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Transferts. Top 14 - Managers, entraîneurs : un marché de dingue !

Par Pierre-Laurent Gou
  • Christophe Urios, manager de l'ASM Clermont.
    Christophe Urios, manager de l'ASM Clermont. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Urios, Bru, Azéma, Broncan, Quesada, Collazo, Davidson… Les mouvements se multiplient dans les staffs. Au point que le métier d’entraîneur devient de plus en plus précaire. Tendance profonde ou problème conjoncturel ? C’est à voir… Une évidence pourtant, la stabilité reste un facteur du succès.

Fort de ses 25 ans de carrière au bord des terrains, Philippe Saint-André a l’habitude de dire d’un entraîneur de rugby qu’il « garde le sourire à la première défaite ; reçoit le soutien de son président qui lui tape sur l’épaule à la deuxième ; dit à son épouse de préparer les valises à la troisième... » Champion de France avec le MHR l’an passé, « PSA » résume ainsi avec humour la précarité du poste. Une fonction qui apparaît de plus en plus instable en Top 14. Urios débarqué de l’UBB -et bientôt remplacé par Bru- avant de prendre la place de Gibbes à Clermont ; Quesada pas conservé à Paris et qui laisse la place à Labit ; Azéma qui va remplacer Arlettaz à Perpignan ; Davidson éjecté de Brive et qui rebondit à Castres qui s’est séparé de Broncan… Rien que pour les patrons des staffs, le jeu des chaises musicales a fonctionné à plein cette année. Et rien de moins chez leurs adjoints : Azam n’est plus à Montpellier, Zirakashvili a quitté prématurément Clermont, Charrier et Laïrle ne seront pas conservés à Bordeaux, Paillaugue va débuter une nouvelle carrière au MHR… Cette liste est loin d’être exhaustive.

Les présidents de Top 14 auraient-ils perdu le sens commun, au point de consommer les techniciens comme s’il s’agissait d’un achat compulsif ? « Une mission de trois ans est souvent la norme. Et puis, autant 90 % des joueurs vont au bout de leur CDD, autant pour les techniciens cela se finit presque systématiquement avant la fin contractuelle », nous glisse Miguel Fernandez, directeur chez CSM France (cabinet d’agents qui accompagne pas mal de managers) et, aussi, patron du syndicat des agents.
Un autre acteur du marché des entraîneurs, qui souhaite rester anonyme, précise que cette instabilité nouvelle sur le banc des entraîneurs est une des conséquences de la politique des Jiff. « Les vestiaires se sont « francisés » avec, du coup, une plus grande proximité entre joueurs et présidents. Mécontents, les joueurs n’hésitent pas à faire remonter leurs doléances à la direction. »

De la parole aux actes. à Lyon, un groupe de joueurs était ainsi reçu lundi et mercredi derniers par Yann Roubert. Sujet de la discussion : le management de Xavier Garbajosa; jugé trop «autoritaire» par une partie du groupe.

Un métier précaire mais très bien payé

« En Top 14, il n’y a qu’à Toulouse que l’institution est plus forte que les joueurs. C’est l’ADN de ce club et cela explique aussi la longévité de leur staff. Et peut-être aussi leur résultat... Il y a deux ans, quand Cheslin Kolbe a voulu une augmentation de salaire, le club n’a pas bougé et a finalement cédé son joueur à Toulon », témoigne Saint-André, un brin admiratif. Lui-même devrait prendre du recul avec le terrain à l’issue de la saison, et devenir vice-président du MHR. Il ajoute encore : « En fin de saison, de l’affiche Montpellier-Castres qui fut celle de la dernière finale de Top 14, il ne devrait pas rester grand monde sur le banc ! »
En effet, du côté des champions de France seul Jean-Baptiste Elissalde devrait rester en poste. Azam est parti à l’automne, Ruiz (Soyaux) et Reihana vont suivre. Chez les finalistes, Broncan est parti et sera imité à l’intersaison par Kockott.

Si le métier est précaire, il est en revanche très bien payé. La convention collective détermine à la fois un salaire minimum et une durée minimum de contrat. Mais, selon nos estimations, aucun entraîneur en place que ce soit en Top 14 ou en Pro D2, n’émarge à ce niveau. C’est beaucoup plus. « En Top 14, c’est entre 30 000 et 50 000 euros bruts par mois », glisse un acteur qui représente plusieurs « gros coachs », avant de poursuivre : « Il n’y a pas de grille de salaire, cela dépend du CV.Mais un poste du staff qui devient rémunérateur, c’est celui de préparateur physique. » Comme par hasard cette année, plusieurs clubs de Top 14 (Bordeaux, La Rochelle, Montpellier, Lyon...), ont connu ou vont connaître des modifications dans ce secteur.

Le cru 2023, pré-Coupe du monde, restera donc dans les annales chez les techniciens, avec toujours plus de mouvements. On verra dans les mois à venir s’il s’agissait d’une conjoncture ou d’un véritable mouvement de fond. « Des carrières à la Novès ou Mola à Toulouse, ou Travers au Racing, c’est terminé », prédit Fernandez.

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