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Top 14 - Comment Gabin Villière s’est relevé de ses blessures

Par Mathias Merlo.
  • Gabin Villière (Toulon).
    Gabin Villière (Toulon). Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Remis de ses soucis au péroné, qui l’auront embêté pendant plusieurs mois, l’ailier casqué savoure son retour à la compétition. Plus déterminé que jamais, l’international français a profité de cette coupure forcée pour réaliser une large introspection.

Il est arrivé sur le synthétique du Campus, avec un large sourire. En une semaine, Gabin Villière a effectué une tournée médiatique : « C’est bon signe… » En effet, reparti pour plusieurs mois à l’infirmerie, l’intéressé avait choisi de se recentrer sur lui-même, loin du club et du brouhaha des journalistes, pour revenir régénérer. « A l'heure actuelle, je me sens prêt, je me sens bien. Il y a encore du travail, des détails à régler, mais en tout cas, l'envie est toujours aussi présente, si ce n'est plus qu’auparavant. Tout ce que j'ai pu vivre, tous les pépins que j'ai pu avoir, maintenant, c'est du passé, ça m'a même beaucoup servi. Il y a eu toutes les phases avec des moments compliqués et d’autres plus simples. Depuis mon retour sur les terrains, je me rends compte que ça valait la peine de faire tous ces efforts et d’être passé par là. »

Au-delà de la blessure physique, le natif de Vire a été contraint de gérer « une frustration mentale ». « Ce n’est pas grave d’avoir une blessure, on y passe tous. Par contre, l’enchaînement a été difficile à gérer. Revenir un match pour rechuter à chaque fois… La blessure en elle-même n’est pas compliquée. Mais, quand tu reprends le goût de la compétition et qu’on te l’enlève (il grimace). Tu repars à zéro avec encore plus d'agacement. Pourtant, je n’ai jamais repris trop tôt. J’étais à 100% dans la tête et dans mon corps. Il n’y avait pas de regrets par rapport à ça. Il y avait juste de l’énervement par rapport au fait que ça retombe à chaque fois sur moi. »

 

Villière s’est appuyé sur la « force » de sa compagne

 

Allongé sur son sofa, l’ex-Rouennais a eu le temps de ruminer face à une routine bien différente de celle d'un sportif de haut niveau. « La première fois, je venais régulièrement au stade, j'avais besoin d'être avec les mecs, de faire les réunions au Campus. Même si j'étais en béquille, même si j'étais blessé, même si je ne faisais pas grand-chose, j’avais le besoin de vivre avec les mecs pour ressentir le truc comme si j'y étais. Sur la deuxième, je n'ai pas pu parce qu'au final c'était... un crève-cœur ! J’avais le sentiment de ne pas servir à grand-chose. J’ai décidé de prendre du recul, de rester chez moi tout en prenant des nouvelles des mecs et en les regardant à la télévision. »

Il avoue ne pas avoir fait grand-chose « hormis se reposer ». « Le temps a été long, je ne me suis pas découvert d’autres passions (rires), car je suis très centré sur le sport et... Je ne pouvais rien faire ! Je suis resté avec ma compagne, elle a été d’un énorme soutien pour traverser cette épreuve. » Comme le veut la maxime, derrière chaque grand homme se cache une femme. Avec Gabin, qui n’a pas ressenti le besoin de discuter avec un spécialiste pour vider sa rage, il y a Jade. « Ce n’est jamais facile pour les compagnes de joueur, car on ne peut rien faire après les opérations. Je n’étais pas mobile, et il y a eu des périodes compliquées dans la vie de tous les jours lorsque j’étais plâtré. Mais, elle était là, je pouvais compter sur elle et sa force. Et, je sais que je n’étais pas facile. »

Sans mettre son casque, le vainqueur du Grand Chelem 2022 est comme un lion en cage. « Quand je ne me dépense pas, cette énergie reste à l’intérieur. Elle ne sort pas et donc elle cause des sautes d’humeur pour des choses loin d’être graves. J’étais beaucoup plus sensible dans la vie quotidienne. Dans les moments de gros doutes, les moments durs, elle prenait soin de moi. On a beaucoup discuté. Maintenant que je suis de retour, je me rends compte de tout ce qu'elle a fait. »

 

Ces blessures successives m’ont fait grandir

De ces mois de réflexion, Villière sort désormais du positif. Avec côté face, l’envie de croquer encore plus intensément le rugby. « Pendant longtemps, je me suis demandé si c’était de la malchance ou si c’était de ma faute. En vérité, il y un peu des deux. J’en ai conclu que je ne pouvais pas changer mon style de rugby basé sur le combat. C’est ce qui m’a amené ici. Ça, c’est acté. En revanche, je peux en faire plus à la salle, travailler sur les à-côtés du terrain. Je dois renforcer mon corps pour qu’il puisse résister aux situations engendrées par mon jeu. Autre chose, pour l’alimentation, surtout en période de préparation, je m’accorde zéro marge de manœuvre pour me rétablir plus vite. Moi le gros viandard, j’ai même un peu ralenti (rires). »

Crampons dans le casier, du côté pile de la pièce, il promet aussi d’être moins saignant. « J’ai pris énormément en maturité. Ces blessures successives m’ont fait grandir, et le temps a été long pour me poser les bonnes questions. Je n’ai pas foncièrement changé. Je suis resté le même Gabin. Mais, je suis maintenant capable de prendre bien plus sur moi qu’auparavant. Je suis conscient de ce qui m’agace, et de mon impulsivité sur de petits tracas. Je parviens maintenant à faire le pas de côté pour me canaliser. Même si je dois encore affronter d’autres blessures, et si cela doit arriver ça arrivera, je saurais garder la tête haute face à l'adversité dans le quotidien. »

À bientôt 28 ans, on ne peut lui souhaiter que le cruel destin l’épargne à quelques mois de la coupe du Monde, événement coché dans son esprit à long terme. « Souhaitez-moi surtout de gagner deux titres pour cette fin de saison avant de penser au futur, répond-il sans hésiter. Ce serait le plus beau cadeau de cette fin de saison. »

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