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France - Galles - Un homme dans le match : Dupont, meneur d'enjeu

  • Antoine Dupont (France), face au pays de Galles.
    Antoine Dupont (France), face au pays de Galles. Icon Sport - Icon Sport
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Capitaine et leader incontesté de ce XV de France, le demi de mêlée n’a cessé de monter en puissance dans ce Tournoi pour finir en apothéose. Aussi parce qu’en étant moins exposé, il a su mettre son talent hors normes au service du collectif.

C’est un chiffre assez rare pour être souligné : Antoine Dupont n’a inscrit aucun essai dans ce Tournoi des 6 Nations 2023. Et cela faisait longtemps que ce n’était plus arrivé puisque le capitaine du XV de France avait marqué dans chacune des éditions depuis 2019. Une anomalie ? Peut-être pas tant que ça.

D’abord, et c’est le risque quand on est le meilleur joueur de la planète, parce qu’il est surveillé comme jamais par ses adversaires. Après son match abouti à Twickenham (comme tout le XV de France), Pierre-Henry Broncan - qui est l’un de ses mentors - en souriait : "Je vous rassure, les Anglais ont voulu chasser Antoine, comme toutes les équipes du monde." Même s’il n’a pas vraiment le choix, le Pyrénéen a su s’en accommoder avec le temps, quitte à voir ses statistiques personnelles en pâtir, ce qui d’ailleurs le laisse totalement indifférent. Surtout quand ses coéquipiers profitent des espaces laissés par son marquage à la culotte… Un jour, alors qu’il alignait les essais grâce à ses fameux soutiens intérieurs, son manager au Stade toulousain Ugo Mola, en référence à l’ancien avant-centre italien qui enchaînait les "buts de raccroc", avait confié en se marrant : "Antoine, c’est un peu le Pippo Inzaghi du rugby. Ce garçon arrive à scorer sur des actions que les ailiers qualifient d’escroqueries mais il est toujours au bon endroit, au bon moment."

Ces derniers temps, Dupont s’est plutôt mué en "Zidane" de ce sport, constamment capable de sortir un geste de classe (comme le seul 50-22 français de la compétition en Angleterre, son sublime coup de pied par-dessus sur le deuxième essai de Thibaud Flament à Twickenham ou son incroyable passe de près de trente mètres sur le premier essai de Damian Penaud samedi), de prendre ses responsabilités et de se mettre au service du collectif. En l’occurrence, les "stats" en attestent encore puisque, outre ses dix-sept plaquages cassés dans le Tournoi (ce qui en fait le sixième joueur le plus prolifique dans ce domaine), il s’est distingué en terminant meilleur passeur décisif, à égalité avec Romain Ntamack et Finn Russell, avec quatre offrandes. Voilà qui en dit long sur le rôle qui est le sien.

"C’est plaisant d’évoluer dans ce contexte"

À l’image des Bleus, après une entame mitigée, le demi de mêlée n’a cessé de monter en puissance au fil des semaines. Et, à titre individuel, il a rendu sa copie la plus complète face au pays de Galles. Aussi parce que, depuis le déplacement à Richmond, l’intéressé a été soulagé dans la conduite du jeu et les sorties de camp. Jusque-là, à la grâce de sa longueur de pied sans équivalent à son poste, il était "surutilisé", ce qui l’avait rendu plus lisible et l’avait placé dans des situations périlleuses, jusqu’à se faire contrer à plusieurs reprises face à l’Irlande et l’Écosse. Alors, le staff a choisi de mieux répartir les choses entre lui et Romain Ntamack, voire Thomas Ramos.

À l’écouter, samedi soir au Stade de France, il fut dès lors libéré d’un poids : "L’idée, c’était d’avoir de la variété dans notre jeu. Évidemment, quand l’adversaire s’attend moins à ce que l’on va faire, c’est plus difficile pour lui de cibler les zones de pression. En tapant direct sur le ruck, il savait qu’il devait justement le cibler pour mettre la pression sur mon pied. En déplaçant davantage le ballon, c’est plus dur et cela donne du confort au botteur, quel que soit celui qui prend le jeu au pied." Au-delà, cela lui a permis de se concentrer sur la vitesse à apporter sur les enchaînements français, secteur dans lequel il n’avait plus été aussi à l’aise depuis un certain temps, et de trouver des solutions ballon en mains avec son compère Romain Ntamack. "Excepté le premier quart d’heure, quand on arrive à mettre du rythme, à gagner nos duels et à jouer dans l’avancée, c’est toujours plus simple pour une charnière, poursuit Dupont. Cela libère des espaces et c’est forcément plaisant d’évoluer dans ce contexte. Même si, avec un peu plus de patience, je pense qu’on aurait pu mettre davantage d’essais."

En clair, en étant moins exposé et davantage secondé par ses deux acolytes toulousains, Dupont a finalement fait du… Dupont ! "Associer Romain et Thomas à Antoine nous donne une combinaison toulousaine, et notamment des pieds qui nous offrent des opportunités pour lire les espaces, souligne Fabien Galthié. Il est vrai qu’Antoine est très performant dans ces conditions." Dupont, l’art de briller en toutes circonstances.

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