Une grève des techniciens et un quart d’heure sans vidéo

Ce n’est un secret pour personne : l’heure est à la grogne et aux mouvements sociaux en France. Les téléspectateurs du Top 14 n’y ont pas coupé ce week-end, surpris à la prise d’antenne de Canal + par les propos de Bertrand Guillemin, commentateur de la rencontre Racing 92-UBB. "Il s’agit d’une rencontre que nous allons vivre dans des conditions particulières, pendant les quatorze premières minutes. En raison d’un mouvement social d’une partie des équipes d’un de nos prestataires, nous ne serons pas en mesure de vous proposer une captation optimale. Suite à ce débrayage, jusqu’à 15 h 14 précisément, nous vous proposerons uniquement le plan large de la rencontre, ainsi que le son. Veuillez donc accepter par avance toutes nos excuses pour la gêne occasionnée."

Retour express et temporaire

des juges d’en-but

En effet, un mouvement social des techniciens intermittents d’AMP Visual TV, le prestataire technique du diffuseur, a en effet perturbé lourdement la retransmission des rencontres du Top 14 ce week-end (ainsi que celles de Ligue 1 de football). Ce débrayage, résultat d’un conflit avec la direction d’AMP, a duré en réalité près d’une heure sur chaque rencontre : quarante-cinq minutes avant le début du match puis les quatorze premières minutes de la rencontre. De quoi forcément perturber l’expérience des téléspectateurs mais surtout les rencontres en elles-mêmes, puisque les arbitres se retrouvaient de fait privés - par surprise - de recours à la vidéo pendant le premier quart d’heure. "J’ai été prévenu une demi-heure avant le début du premier match entre le Racing et l’UBB, expliquait le directeur national de l’arbitrage Franck Maciello. Dans l’urgence, nous avons décidé que les 5e et 6e arbitres officieraient comme juges d’en-but durant les 15 premières minutes, comme à l’ancienne, avant le retour à la normale. C’était tout simplement impossible de faire de l’arbitrage vidéo en plan large, donc cela ne nous a même pas traversé l’esprit. Quand j’arbitrais encore, j’étais habitué à exercer sans vidéo. On verra si les arbitres d’aujourd’hui sont capables de survivre sans toutes les caméras !"

Pas de conséquences sportives et aucun carton distribué

Fort heureusement, le débrayage des techniciens d’AMP Visual TV a été sans conséquences sportives, puisqu’aucune situation n’a nécessité d’arbitrage vidéo lors des rencontres du samedi (aucun carton n’a même été distribué dans le premier quart d’heure des rencontres, hasard ou pas…). De quoi accueillir l’impromptu avec d’autant plus de compréhension, les grévistes ayant au moins eu le mérite d’avoir prévenu en amont les clients diffuseurs tout en garantissant un signal, fut-il minimal. "Nous prions nos abonnés de bien vouloir nous excuser pour ce désagrément indépendant de notre volonté, a réagi par communiqué à l’AFP Thomas Sénécal, directeur des sports de Canal +. Toutes les équipes de Canal + ont été mobilisées en urgence et nous mettons tout en œuvre afin d’assurer les diffusions les plus proches des standards proposés habituellement à nos abonnés. Nous espérons un retour rapide à la normale."

Sollicité par nos soins, le directeur de la rédaction rugby de Canal + Eric Bayle n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, nous assurant par SMS "ne pas souhaiter réagir officiellement au-delà du communiqué". Signe que les secousses générées par ce petit mouvement social, eussent-elles été sans conséquences, n’en ont pas moins été prises au sérieux.