L'édito : Seule, la belle Rochelle
L'édito du 19 mai 2023 par Léo Faure.
Toutes les interrogations, les craintes et les espoirs de cette semaine rochelaise tiennent finalement en une question : La Rochelle peut-elle le refaire ? À cette interrogation, qui croque à dents gourmandes dans le cortex des supporters maritimes depuis vingt jours et leur qualification pour la lutte finale, on trouve toutes les raisons d’y croire dur comme fer. On trouve autant de raisons de baisser pavillon sans attendre, de décommander l’avion pour Dublin, de grimper dans la bagnole pour traverser le pont de l’île et de se faire la santé à coups d’huîtres rétaises.
D’un côté, le Stade rochelais de cette saison est déjà plus fort que celui champion d’Europe en 2022. Sur cela, on ne jettera pas le voile d’un doute. Il est plus complet, mieux armé, plus expérimenté, plus affamé, plus confiant que ce qui lui avait déjà suffi à régner sur le continent il y a un an. C’est dire la puissance.
Jonathan Sexton, aussi, ne sera plus de la partie. C’est tout sauf anodin. Même le philharmonique de Vienne joue en dissonances quand manque le chef d’orchestre.
D’un autre côté, l’adversité qui se plantera au front des Rochelais ce samedi sera plus redoutable encore. Le Leinster jouera au Leinster et au nom du Leinster. Ce n’est pas rien. Animé de l’esprit de revanche et gonflé par les récents succès d’une équipe d’Irlande qui marche sur le monde, la province irlandaise cumule les attributs du super-club.
Aussi, cette jeune équipe irlandaise n’a pas vieilli, depuis un an. Elle a appris et grandi, encore loin de son âge de pleine maturité. L’avenir lui appartient, elle s’octroie déjà le présent.
Notre pronostic, alors ? On ne s’y risque plus. Et c’est l’heure des aveux. Ici, au long des débats qui animent la rédaction quand vient la détente, façon afterwork entre collègues redevenus potes quand sonne l’heure de la récréation, il se disait ceci : on aurait bien mis une pièce, même un billet sur les Toulousains en demi-finale face à ce Leinster, il y a un petit mois ; en revanche, on aurait mis bien peu de centimes sur nos chers Rochelais, l’an dernier, face à ce même Leinster, à ce même stade final de la compétition.
Ne lisez rien ici de cette partisanerie qu’on nous prête trop souvent. Nos prémonitions (ratées) tenaient plutôt d’une démarche analytique, froide, rationnelle, à laquelle le sport prête finalement peu d‘intérêt.
On s’était plantés, donc, vous l’aurez compris. On s’était trompés dans les grandes largeurs. Ce fut pour nous le plus grand des plaisirs, il y a un an, quand Arthur Retière pointa derrière la ligne d’en-but marseillaise l’essai de l’impossible.
La Rochelle l’a donc déjà fait. L’impensable, l’invraisemblable. Peut-elle le refaire ? Un an plus tard, l’illusoire ne semble plus l’être. Comme si le club caravelle était enfin légitime à briguer un titre de ce calibre, au rang du favori. Il n’est plus un invité surprise, dans les hautes sphères continentales. Il s’est même mué en maître de cérémonie. Ce qui répond finalement à la question initiale. Non seulement La Rochelle peut le refaire. Mieux encore : si le Leinster sera l’hôte, le Stade rochelais s’avancera en patron.
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