Abonnés

Champions Cup - Will Skelton : "Les coachs disent qu'on peut devenir la meilleure équipe du monde, pas seulement d’Europe"

Par Romain Asselin
  • Will Skelton lors du 8e de finale face à Gloucester.
    Will Skelton lors du 8e de finale face à Gloucester. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Sur le toit de l’Europe à deux reprises avec les Sarries (2017, 2019), le colosse australien se retrouve naturellement au centre de toutes les attentions, au moment de retrouver ses anciens coéquipiers londoniens.

Vous semblez avoir retrouvé toute votre puissance ou presque, depuis votre retour à la compétition début février…
Je me sens bien. J’avais besoin de reprendre de la confiance après deux mois d’absence (blessure au genou, N.D.L.R.). Mais je peux encore m’améliorer. J’ai senti quelques légères douleurs au niveau de mon genou, à la reprise. Généralement il faut six à huit semaines pour retrouver des sensations « normales ». En attendant, je dois le strapper pour avoir totalement confiance en mon genou.

Si l’on vous montre ce photo-montage… (RugbyPass a détourné, après la victoire en finale face au Leinster, l’affiche du film d’horreur « Shining » avec le visage de Skelton dans l’entrebâillement de la porte de la salle de bains où se trouve un Jonathan Sexton terrifié)...
(rires) Je l’avais vu quand c’est sorti. Mais je ne sais pas trop quoi en dire… Les gens en font des illustrations. Moi, je pense que j’ai juste eu de la chance lorsque j’ai affronté le Leinster. Je suis dans une bonne équipe et nous gagnons. On me présente à travers ça comme le personnage central mais non, c’est l’équipe toute entière qui a gagné.

Connaissez-vous personnellement Jonathan Sexton ?
Non. Quand je joue face à lui, je parle juste avec lui à la fin du match… C’est une légende de ce jeu. C’est toujours bien de jouer contre les meilleurs dans les plus grands matchs.

Une légende que vous avez aussi battue lors de la finale 2019 avec les Saracens. Ça commence à faire bête noire, non ?
Vous pensez ? (rires) Non, je le redis, je suis juste chanceux. Chanceux de faire partie de ces équipes. Avec La Rochelle, nous avons presque joué nos meilleurs matchs contre eux, dans ces grands rendez-vous. C’est toujours bon de gagner.

Quels souvenirs gardez-vous en tête de cette étoile décrochée au printemps 2022 ?
C’était cool, très cool ! C’était la première fois que La Rochelle gagnait un trophée. Celui-là est incroyable. Nous en sommes très fiers. C’était très spécial quand on a ramené le trophée à La Rochelle. C’était incroyable pour la ville. Voir autant de monde sur le port, si proche de nous, si passionné par l’équipe… Ça restera gravé en moi pour tout le reste de ma vie.

Dès votre première campagne de Champions Cup avec La Rochelle, en 2020-2021, vous nous aviez dit, les yeux dans les yeux : « La Rochelle peut la gagner, dès cette saison ! » D’aucuns ont naturellement pensé : « Est-il vraiment sérieux ? » Mais…
(il coupe) Les gens ne savent pas… C’est difficile quand tu observes ça de l’extérieur. Ils ne voient pas les joueurs, ils ne voient pas comment ils se comportent au quotidien, comment l’équipe s’entraîne, ils ne voient pas les talents qui poussent derrière. Prenez par exemple Matthias Haddad. Certains n’imaginaient pas qu’il puisse être titulaire en finale contre le Leinster et il a sorti un match incroyable ! On croit en notre équipe. Nos coachs croient en nous. Ils disent que La Rochelle peut devenir la meilleure équipe du monde, pas seulement d’Europe. Dans le monde, avec les joueurs qu’on a, notre équipe présente un profil bien différent de beaucoup d’autres. Et c’est vraiment cool d’en faire partie.

Vous allez recroiser les Saracens ce dimanche, à Deflandre, en quart de finale. Forcément un moment spécial pour vous…
Bien sûr ! J’ai beaucoup d’amis qui jouent pour les Saracens. J’échange beaucoup avec les mecs dont je suis resté proche, on s’envoie des messages chaque semaine. Ce sera génial de jouer contre eux ! Quand vous faites partie d’une équipe pendant longtemps, vous apprenez à connaître des amis pour la vie.

À qui faites-vous allusion ?
Sean Maitland, Billy Vunipola. Je suis proche de son frère Mako (Vunipola), aussi. Je pense également aux deuxième ligne. À Nick Isiekwe et Maro (Itoje), évidemment. Quand tu joues des gros matchs ensemble, quand tu gagnes plusieurs trophées ensemble, ça te fabrique des souvenirs incroyables pour la vie. Que de bons moments ensemble…

Votre meilleur souvenir de votre passage aux Saracens ?
Les victoires finales, je présume. On pense toujours au fait de soulever le trophée mais parfois, ce sont les jours qui suivent qui marquent encore davantage. Ces moments où vous prenez quelques bières ensemble, où vous voyagez. D’ailleurs, les Saracens avaient l’habitude d’organiser des excursions en cours de saison. Imaginez si, par exemple, entre deux matchs de Top 14, tu pars à Barcelone dimanche, lundi, mardi - tu bois, tu fais la fête, tu te détends -, tu reviens le jeudi à l’entraînement et tu joues le samedi ! C’est un peu l’idée. Ça rapproche les mecs, ça morcelle la saison. Si tu sais qu’après douze matchs, tu pars en virée à Barcelone avant Noël et que le programme, c’est d’être cool, ça rend la saison excitante. Car la saison est si longue, en Europe… Donc, ces moments-là, c’est sympa. Ce sont de supers souvenirs.

