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Pro D2 - Reportage : Nevers y met toute son âme

Par Sébastien Chabard
  • Les Neversois de Yoan Le Bourhis ont réalisé une deuxième partie de saison de haute volée et sont désormais très proches d’obtenir leur qualification.
    Les Neversois de Yoan Le Bourhis ont réalisé une deuxième partie de saison de haute volée et sont désormais très proches d’obtenir leur qualification. - Stéphanie Biscaye
Publié le Mis à jour
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Étincelante sur la phase retour, l’USON Nevers Rugby a retrouvé le niveau qui l’avait menée en demi-finales l’an passé mais refuse de s’enflammer tant que la qualification n’est pas cimentée.

Ce soir, le Pré-Fleuri verra s’affronter les deux meilleures équipes de la phase retour, et se frottera les yeux en y voyant son Uson. Avec respectivement 41 et 40 points engrangés en douze matchs, Grenoble et Nevers devancent en effet Oyonnax (39 points) sur ce podium immatériel, et déboulent en position idéale pour prolonger le printemps jusqu’en phases finales.

Si ce classement n’a rien de surprenant pour des Isérois qui n’ont été absents du top 6 que pendant deux journées cette saison, il exhale un parfum printanier de résurrection chez des Nivernais qui lambinaient à la 10e place en clôture de la phase aller et avaient même posé un orteil incrédule sur le toboggan vers la Nationale, au soir de la 12e journée.

Portés par une série de sept matchs sans défaite (cinq victoires, deux nuls), les hommes de Xavier Péméja ne veulent plus descendre d’un top 6 qu’ils ont intégré lors de la 25e journée. Le calendrier favorable, avec les réceptions de Grenoble et de Montauban entrecoupées par un déplacement à Agen, n’amollit pas leur volonté, pas plus que l’éclatant succès (43-10) obtenu face à Colomiers il y a huit jours. « Colomiers, c’est fini, c’est derrière nous. Le seul match qui compte, c’est le match qui vient », balaie le manager neversois. « Et Grenoble n’est pas une équipe qui nous réussit beaucoup. Il va falloir être très fort car ça va être plus dur que face à Colomiers. On a vu ce qu’a fait Grenoble contre Mont-de-Marsan, cette réaction énorme sur la fin de match. »
Le mince matelas de sept points qui sépare Nevers de la septième place n’autorise pas l’assoupissement : « Une victoire sur les trois derniers matchs ne suffira sans doute pas. Il en faut deux pour être sûr d’être qualifié. » La page ajoutée par les joueurs au grand livre des remontadas ne mérite pas une conclusion raturée, selon le trois-quarts aile Lucas Blanc : « Après être passé par où on est passé, on ne peut pas se contenter de ce qu’on a fait contre Colomiers. On est loin d’être qualifiés. Si on bat Grenoble, ce sera un « step » qui aura été atteint. Et tout le groupe en est conscient. On est si proches du but, ce serait bête de s’enflammer. L’humilité est importante dans ces moments-là. »

Un caractère renforcé

Demi-finaliste l’an dernier, pour sa cinquième saison en Pro D2, Nevers aurait pu dérailler lors d’une première partie de championnat si loin de ses ambitions : « On croyait en nos forces. On a toujours accroché les matchs, mais la pièce ne tombait pas forcément du bon côté », rappelle Lucas Blanc. Dans cette période difficile, l’Uson a tenu grâce à sa défense, aujourd’hui la première au nombre d’essais marqués, avant de reconstruire son attaque : « On sait que le système offensif est le plus compliqué à mettre en place, parce qu’il demande beaucoup d’automatismes. Mais quand on voit le nombre d’essais marqués par nos ailiers sur les derniers matchs, ça montre qu’on est de plus en plus dangereux. »
Même la défaite à domicile face à Oyonnax, lors de la 17e journée, n’a pas fait douter le groupe : « Certes on perd, mais on n’encaisse pas d’essais face à la meilleure attaque du championnat, et on voit qu’on peut les mettre en difficulté. Ça nous a fait prendre conscience de nos forces. Et derrière, la façon dont on réagit est assez incroyable, puisqu’on va gagner à Vannes. »
Trempé dans les tourments de la première moitié de saison, le caractère neversois est sorti renforcé de l’épreuve : « On savait que ça allait venir. Le travail paie », assure Xavier Péméja. « Les joueurs ont progressé parce qu’ils ont de bons profs (sourire). On ne peut pas avoir de très bons élèves si on n’a pas de très bons profs. J’ai un staff entraînant, positif, stable – ce qui est capital – et les joueurs le sentent, ils savent qu’ils ne peuvent pas tricher. » La baisse de la masse salariale, provoquée par la crise sanitaire, a obligé l’Uson à un recrutement raisonné, sans réformé du Top 14 ni ex-gloire bardée de capes : « On a beaucoup de très bons jeunes. La difficulté, c’était de leur faire comprendre qu’il ne faut pas se contenter du travail à l’entraînement, qu’il faut aussi faire attention à ce qu’il y a autour, manger, boire, dormir. Pas mal d’entre eux l’ont compris. »
Arrivé dans la Nièvre en 2016, quand le club se cognait au plafond de la Fédérale 1, Xavier Péméja s’est attelé, avec le président Régis Dumange, à construire une identité : « On commence à avoir une culture de club. On a fait un gros travail sur la formation, pour avoir une identité qui se transmet. Maintenant, on parle des joueurs de Nevers, pas des joueurs qui sont venus à Nevers. »
Longtemps jalousée pour sa trajectoire de club de Fédérale 2 quittant la diagonale du vide pour débarquer dans le paysage du rugby pro, affrontant encore le quolibet de « club de riches » lors des phases finales 2022, snobé dans les pronostics d’avant-saison, l’Uson aspire à la normalité : « Nos salaires sont inférieurs à ceux de beaucoup de clubs de Pro D2 », affirme le manager. « Et quand je vois le nombre de joueurs qui veulent venir à Nevers, je me dis qu’on donne plutôt envie. Et les joueurs qui me contactent me parlent du jeu qu’on propose, de l’esprit de groupe qu’on véhicule. Ils ne parlent pas de salaires. On a un groupe qui transpire le bien vivre ensemble, ça donne envie. Et c’est un groupe qui a souffert cette année, qui ne s’est pas cherché d’excuses et qui a accéléré le travail. » Il reste à bien le finir.

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