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Champions Cup - Ronan O'Gara (La Rochelle) : « Notre plan, c’est d’établir une dynastie »

Par La rédaction.
  • Romain Sazy, Ronan O'Gara et Grégory Alldritt (La Rochelle).
    Romain Sazy, Ronan O'Gara et Grégory Alldritt (La Rochelle). Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’homme fort des succès rochelais en Champions Cup est revenu sur l’incroyable scenario du match, mais aussi sur sa perception du métier et ses méthodes.

Quelle est votre sentiment après ce succès ?

C’est incroyablement bon, parce qu’on était vraiment mal en début de match. On a subi un rouleau compresseur pendant le premier quart d’heure. On savait qu’ils allaient nous proposer quelques astuces mais pas ça, au bout 45 secondes de jeu... Le Leinster a vraiment réalisé une entame fantastique. Au bout de 5 minutes, il y avait 12-0, puis 17-0 à la 11e... C’était très compliqué, ce n’était évidemment pas le plan. Nous avons développé une culture très intéressante au sein de l’équipe. Cela aurait été facile de renoncer dans ces conditions, et les joueurs ont fait tout l’inverse. Ils ont réalisé un effort gigantesque à 23 hommes et montré une détermination de vrais champions.

Avez-vous conscience d’avoir marqué l’histoire ?

Oui, on a marqué l’histoire et je suis fier de ce groupe. Il y a deux ans, Romain Sazy était un joueur historique de La Rochelle. Aujourd’hui, Romain Sazy est une légende. Il y a de grands leaders dans cette équipe, les Uini Atonio, Greg Alldritt, Will Skelton, Brice Dulin… C’est énorme de partager l’énergie qu’insufflent ces tops joueurs. Je suis très fier d’eux car dans un contexte extrêmement difficile, ils ont trouvé des solutions. Je pense que nous sommes entrés dans la catégorie des équipes spéciales, mais ce n’est que le début.

Votre capitaine, Greg Alldritt, a révélé qu’il ne s’était pas senti respecté par son vis-à-vis lors du toss...

Le toss, c’est toujours un moment bizarre. Greg était déçu de ne pas avoir été regardé dans les yeux, il a eu le sentiment de ne pas avoir été respecté. C’est comme ça : nous étions en terrain hostile, nous n’avons pour certains même pas réussi à trouver des chambres pour nos familles. Il fallait l’accepter. Nous étions peut-être encore vus avant ce week-end comme une petite équipe. Mais je pense que cela va changer maintenant...

On retiendra de ce match la pénaltouche que vos joueurs sont allés chercher comme un coup de poker à 10 minutes de la fin. Leur confiance est juste incroyable, non ?

L’image qui va me rester, c’est notre toute dernière touche : avec tous nos remplaçants qui sont entrés en jeu, on a malgré tout sauté à 17 mètres, sécurisé le ballon et gagné le match. Pour tenter ça, à ce moment du match, comme pour aller chercher la pénaltouche d’ailleurs, il faut vraiment que l’équipe croie en elle-même... Ce qui s’est passé est spectaculaire pour ce groupe. On a effectivement affiché beaucoup de caractère.

Vous entrez dans le cercle restreint des coachs double-vainqueurs de la compétition. Quelle est la méthode O’Gara ?

Il faut s’amuser, se régaler. Et une fois qu’on établit des valeurs qu’on respecte, les garçons ne peuvent qu’adhérer. Pour qu’un discours passe, il faut d’abord que les leaders adhèrent. Sinon, ce n’est pas possible. Ensuite, il faut avoir un comportement cohérent, instaurer une discipline. Mais la discipline, ce n’est qu’un mot… Par dessus, il faut mettre des actes concrets.

On dit souvent que les semaines de finale sont les plus difficiles pour un manager. Le confirmez-vous ?

J’ai eu la chance de ne ressentir aucune mauvaise onde parce qu’il n’y a pas de mauvais élément dans notre équipe. Mais en tant que manager, j’ai effectivement passé une semaine difficile. Parce qu’il n’y a que 23 places pour jouer une finale et que tout le monde veut y prendre part. Pour cela, je dois avoir des échanges avec tout le monde et ça prend beaucoup d’énergie. On «poignarde» les gars quand on leur annonce qu’ils ne jouent pas. En 10 secondes, on peut leur faire perdre leur confiance en eux, leurs valeurs. Ça me fait mal à moi, ça leur fait mal à eux. C’est pourquoi je veille avec beaucoup d’attention sur eux, car il faut qu’ils soient en état d’être performants si l’on doit faire appel à eux.

Malgré les mésaventures de Toulouse en demi-finale face au Leinster, vous aviez aussi opté pour un banc avec seulement deux trois-quarts. Pourquoi cette prise de risque ?

C’est votre perception. Nous, on raisonne davantage en termes d’opportunités. En réalité, notre banc n’était pas en 6-2 mais en 6-4. On a testé certaines combinaisons hier, avec Botia au centre, Paul Boudehent à l’aile. Je suis sûr que par moments, certains joueurs se sont dits : « Mais c’est quoi cet Irlandais fou qui veut essayer ça ? » Sauf que si certains de nos joueurs avaient eu un problème et qu’il avait fallu parer au plus pressé, on ne pouvait pas s’attendre à ce que ça marche si on n’en avait pas parlé un peu avant... On n’a pas eu besoin de s’en servir cette fois, d’ailleurs tous nos trois-quarts ont joué 80 minutes. C’est dommage pour Thomas Berjon et Jules Favre mais c’est le jeu.

Il y avait comme un air de passation de pouvoir avec cette deuxième victoire en finale face au Leinster, devant son public cette fois. La Rochelle est-elle partie pour devenir la nouvelle dynastie du rugby européen ?

Etablir une dynastie, c’est l’idée, c’est le plan. On a bien vu que tout ça ne se joue à rien. Pour un petit point, pour une transformation manquée peut-être, on est heureux alors qu’eux sont déçus. C’est brutal, mais il faut être brutal dans sa tête quand on est coach ou joueur de haut niveau, être sans pitié. Nous, on a perdu une finale de Top 14, deux finales de Champions Cup. On a compris à ces occasions que pour gagner, ce qu’on est capable de faire pendant la saison n’est pas suffisant. Ce que l’équipe a démontré à Dublin est incroyablement positif : elle a prouvé qu’elle n’avait pas de limite.

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