Alors comme ça vous n’êtes pas le dernier à l’apéro ?
(rires) Mon premier voyage avec les Saracens, je ne savais pas du tout que ça se passait comme ça, je ne savais pas que tout le monde arrosait ça… Avant, ce n’était pas mon genre, de boire. Ce jour-là, c’est la toute première fois que j’ai eu la gueule de bois (rires) !

Si vous deviez faire un choix entre le Brennus et la Champions Cup, cette saison ?
Ce sera toujours les deux, dans mon esprit ! Mais pour moi qui n’ai jamais touché le Brennus, un Brennus serait encore plus cool. C’est une compétition tellement dure à gagner.

Ah, on a oublié la Coupe du monde, dans le lot…
Je prends, aussi ! Les Australiens ne l’ont pas touchée depuis plus de vingt ans. C’est donc un autre trophée que j’aimerai soulever.

Avez-vous pu échanger avec le nouveau sélectionneur des Wallabies Eddie Jones ?
Je lui ai parlé brièvement au moment où il a pris ses fonctions. Il m’a appelé pour me demander comment j’allais. On ne s’est pas dit grand-chose mais c’est toujours bien de se parler. Après, c’est simple, si tu ne joues pas bien avec ton club, tu n’iras pas à la Coupe du monde. Donc je suis concentré sur les objectifs à très court terme, je veux vraiment bien faire avec mon club, je veux jouer les grands matchs et gagner des titres avec La Rochelle.

Will Skelton, le géant d’Europe

Will Skelton dispute sa septième campagne continentale depuis son arrivée en EUrope. Il a soulevé trois fois le trophée lors de ses six premières participations.

L’équation pour remporter la Champions Cup n’est pas simple. Mais si vous souhaitez enlever une inconnue, il convient d’avoir Will Skelton dans son effectif. En effet, l’international australien est un spécialiste de l’épreuve. Le géant du Stade rochelais a déjà bouclé six campagnes depuis son arrivée en Europe, soulevant trois fois le trophée. Autant dire que son taux de réussite dans cette compétition est tout simplement phénoménal, même s’il convient de préciser qu’il n’avait participé qu’à la phase de poule lors de son premier titre, acquis avec les Saracens au printemps 2017. En effet, alors joueur des Waratahs, il n’avait pu disputer que les matchs de la phase régulière avant de rentrer en Australie, pour participer au Super Rugby.Néanmois, Will Skelton peut se féliciter d’avoir pris part à deux des trois titres européens remportés par les Sarries.
Depuis son arrivée à La Rochelle, il a confirmé qu’il était l’homme de ces joutes continentales, disputant deux finales consécutivement avec un nouveau titre à la clé, au terme d’un sommet face au Leinster où il eut un rôle prépondérant.C’est d’ailleurs ce que confiait après la rencontre Eddie Jones, le nouveau sélectionneur des Wallabies : « Will Skelton, que j’ai trouvé immense sur ce match, a frappé un peu plus fort qu’il ne le faisait en début de match. À partir de là, les avants rochelais ont brisé les structures irlandaises. »

Sixième titularisation consécutive

Tout a été dit sur la puissance du joueur d’origine samoane, capable d’imposer des impacts tonitruants pendant quatre-vingts minutes, comme le week-end dernier face à Gloucester, pour forcer la décision. Et les statistiques parlent pour lui. Il a disputé trente-cinq matchs de Champions Cup. Il n’en a perdu que cinq (28 victoires, 2 nuls). Avec le Stade rochelais, il n’a connu qu’une seule défaite, lors de la finale perdue en infériorité numérique face à Toulouse après le carton rouge à Levani Botia en première période. Avec Will Skelton sur le terrain, les Maritimes ont remporté 92 % de leurs matchs européens.
Blessé à un genou au mois de janvier, le deuxième ligne australien enchaîne les matchs depuis son retour à la compétition début février, avec une sixième titularisation consécutive en vue à l’occasion de ce quart de finale de Champions Cup, ce qui n’était arrivé qu’une seule fois cette saison (sept titularisations entre la 3e et 9e journée du Top 14). Un match forcément particulier pour lui qui n’aurait certainement jamais quitté les Saracens sans la relégation du club anglais en seconde division. La Rochelle a su en profiter, avec des résultats instantanés, puisque les Maritimes sont les nouveaux rois du continent.

Par Nicolas AUGOT

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?