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Josh van der Flier : "Nous devrons chasser Dupont en groupe"

Par Marc Duzan
  • Josh van der Flier, troisième ligne hyperactif du Leinster
    Josh van der Flier, troisième ligne hyperactif du Leinster Icon Sport - ActionPlus
Publié le Mis à jour
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Il est certes le nouvel ambassadeur d’Eden Park, la marque de vêtements créée par Franck Mesnel et Eric Blanc. Mais Josh van der Flier est surtout le meilleur joueur du monde et en tout état de cause, n’a pas prévu que la campagne en Champions Cup du Leinster s’arrête samedi, face à Toulouse…

À quoi vous attendez-vous face à Toulouse, le week-end prochain ?

C’est un immense challenge qui s’offre à nous. Comme tout le monde, j’ai vu la dernière performance des Toulousains contre les Sharks (54-20) et ce fut vraiment très impressionnant. On a souvent tendance à mettre en avant la ligne de trois-quarts de cette équipe mais ce jour-là, face à un cinq de devant sud-africain particulièrement solide, les avants toulousains ont dominé leur sujet. Nous savons que si nous voulons les battre, nous devrons jouer notre meilleur rugby. Ce qui ne s’est pas produit si souvent que ça, depuis le début de la compétition…

Qui sont, pour vous, les joueurs clés du Stade toulousain ?

Il y a quelques superstars à bord, chez eux… Antoine Dupont, évidemment, est un joueur spécial. Thomas Ramos, par sa capacité à attaquer tous les ballons, est un autre problème à gérer. Quant à Emmanuel Meafou, il fait de gros dégâts par sa puissance. Je pourrais en citer quelques-uns, comme ça… Vous avez la journée ? (rires)

Mais Toulouse sera une tout autre bête, samedi...

En tant que flanker, n’aurez-vous pas de plan "anti Dupont" ?

Pour avoir joué quelques fois contre lui, je sais que je ne pourrai le stopper tout seul. Il faudra le chasser en groupe, en équipe, pour lui réduire l’espace. Sinon, il fera ce qu’il veut et l’après-midi risque d’être très longue…

L’an passé, vous aviez déjà croisé Toulouse au même stade de la compétition. Qu’avez-vous retenu de ce match ?

La rencontre n’avait pas connu le moindre round d’observation. C’était parti à toute vitesse et au bout de cinq minutes, mes poumons brûlaient déjà. Le soutien de notre public, à l’Aviva, nous avait néanmoins portés vers la victoire. […] On avait ce jour-là réalisé une grosse performance (40-17), probablement la meilleure du Leinster sur ces quatre dernières années… Mais Toulouse sera une tout autre bête, samedi...

On connaît la rivalité ancestrale qui oppose Leinstermen et Munstermen : serez-vous aussi supporté samedi par les rugbyphiles de Cork ou de Limerick ?

(il éclate de rire) J’aimerais le croire mais je ne suis pas certain, pour tout vous dire !

Beaucoup de gens pensent le Leinster invincible, cette saison. Êtes-vous d’accord avec ce constat ?

Pas du tout, non. On joue bien depuis le début de la saison mais ce fut aussi le cas l’an passé… et La Rochelle nous a pourtant battus en finale (24-21). Un excès de confiance serait la pire chose qui puisse nous arriver, avant cette demi-finale

Néanmoins, le Leinster actuel ressemble à s’y méprendre à la sélection irlandaise, actuelle première nation mondiale. Est-ce juste, vis-à-vis des autres équipes en lice en Champions Cup ?

Je vais vous dire une chose : si vous regardez notre équipe actuelle, vous trouverez évidemment beaucoup de joueurs internationaux et quelques-uns des meilleurs joueurs du monde à leur poste, tels Caelan Doris (numéro 8) ou Hugo Keenan (arrière). Mais si vous remontez à trois ou quatre ans en arrière, ce n’était pas le cas : nous étions déjà tous là mais étions juste des espoirs entourés par un super staff (Stuart Lancaster, Leo Cullen et Felipe Contepomi) et de grands joueurs, comme Johnny Sexton, Rob Kearney ou Sean O’Brien. On a appris ensemble. On a grandi ensemble. […] Il y a quelques années, quand les gens regardaient notre équipe, ils se disaient : "Je ne connais pas grand monde, au Leinster..." Ça a changé, depuis.

Comment expliquez-vous la dernière défaite en finale, contre le Stade rochelais à Marseille ?

On connaît tous les qualités de La Rochelle : un énorme paquet d’avants, de gros porteurs de balles et une détermination sans faille. À Marseille, cette finale ne s’était jouée à rien… Mais au moment où les Rochelais avaient élevé l’intensité, nous avons subi, avons été pénalisés et perdre ainsi, à la dernière seconde du match, ce fut finalement très dur à encaisser pour nous tous.

