L'édito du lundi : Aupa, malgré tout

  • Thomas Ceyte et Matis Perchaud symbolisent la magnifique saison bayonnaise, malgré la défaite face à Pau.
    Thomas Ceyte et Matis Perchaud symbolisent la magnifique saison bayonnaise, malgré la défaite face à Pau. Icon Sport - Pierre Costabadie
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Calmons tout de suite les ardeurs des fiers et fervents supporters palois, béarnais et tout ce que les Pyrénées-Atlantiques comptent d’âmes récalcitrantes au qualificatif "basques" : à Anoeta, la Section a livré mieux qu’un bon match. Elle a joué un grand match, avec un très bon Zack Henry de retour à la joie après des mois de ténèbres, et ce Gailleton dont on peine à dire assez de bien, du haut de ses 19 ans. C’était le prix à payer, pour faire tomber Bayonne sur ses terres d’Euskadi.

Pau redresse la tête, envisage son maintien avec un léger surplus de sérénité et le voile de brume se dissipe enfin un peu à son horizon, soufflé par une jeunesse qui fleurit aux premiers rayons du printemps. L’édito qui s’écrit ici, s’il rendra aussi hommage à leur adversaire battu du jour, n’enlève rien aux mérites des braves en vert.

Mais parlons de l’adversaire, donc. Bayonne, dont on a d’ailleurs beaucoup parlé ces derniers mois. C’était justice au regard de l’incongruité que les Basques incarnent, dans ce monde du rugby professionnel habituellement si cartésien : "gros budget = gros effectif = grosses ambitions". Bayonne, fraîchement promu, parmi les plus petits budgets de la division élite et tôt promis à la redescente, s’est battu aux avant-postes jusqu’à ce week-end pour une qualification. Rien que ça. Et si la défaite à Anoeta marque un sérieux coup d’arrêt, le rêve ne s’est pas encore totalement envolé. Le calendrier sera dense, pas insurmontable. Le maintien, lui, est en poche et depuis belle lurette, malgré les discours de prudence.

Une anomalie ? Un Ovni ? Surtout pas. Si elle est précoce, en avance sur les agendas les plus ambitieux, la montée en puissance de l’Aviron bayonnais revêt aussi une forme de logique. Parce que, voyez-vous, ce club a travaillé. Et bien, depuis 2018 qu’il a installé Philippe Tayeb à sa tête, après tant d’années de grand n’importe quoi. Un roman médiatico-tragique qui faisait bien rire, de l’extérieur – comme une série à rebondissements qui ne déçoit jamais – mais plombait franchement le club, vu de l’intérieur.

D’abord stabilisé autour de sa nouvelle direction, comme apaisé de ses maux viscéraux, l’Aviron a entrepris de se structurer. Tout ne s’est pas fait sans heurts, ni quelques tensions politico-administratives. Quelques inimitiés, aussi, dont celle majeure entre Tayeb et Yannick Bru, l’autre tête pensante de la double-montée que le président avait fait venir, avec qui il a fini par se brouiller jusqu’à la détestation.

Bayonne a gardé son cap malgré les secousses. Et malgré tout. En travaillant sur ses structures, façon "Stade rochelais" avec le succès que l’on sait : un nouveau centre d’entraînement, un nouveau centre de formation, un stade agrandi et aligné sur les standards de l’élite moderne.

L’Aviron n’est plus cette sympathique résurgence du rugby à papa, où les gros cigares du rugby pro venaient en pèlerinage, pour se repaître de camaraderie dans un cadre un rien désuet. Il grandit, regarde devant et vers le haut. Un modèle qui inspire jusqu’à son plus proche voisin, son plus vieil ennemi biarrot. Une vision à moyen terme à laquelle la défaite d’Anoeta ne change rien : l’Aviron sera encore là, demain. Pour la première fois, on jurerait qu’il est désormais prêt à s’installer dans l’élite.

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