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6 Nations 2023 - Un dernier round... et une prière pour les Bleus

  • Antoine Dupont et les Bleus vont-ils voir les Irlandais de Josh Van der Flier les détrôner ?
    Antoine Dupont et les Bleus vont-ils voir les Irlandais de Josh Van der Flier les détrôner ? Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Dans les faits, le XV de France peut encore remporter le Tournoi 2023. Mais avant d’échafauder toute projection meurtrière, il reste un match à jouer, nom d’un poireau !

Il paraît que tout est toujours possible. Qu’il faut encore compter sur la glorieuse incertitude du sport, faire confiance en la magie de la compétition. « Ce Tournoi est tellement incroyable, disait récemment Fabien Galthié. Qui aurait pu penser que l’on prendrait le bonus offensif à Twickenham ? » Pour autant, gare à ne pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, camarades. Parce qu’en l’état, il y a autant de chances pour que les spectres du XV de la Rose entraperçus à Twickenham samedi dernier tordent le cou à cette Irlande souveraine, despotique et intouchable que Christophe Urios n’épouse le même jour Ugo Mola en justes noces à Las Vegas…

Ce tableau d’apocalypse étant à présent posé, rien ne nous empêchera, pourtant, d’être samedi plus british que jamais, de tremper dans le café du matin un pudding affreusement spongieux, de chanter « God Save The King » à pleins poumons et d’accompagner toutes les charges d’Ellis Genge et Jamie George d’un « Swing Low, Sweet Charriot » teinté d’un infâme french accent. Tous Anglais, on vous dit ! Et puisque les Diables Verts sortiront alors de deux jours de Saint Patrick, croisons les doigts et prions le ciel pour que Johnny Sexton et ses coéquipiers soient, au moment de lutter pour leur premier grand chelem depuis 2009, encore salement esquintés par la beuverie de la veille…

Rangez vos calculatrices, il y a un match à jouer !

On la joue facile mais on y croit modérément, pour tout dire. Et puisque les faits assurent à l’instant que cette Irlande est la meilleure équipe du Tournoi - voire davantage - admettons dans un soupir fataliste que le massacre de Twickenham, que l’on considère encore aujourd’hui comme l’un des plus grands exploits d’une équipe de France de rugby, ne suffise à remporter l’édition 2023 et ne conserve, au bout du bout, qu’une vague portée symbolique…

Toujours est-il qu’à l’instant T, en ces colonnes et ailleurs, on continue d’ergoter sur des vétilles et « d’enc… les mouches », pour emprunter au champ lexical d’un punk auvergnat : ici et là, on se demande donc comment Français et Irlandais seraient départagés en cas d’égalité et si, finalement, le mot « Taofifenua » ne pourrait pas compter pour triple quand l’ultime essai de Damian Penaud à Twickenham ne devrait, allez savoir, offrir au XV de France un bonus esthétique, voire une inédite prime de quatre points. Mais avant de se coller des migraines à n’en plus finir, les gars, il y a encore un match à jouer, n’est-ce pas ? Et c’est bien le vainqueur du Tournoi des 6 Nations 2021 qui pointera son horrible museau au Stade de France, samedi ? Disons qu’à trop vouloir parler des autres, on en a oublié jusqu’à l’existence de ces maudits gallois. Là-dessus, sachez pourtant que la dernière fois qu’une équipe de France s’est projetée au-delà de la rencontre qu’elle avait à gagner, le tout s’est terminé dans un bain de larmes et Brice Dulin n’a plus jamais revu la Cocotte*.

Non pas que sur le papier, ces Diables Rouges inspirent autant la peur que les princes de Galles des seventies, raffinés gentilshommes aux rouflaquettes engageantes. Après tout, la bande à Warren Gatland, saccagée par l’Irlande, l’Écosse et l’Angleterre lors de ses trois premières sorties, n’a guère subjugué son auditoire depuis le début du Tournoi et pour être franc, sent même un peu le vieux : en tout état de cause, cette équipe galloise n’a en effet que très peu évolué depuis dix ans et pour caricaturer à l’extrême, le temps semble pour elle s’être arrêté en 2010, tant George North, Justin Tipuric, Rhys Webb, Taulupe Faletau, Alun Wyn Jones ou Ken Owens, déjà indéboulonnables lors du premier mandat Gatland, évoquent plus le Blackberry et les vidéos clubs de notre lointaine jeunesse que le rugby 2.0 prôné en leurs territoires respectifs par Fabien Galthié et Andy Farrell. Pardon ? Leur expérience n’a pas de prix et leur palmarès est bien plus respectable que notre piètre prose ? On ne dit pas le contraire. Mais au-delà d’être guetté par le poids des ans, on ajoutera que ce XV du Poireau est surtout rongé par des querelles internes depuis que certains de ses joueurs ont menacé leur fédération de se mettre en grève, aux prémices de la compétition, s’élevant ainsi contre la baisse des salaires proposée à ses plus prospères employés par une Welsh Rugby Union au bord de la banqueroute…

Entre Galles et les Bleus, un monde d’écart

Plus que jamais, persiste donc aujourd’hui entre cette équipe du pays de Galles en fin de règne et ce XV de France tournant à 26 ans de moyenne d’âge et 32 sélections par individu « premium » un éloignement notable et qui s’est amorcé, on le jurerait, lors du dernier quart de finale de Coupe du monde : alors « adjoint comme les autres » de Jacques Brunel, Fabien Galthié comptait déjà, au Japon, sur Romain Ntamack, Antoine Dupont, Cyril Baille, Gregory Alldritt, Charles Ollivon, Gaël Fickou ou Damian Penaud qui, certes battus 20 à 19 dans les conditions que l’on sait**, avaient dans ce petit stade d’Oita posé la première pierre d’un nouveau cycle pour le rugby français ; quand Galles, ce jour-là déjà portée par les hommes qui affronteront samedi le XV de France, entamait sans le savoir un inexorable déclin…

Aussi déterminé soit resté le paquet d’avants gallois, aussi fort demeure Taulupe Faletau balle en mains ou Justin Tipuric dans le jeu au sol, il existe donc à ce jour un écart notable entre les deux sélections et cet écart a vocation à perdurer, jusqu’à la prochaine Coupe du monde. Et si les trois premières sorties tricolores dans le Tournoi avaient laissé au sélectionneur une impression « moyennasse » que l’on partageait alors volontiers, le récent saccage du temple a fait voler en éclats les doutes entourant le début de campagne du XV de France : malgré huit mois de compétition dans les pattes, malgré un championnat domestique qui n’épargne guère son planton au fur et à mesure qu’il monte en gamme, les internationaux français ont prouvé samedi qu’ils étaient plus frais, plus forts et mieux armés qu’au début de la compétition et qu’à ce titre, le dernier round du Tournoi serait sinon une formalité, au moins une besogne ordinaire. « Pour nous, disait Galthié après le Crunch, il était très important de revenir au Stade de France pour le dernier match avec la possibilité de gagner la compétition. À ce jour, on n’a toujours pas lâché le trophée ». C’est vrai, coach. Et la foi aux lèvres, le cœur à nu mais sans qu’on nous voie trop quand même, nous chanterons tous samedi : « Come on England ! » ***

*En 2021, lors du dernier match du Tournoi des 6 Nations, il fallait aux Bleus battre l’Écosse de plus de 20 points pour remporter l’épreuve. Le XV du Chardon s’était imposé à Saint-Denis (23-27).
** Un coup de coude de Sébastien Vahaamahina les avait placés en infériorité numérique en début de deuxième mi-temps.
*** Allez l’Angleterre !

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