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Bernard Lapasset, l’homme qui avait toujours trois coups d’avance

Par Jérôme Prévôt
  • Bernard Lapasset aux côtés de Nicolas Sarkozy, président de la république française.
    Bernard Lapasset aux côtés de Nicolas Sarkozy, président de la république française. Icon Sport - Icon Sport
  • Il avait toujours trois coups d’avance
    Il avait toujours trois coups d’avance
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Élu à la surprise générale en 1991, Bernard Lapasset devait être un président de transition, un peu falot. Il resta dix-sept ans à la tête de la FFR, fort de ses qualités de stratège et sa puissance de travail.

Bernard Lapasset est apparu en pleine lumière en décembre 1991 après une énorme crise fédérale. Il fut élu président de la FFR par le comité directeur à la surprise générale, alors qu’il n’était même pas candidat et que ce poste aurait dû revenir à Jean Fabre, le président du Stade toulousain, dont la liste était arrivée en tête aux élections précédentes. Mais au dernier moment s’était nouée une alliance contre nature entre une partie des candidats de la majorité (lire notre encadré) et ceux de l’opposition menée par Robert Paparemborde. Ils avaient mêlé leurs voix pour mettre Jean Fabre en minorité et porter Bernard Lapasset au pouvoir.

Voilà comment il se retrouva dans le fauteuil de président au sein d’une FFR qu’il connaissait déjà pas mal. Il en était devenu le secrétaire général depuis six mois. De toute façon, il avait un avantage sur les autres barons qui auraient pu briguer la place : il vivait à Paris, puisqu’il était président du comité Île-de-France. Il était souvent fourré à la Fédération et en maîtrisait déjà pas mal d’arcanes. Il connaissait bien Jean-Claude Darmon, grand argentier du rugby et du foot. Il avait été élu sur la liste Ferrasse dès 1982 avant de monter les échelons avec discrétion et efficacité. Au moment de la grande crise de 1990, quand le pouvoir fut presque vacant, il avait fait tourner la boutique en expédiant les affaires courantes avec Jean-Louis Barthès.

On découvrit un ancien deuxième ligne d’1,91 mètre, diplômé en droit. Un haut fonctionnaire aux manières policées et qui avait fait carrière dans les douanes (au point de créer un club dans cette administration). Son père, aussi, y avait travaillé et il avait aidé Albert Ferrasse, en difficultés personnelles, à lancer une affaire de… transitaire en douanes à Agen. Ça ne s’invente pas et ça crée des liens très forts. À peine élu, le nouveau président nomma Pierre Berbizier sélectionneur du XV de France. Une première décision forte, avec au-dessus de lui Paparemborde en manager.

L’art de savoir naviguer

Au tout début, Bernard Lapasset renvoya l’image d’un président de transition, un homme falot qui se ferait "manger" par un Robert Paparemborde plus glorieux que lui. C’est le contraire qui se produisit, Bernard Lapasset se révéla très vite un stratège et un manœuvrier hors pair. Il profita d’une défaite à domicile des Bleus à Nantes, face à l’Argentine, pour virer le trop pressé "Patou" (et non, Berbizier comme on aurait pu le croire). "Le douanier" put ainsi affirmer son pouvoir.

Il restera jusqu’au début 2008 à la tête de la FFR, en s’appuyant sur le système des grands électeurs qui avait fait ses preuves avec son célèbre prédécesseur et sur quelques alliés sûrs, tels Jacky Laurans ou Claude Atcher.

Lapasset démontra vite des qualités de sang-froid, de calcul pragmatique, ainsi qu’une grosse puissance de travail. On disait qu’il avait souvent deux ou trois coups d’avance et qu’il avait l’art d’être sous-estimé, pour mieux s’imposer comme un étrangleur ottoman. Il dut faire face à bien des défis, l’installation des Bleus au Stade de France, énorme vaisseau imposé à la FFR par l’État : "C’était très dur à gérer. La convention s’apparentait presque à un contrat léonin", nous détailla un jour Alain Doucet, qui fut longtemps son secrétaire général. À son actif, la création du CNR de Marcoussis ainsi que deux déménagements du siège de la FFR et bien sûr l’apparition du professionnalisme (lire ci-dessous). Lapasset savait naviguer, c’est incontestable, même par gros temps. Dans les années 90, il dut subir une campagne de presse terrible qui mettait en cause sa probité. Il en sortit indemne, sans condamnation ni mise en examen. Il poursuivit sa route jusqu’aux plus hautes sphères internationales (lire page 4).

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