L'édito du lundi : Label aubaine

Par Emmanuel MASSICARD
  • Les Irlandais ont signé le quatrième grand chelem de leur histoire lors de cette édition.
    Les Irlandais ont signé le quatrième grand chelem de leur histoire lors de cette édition. ActionPlus / Icon Sport
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Qui c’est les plus forts, évidemment c’est les Verts. Pas les Stéphanois du foot et des années 70-80 mais ceux d’Irlande, qui remportent donc haut la main leur quatrième grand chelem après avoir enterré la concurrence. Ce fut fait comme souvent, à force d’abnégation et de maîtrise collective. Avec, même, un brin de ce panache qui échappait souvent à un rugby irlandais plus prompt au don de soi et au combat qu’à dessiner des trajectoires de contournement.

Au fond, c’est une bonne chose. Les Irlandais ne pourront pas dire que nous, Français, leur avons tout volé ces dernières années : le grand chelem 2022 (pour un quart d’heure raté), l’organisation de cette Coupe du monde 2023 qui leur était promise, le palmarès de Sexton et son sourire… si rare à décrocher.

N’en doutez pas, ce grand chelem est la consécration des Verts, l’ultime élément qui manquait encore à Andy Farrell pour faire oublier Joe Schmidt et asseoir la légitimité des siens au premier rang du classement mondial. Désormais, il n’y a pas photo. Alors, chapeau messieurs pour ce Tournoi presque parfait. Un partout, balle au centre.

Oui, on y revient, ce règne vert est une bonne nouvelle pour le rugby français. Car si la perspective de nos retrouvailles en quart de finale n’augure toujours rien de facile, les Irlandais n’auront plus la rage aux dents de ceux habités par l’esprit de revanche. À l’inverse des Bleus qui, eux, ne vont certainement pas oublier ce qui leur a manqué pour s’imposer à Dublin.

Mais l’essentiel n’est pas là, du moins pas encore. À l’heure où le rugby français tout entier va basculer dans les six derniers mois d’un sprint qui nous mènera jusqu’au Mondial, la défaite concédée aux hommes de Sexton doit être considérée comme le point de départ d’une nouvelle aventure. Celle d’un retour sur terre après l’euphorie générale du grand chelem 2022, suivie du record d’invincibilité (14 victoires) qui a tant occupé les esprits… Un magot devenu fardeau pour une équipe ciblée par ses adversaires et qui peinait à retrouver le fil. Imaginez donc où nous en serions d’allégresse et de démesure si les Bleus avaient réalisé le doublé, assis sur leurs 18 succès d’affilée et prêts à effacer des tablettes les noms des All Blacks et des Anglais.

L’échec a clairement réveillé les consciences. Il a surtout remis ce groupe sur les rails de son rugby, au prix d’un retour aux fondamentaux avec ce jeu d’occupation pour renvoyer la pression et, ainsi, mieux durer physiquement. La suite, vous la connaissez : inspirés, brillants ballon en mains et déterminés à marquer l’histoire de leur empreinte, les partenaires de Dupont ont fait imploser une Angleterre transparente. Avant de démontrer, face aux Gallois, toute l’étendue d’un potentiel à vous filer le vertige. Et, aussi, leurs limites actuelles en toute fin de partie.

Après trois ans de Tournoi qui ont concentré tous les efforts du rugby français, Fabien Galthié ne s’est d’ailleurs pas caché derrière l’embellie et 80 % de succès pour dresser un constat sans concession, ce samedi : "Nous sommes en retard, […] encore loin de notre potentiel." On vous le dit, la défaite en Irlande a tout d’une aubaine. Et d’un aiguillon qui, sans relâche, va guider les pas de nos Bleus.

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