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Champions Cup - La Rochelle : de l'entame démoniaque du Leinster à l'essai de Seuteni, un exploit en six actes !

Par Nicolas Zanardi
  • L'essai de Seuteni face au Leinster.
    L'essai de Seuteni face au Leinster. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
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Du chef-d’œuvre technico-tactique du Leinster dans les dix premières minutes à l’essai de la gagne signé Georges-Henri Colombe, cette finale européenne appelée à entrer de plain-pied dans la légende a basculé au gré d’incessants rebondissements. Retour sur guerre…

Acte 1 : l'entame démoniaque du Leinster

On s’attendait à l’enfer pour les Rochelais, mais le début du match du Leinster alla encore probablement au-delà tant, de mémoire de journaliste, on jure n’avoir jamais vu une équipe maîtriser à ce point son rugby que les Irlandais durant les dix premières minutes. De la magnifique combinaison en touche (feinte de saut de Molony, circulation puis infiltration de Conan entre Atonio et Skelton) qui envoya Sheehan à l’essai au bout de 42 secondes, au doublé du talonneur irlandais dès la 11e, qui vit le demi de mêlée Gibson-Park exploiter avec intelligence l’absence dans le côté fermé de son vis-à-vis Kerr-Barlow (expulsé temporairement), les dix premières minutes du Leinster furent tout bonnement une perfection. Et l’on n’oublie pas, pour la bonne bouche, ce 50 : 22 trouvé par Lowe sur l’aile de Leyds pensé comme un lancement de jeu à part entière, ou bien évidemment cet enchaînement de tableau noir qui vit les avants irlandais pilonner la défense pour "resserrer" Seuteni et Rhule. Et ce jusqu’à provoquer le décalage fatal, qui permit à O’Brien de marquer en coin au bout d’une longue passe de Byrne, alors que le chronomètre indiquait 5’42’’. Une pure merveille de rugby, conclue sur le score de 17-0 en défaveur des Rochelais dont on craignait alors qu’ils ne s’en remettent jamais. Ce qui était bien mal les connaître…

Acte 2 : Danty-Seuteni, les essais de l'espoir

Qu’est-ce qui permit aux Rochelais d’espérer, d’abord ? Eh bien, rien moins que leur paire de centres qui eut le mérite d’entretenir l’espoir à pratiquement elle seule. Parce que c’est bien tout seul, comme un grand qu’il est devenu, que Jonathan Danty inscrivit le premier essai des siens. Sans autre choix que de venir à hauteur d’Hastoy après une mêlée où Dulin jouait le rôle de demi de mêlée. Le centre du XV de France envoyait Ringrose sur les fesses d’une percussion frontale avant de résister au retour de Henshaw pour un pur essai d’auto-tamponneuse. Loin des canons esthétiques, vous dites ? Peut-être. Reste que voir leur partenaire avancer de la sorte rendit évidemment leur moral aux Rochelais, qui eurent même la bonne idée de doubler la mise juste avant le retour aux vestiaires. Juste après une occasion de contre en dribbling manquée de peu par Boudehent à la 36e, les Maritimes profitaient du renvoi d’en-but suivant pour réinvestir la moitié de camp irlandaise. Douze temps de jeu plus tard qui virent les Rochelais utiliser toutes les formes de jeu possibles et imaginables (direct, dans le dos, au large, dans le côté fermé, au près, au milieu…) et sur lesquels tous leurs gros porteurs s’illustrèrent, UJ Seuteni profitait d’une montée en pointe de Ringrose sur Hastoy pour s’infiltrer sans opposition. À 23-14 à la pause, comme le disait Alldritt, "la dynamique n’était plus la même". Les Irlandais commençant même à céder à l’agacement, jusque dans le couloir des vestiaires…

Acte 3 : la sortie de Ryan

Les raisons du doute irlandais ? Elles sont très probablement à chercher, en réalité, entre les deux essais rochelais. À la 19e exactement, le capitaine irlandais James Ryan prit involontairement le genou de Reda Wardi à l’arrière du crâne, alors qu’il venait d’assener un plaquage positif à Skelton. Privés de l’homme qui parvenait jusqu’alors à tenir en cage le phénomène de La Rochelle et à perturber les mauls maritimes, les Irlandais commencèrent alors à céder au doute. L’absence de vrai leader ne se démentant plus jamais jusqu’à la fin du match, entre erreurs techniques, contagion négative et mauvais choix. Comme celui de ne pas tenter la pénalité à la 75e, par exemple…

Acte 4 : super banc et marche en avant

Le capitaine Gregory Alldritt l’a amplement souligné : son équipe a bien "gagné à 23". C’est ainsi que les entrées de Bourdeau puis Dillane et en troisième ligne permirent de redoubler d’intensité, tout comme celle d’un Lavault vexé à la place de Sazy. Mais c’est évidemment au niveau de la première ligne que les entrants eurent le plus d’impact, avec un Lespiaucq ultra-précis dans ses lancers, un Sclavi qui acheva le travail de sape de Wardi en mêlée (jusqu’à remporter un ballon sur introduction irlandaise à la 67e) tandis que Colombe apportait sa masse dans les ballons portés. Un exercice qui vit les Rochelais gagner plus de 100 mètres cumulés, ce qui leur permit d’occuper le terrain 75 % du temps en deuxième période. De quoi rendre l’issue inéluctable...

Acte 5 : le choix de la pénaltouche

En rugby, dominer n’est pas gagner. Encore faut-il être capable de porter l’estocade et c’est précisément ce que les Rochelais ont fait à la 68e. Alors qu’ils venaient d’obtenir une pénalité 22 mètres en face, que la prudence recommandait de taper pour revenir à 3 points, les leaders rochelais firent alors le choix audacieux de la pénaltouche, comme un an plus tôt à Marseille. "Avant de prendre la décision, j’ai regardé tous les autres, et ils étaient tous d’accord avec moi, racontait le capitaine Greg Alldritt. Avec beaucoup d’humilité, on est très sûrs de nos forces. On savait que si l’on prenait trois points, il faudrait gérer le renvoi derrière. Alors, on a profité d’être dans leurs 22 mètres pour insister et chercher à passer directement devant au score." Un entêtement, ou plutôt une foi inébranlable qui finit par payer puisqu’après 3 tentatives et une multiplication de fautes irlandaises (qui valurent à Kelleher un carton jaune), Colombe parvint enfin à franchir la ligne d’en-but pour un essai transformé comme à la parade par Antoine Hastoy. Celui de la gagne…

Acte 6 : le carton rouge d'Ala'atoa

Il était évidemment écrit que les Irlandais ne resteraient pas sans réagir, dans une fin de match rendue encore plus irrespirable par le carton jaune infligé à Danty pour un plaquage haut sur Doris (75e). C’est alors que le Leinster fit le choix de ne pas tenter la (certes difficile) pénalité pour mieux pilonner l’en-but rochelais. "Nous avions 100 % confiance en Ross Byrne mais nous avons fait le choix de trouver la solution collectivement plutôt que de faire peser la pression sur notre seul buteur", commentait le centre Garry Ringrose. C’est ainsi qu’après ce choix un brin prétentieux et trois minutes de bras de fer, le Wallaby Mike Ala’alatoa commit l’irréparable en déblayant à l’épaule Georges-Henri Colombe au niveau du crâne, le sonnant pour le compte… La sentence de M. Peyper était irrévocable : carton rouge. Et fin des espoirs pour ce Leinster qui venait définitivement de fondre les plombs, à l’image de cette dernière faute stupidement commise par le meilleur joueur du monde Josh Van der Flier à la 79e, gâchant définitivement les espoirs des siens.

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