Top 14 - À Toulon, ce bonus qui veut dire beaucoup

« Ils vont me rendre fou. » Avec cette petite phrase, suivie d’un sourire, Mignoni a tout dit de cette après-midi parfaite, dans un Mayol comble et bruyant comme rarement ces dernières saisons. Le boss du sportif est revenu sur cette fin de match irrespirable, qui s’est finie en apothéose grâce au Benjamin Button du rugby mondial. « C’est comme gagner d’un point, ou perdre d’un point sur des rencontres décisives, une saison peut basculer sur un point de bonus. En vous évoquant ça, je me pose une question : est-ce qu’il y a six mois on l’aurait renversé ce match ? »

Avant cette journée, Toulon était la moins bonne équipe des six dans le domaine des bonus avec deux défensifs et deux offensifs. L’UBB et le Lou, les premiers poursuivants, en accumulaient… sept ! Paris en avait même validé dix. Dans ce décompte, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Fin janvier, les Rouge et Noir avaient notamment perdu un offensif contre Pau (27-16), sur un essai à la sirène d’Ikpefan.

« Le bon moyen, ça te permet de voir loin »

L’élève varois a appris, même si le professeur Mignoni demeure exigeant. « Avec Franck, ça fait des années qu’on entraîne… Franchement, tu apprends (il souffle). Je découvre ce groupe. J’ai le sentiment terrible qu’on est notre propre adversaire. On peut être mieux. On doit trouver le décodeur de ce groupe. On doit être meilleur, peu importe l’adversaire. On a encore fait du très moyen face à une valeureuse équipe de Perpignan. »

En gagnant partout où il est passé, de Paris à La Rochelle, Jérémy Sinzelle a désormais le recul pour savoir que pour aller loin, il faut ménager sa monture. « Ce match a permis aux coachs de faire des rotations, d’amener de la fraîcheur. C’est ce qui a manqué à Toulon la saison passée. Depuis le début de saison, on ne savait pas faire du bon moyen. » C’est-à-dire ? « On était excellent ou très mauvais. Le bon moyen, comme aujourd’hui, ça te permet de voir loin. On n’a pas été très bon, mais il y a cinq points au bout. Dans quelques mois, on ne se rappellera pas de comment on les a pris. »

Une thèse validée par Mignoni, qui a pris en exemple le parcours des glorieux anciens (Giteau, Mitchell, Hayman…), présents dans le cadre de la semaine du Hall Of Fame. « Les joueurs que vous voyez. Ils ont perdu des matchs. Ils ont loupé des bonus. Mais, ils ont créé une dynamique collective où ils étaient là aux moments clés de la saison. Le talent ne suffit pas. On doit croire, plus profondément, dans notre dynamique collective. »

Toulon lance l’objectif quart de finale à Mayol

Avec un seul revers sur les sept dernières journées de Top 14, la bande à Serin, auteur d’une entrée remarquable, a rehaussé les objectifs. « Les résultats ont été en notre faveur ces dernières journées, on est dans le top 4 et il faut le rester, a abondé "Sinz". Si on veut recevoir un barrage, il ne faut plus trop faire de faux pas. Avec tout le respect pour l’Usap, on ne doit pas non plus monter au plafond après ce samedi. »

Mignoni ne dévie pas du cap visé par son équipe. « C’est la première fois de la saison qu’on est si haut. Ça, c’est bien. On doit garder la tête froide. Notre plus gros adversaire, ce n’est pas l’équipe en face, c’est nous. On n’a pas envie d’une saison blanche. On ne peut pas faire une saison blanche.  Et avec de tels mots, c’est "Pierrot" qui transmet sa folie à la Rade.