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Serge Blanco sur sa relation avec Bernard Lapasset : "Il y a eu quelques mélodrames…"

Par Marc DUZAN
  • Bernard Lapasset et Serge Blanco Bernard Lapasset et Serge Blanco
    Bernard Lapasset et Serge Blanco Midi Olympique - Bernard Garcia
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L’ancien président de la Ligue Nationale de Rugby fut un ami proche de Bernard Lapasset, il en fut aussi un fier rival politique, à l’époque où ligue et fédération s’affrontaient déjà sur de multiples terrains…

Comment avez-vous appris la disparition de Bernard Lapasset ?

Je savais que depuis quelques jours, son état de santé s’était largement détérioré. Et mardi soir, son épouse Jacqueline m’a donc appelé pour m’apprendre son décès. J’ai été très touché : au fil des ans, nous n’avions jamais rompu le contact, tous les deux. On avait même passé un très bon moment ensemble, il y a quelque temps, lors d’une finale de rugby amateur.

Quel président de fédération était-il ?

Déjà, il faut saluer la longévité de Bernard Lapasset à ce poste exigeant puisqu’il est resté en place pendant dix-sept ans (de 1991 à 2008, N.D.L.R.). Et il n’a alors même pas été battu par un quelconque rival puisqu’il a cédé sa place à Pierre (Camou) pour prendre la présidence de World Rugby ! C’est éloquent.

Comment était-il arrivé au pouvoir, au juste ?

Dans le brouhaha et le chaos… À l’époque, la FFR était en effet très tourmentée : il y avait des combats de chefs et finalement, Jean Fabre s’était fait un peu doubler par Albert Ferrasse, qui avait alors soutenu Bernard (Lapasset). Ce fut une période difficile pour lui puisqu’il lui fallut aussitôt tout reconstruire, tout moderniser. Son second souffle, il l’a véritablement trouvé lors de son second mandat de président, après avoir remis la Coupe du monde à Nelson Mandela et aux Springboks (Lapasset était alors patron de l’International Rugby Board, N.D.L.R.).

En quel sens ?

Son premier grand projet fut de donner au rugby français et au XV de France un instrument de travail digne de ce nom : le CNR de Marcoussis. Avant ça, la FFR n’avait pas de lieu à elle et la sélection nationale se promenait de Rueil-Malmaison au Château Ricard : tout ça coûtait beaucoup d’argent, forcément… […] La création de Marcoussis n’a pour autant pas été facile à faire accepter aux dirigeants fédéraux qui, depuis des années, avaient leurs habitudes rue de Liège, au cœur de Paris. Bernard Lapasset, avec toute sa finesse, a fait déménager la FFR pour mieux la transformer et lui offrir son indépendance.

Grâce à toutes ses actions, Bernard Lapasset a permis au rugby français d’exister sur une scène internationale d’où il était jusqu’ici écarté…

Qu’est-ce qu’il vous a aussi marqué, dans son mandat ?

C’est lui qui, en 1995, a déclaré au crépuscule du Mondial sud-africain que le rugby était désormais "open"* mais que la France attendrait encore un moment avant de basculer vers le professionnalisme. Ça nous avait tous un peu perturbés, à l’époque… Puis au bout de quelque temps, nous avons finalement mis en place une première commission du rugby d’élite, la CNRE, avant de créer la Ligue Nationale de Rugby en 1998. L’aventure du rugby professionnel en France était lancée…

Une Ligue dont vous étiez d’ailleurs le président…

Oui, et je le suis resté pendant dix ans. À l’époque, on partait d’une page blanche, d’un budget de 25 millions d’euros (contre 120 millions d’euros aujourd’hui, N.DL.R.). J’avais pour mission d’aider des clubs, amateurs depuis toujours, à se transformer en quelques mois. Ceci accompli, est rapidement venue sur la table la question de la libération des internationaux…

Déjà ?

Et oui ! Avec Bernard (Lapasset), nous sommes alors entrés dans une période négociations quasi permanentes. Il y a eu de temps en temps quelques mélodrames sur le prix des joueurs, les calendriers et on a mené quelques combats, lui et moi. Mais de ces combats sont nés plein de choses : un syndicat des joueurs, des conventions Ligue / FFR qui se poursuivent encore aujourd’hui. […] Bernard Lapasset était un batailleur mais tous les deux, on a toujours su trouver un terrain d’entente dans l’intérêt du rugby français.

Il est également avéré que Bernard Lapasset a beaucoup œuvré, en coulisses, pour revenir le rugby aux Jeux Olympiques…

Oui. Il s’est beaucoup battu pour ça. À l’époque, les gens auraient voulu que le rugby revienne aux JO sous la forme du 15 mais Bernard avait de son côté compris que c’était injouable, eu égard aux temps de récupération inhérents à notre discipline et à la courte durée de l’épreuve (les Jeux Olympiques durent quinze jours, N.D.L.R.). L’entrée du rugby à 7 au comité national olympique a aussi permis à des petites nations du rugby d’exister aux yeux du monde et ça, c’est l’une des plus belles réussites de Bernard Lapasset. En menant toutes ces actions au travers du monde, il a permis au rugby français d’exister sur une scène internationale d’où il était jusqu’ici écarté…

* Ouvert, soit professionnel

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