Durant la phase régulière,cette saison, le Leinster ne tentait pas les pénalités mais jouait systématiquement les pénaltouches. Pour quelle raison ?

Déjà, sept points valent mieux que trois ! Et puis, tout dépend de la façon dont nous nous sentons sur le terrain, au jour J : si nous, joueurs, sommes en confiance et même si sur ce coup-là les coachs préfèrent les trois points, on ira chercher le maul pénétrant et l’essai. C’est une question de feeling, de lecture...

Vous connaissez Stuart Lancaster sur le bout des doigts. Qu’amènera-t-il au Racing, la saison prochaine ?

Stuart est quelqu’un de très spécial, pour moi. Il fut un très bon numéro 7 dans sa jeunesse et m’a donc donné beaucoup de conseils, au fil de ma carrière. Je suis triste de le voir partir et j’espère que le Racing mesure la chance qu’il a de récupérer Stuart, la saison prochaine. J’espère juste qu’il ne leur donnera pas tous nos secrets ! (rires)

Vous souvenez-vous du jour où vous avez été élu meilleur joueur du monde ?

Comment l’oublier ? La cérémonie avait lieu à Monaco ce soir-là et j’étais évidemment à des lieus de croire que je gagnerais. Quand mon nom est sorti du chapeau, j’ai donc pensé que ce n’était pas réel… (il marque une pause) Il y avait aussi quelque chose d’étrange, dans tout ça : c’était une distinction personnelle dans un sport collectif ; et puis, un flanker n’est pas comme un ailier ou un avant-centre au football : il ne peut rien faire tout seul…

Qui avez-vous aussitôt appelé ?

Mes parents. Ils étaient en larmes…

Qu’avez-vous fait évoluer dans votre jeu, ces deux dernières saisons ?

J’ai essayé de me mettre davantage en danger balle en mains et d’être aussi plus égoïste, peut-être… Avant, j’étais juste heureux de faire le sale boulot et de plaquer pour les autres.

Je prie avant chaque repas et avant chaque match pour remercier Dieu de m’avoir protégé

Quel fut le déclic, au juste ?

Il y a deux ou trois ans, Will Connors (autre flanker du Leinster) m’est passé devant et a disputé les phases finales de la Champions Cup. Il était meilleur, il n’y avait aucun doute là-dessus. J’ai alors décidé de voir ce que je pouvais faire pour devenir meilleur…

On dit aussi que vous étiez trop léger, au début de votre carrière…

Oui, clairement. J’ai souvent été l’avant le plus léger du pack. Plus jeune, j’ai donc décidé de changer radicalement de morphologie : je suis monté à 109 kg (il en fait 103 aujourd’hui, N.D.L.R.), je n’arrêtais pas de manger et faisais de la muscu neuf fois par semaine, soit deux fois plus que lorsque j’ai intégré le Leinster… Mais c’était ridicule et cela me privait, en fait, de mes qualités naturelles : l’endurance, la vitesse… J’ai aujourd’hui trouvé le juste équilibre.

Vous sentez-vous plus surveillé qu’auparavant, maintenant que vous êtes le meilleur joueur de la planète ?

Disons qu’il y a certains matchs où je me suis retrouvé en possession du ballon avec soudainement trois mecs autour de moi ! J’avais peut-être plus d’espace par le passé, c’est vrai...

Vous êtes semble-t-il très croyant. Comment cette foi se concrétise-t-elle, au quotidien ?

Je prie avant chaque repas et avant chaque match pour remercier Dieu de m’avoir protégé, de m’avoir donné de la force. Je porte aussi une croix sur le poignet droit, les jours de match. (il soupire) Je ne sais pas… Cela me permet juste de me relaxer, de penser qu’il existe des choses beaucoup plus grandes que moi et mon sport… Ça me fait du bien…

Quelle est votre histoire personnelle ? Eu égard à votre patronyme, on a longtemps cru que vous étiez sud-africain…

Mon grand-père a quitté les Pays Bas dans les années 50 pour s’installer à Dublin, où il vendait des radiateurs. C’est une bonne idée de vouloir réchauffer les gens en Irlande, n’est-ce pas ? (rires) Puis mon père, Dirk, a goûté au rugby et j’ai hérité de sa passion pour ce jeu. Ma maman, elle, est irlandaise et originaire du Kilkenny. Mais je comprends que tout le monde m’ait longtemps pris pour un Sud-Africain !

Que ferez-vous, Josh, si vous êtes champion du monde à l’automne 2023 ?

J’ouvrirai une bouteille de champagne ! Car ce serait l’endroit et le moment idéal pour faire ça, non ?

Vous êtes hors-jeu !

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