou deux cela va encore, mais là je vais partir trois semaines avec les Bleues et cela fait beaucoup. On a essayé de prendre une apprentie mais cela a échoué. Voilà pourquoi depuis décembre, je m’investis beaucoup plus sur la ferme et le rugby doit passer au second plan.

Auriez-vous pris cette décision sans vos obligations professionnelles ?

Non. Je suis encore passionnée, j’ai encore envie d’être sur les terrains. Mais c’est comme ça. J’ai fait mon temps au niveau international aussi, et je dois être présente sur la ferme. Sans ça, j’aurais fait peut-être quelques années en plus… et j’aurais peut-être été en meilleure forme physique car le travail agricole est usant au quotidien. Cela n’aura pas été facile de mener les deux de front.

Vous avez donc toujours la flamme pour le rugby ?

Tout à fait. D’ailleurs j’ai prévenu les dirigeants de Romagnat que je comptais continuer ma carrière en club l’année prochaine. J’ai toujours cette flamme pour le rugby, mais ma carrière internationale n’est plus compatible avec mon travail à la ferme. Au sujet des trois prochaines semaines, mon père m’a dit : « Reviens vite ! »

Avez-vous des regrets par rapport à votre dernière Coupe du monde ?

Je savais que c’était ma dernière. Je n’ai pas de regrets parce que je me suis donné les moyens, je me suis donné à fond. J’ai fait tout ce qu’on m’a dit de faire… Malheureusement on ne maîtrise pas tout dans la vie. Il y avait un sélectionneur qui faisait l’équipe et je n’y étais pas très souvent. J’ai essayé d’apporter mon expérience au groupe. Mon seul regret, c’est que j’estimais avoir le niveau pour jouer, mais cela ne dépendait pas de moi. C’était surtout frustrant de ne pas pouvoir apporter le meilleur de moi-même au groupe, puisque je n’étais pas sur le terrain.

Comment abordez-vous ce dernier Tournoi ?

Sans prise de tête. J’ai envie de me lâcher, de m’amuser, et de profiter à fond de ce dernier Tournoi. Je veux sortir sans regret, et apporter toute mon expérience à ce groupe qui a été très rajeuni avec l’arrivée de plein de petites nouvelles. Je donnerai tout à ces jeunes pour qu’elles puissent faire carrière, et qu’elles aillent le plus loin possible sur l’échéance suivante, qui sera la Coupe du monde 2025.

Avez-vous le sentiment que l’ambiance a évolué dans le groupe depuis le changement de staff ?

Il y a plus de joie, oui. On voit plus de sourires sur les visages. Cela s’est vu en février à Capbreton, ce n’est plus la même atmosphère. C’est plus ouvert, et on s’est toutes amusées sur le terrain. On part sur une nouvelle ère, avec une nouvelle dynamique de groupe et j’espère que cela se répercutera sur les résultats du Tournoi. J’espère que j’aurai l’occasion de m’exprimer, et de profiter une dernière fois de mes copines avec qui je ne jouerai plus. Il faudra savourer ces moments parce qu’ils sont courts et rares. Je garderai quelques moments spéciaux sur le plan des résultats, mais je retiendrai surtout les moments passés dans l’extrasportif et l’aventure humaine en dehors du rugby.

Quelle action retiendrez-vous dans votre carrière ?

Je dirais dans le Tournoi 2018 contre les Anglaises à Grenoble. Cette action restera dans mémoire à jamais. On perdait de quatre points alors qu’il restait une ou deux minutes de jeu. On récupère le ballon, on écarte le ballon vers l’extérieur mais on se fait plaquer puis l’action revient dans le couloir des 15 mètres où je me trouve avec Pauline Bourdon qui se trouve à mon extérieur. Yanna Rivoalen prend la balle, vient fixer McLean et me donne le ballon. Il me reste 20 mètres à parcourir mais Pauline joue très bien le coup car elle attire des adversaires. L’essai nous permet de gagner le match et nous permet de remporter le grand Chelem. Un souvenir inoubliable.

Qui souhaitez-vous remercier ?

Les équipes de France, que ce soit à XV ou à VII. De m’avoir permis de jouer avec ce maillot, de m’avoir fait confiance et de m’avoir amené à mon meilleur niveau de compétence. Le VII m’a beaucoup apporté, j’ai une pensée pour David Courteix qui m’a apporté techniquement et humainement. Je pense aussi à tous les préparateurs physique à qui je n’ai pas toujours facilité la tâche ! (rires). Je veux remercier ma famille, surtout mon papa et mon frère qui ont toujours assuré quand je n’étais pas là et qui m’ont accompagné dans ma carrière de sportive de haut niveau, ainsi que mes amis qui ont su me remettre dans le droit chemin quand ça n’allait pas, parce que je n’ai pas un caractère facile ! J’ai enfin une pensée aussi pour mes clubs : celui de Romagnat bien sûr mais avec qui l’histoire n’est pas encore finie, mais aussi celui de Rennes où j’ai évolué pendant deux saisons quand j’étais sous contrat à VII.

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