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Champions Cup - La Rochelle : une folle remontée pour l’histoire

Par Vincent Bissonnet
  • Les Rochelais peuvent laisser éclater leur joie à l’image de Sébastien Boboul, Ronan O’Gara, le président Merling ou encore Gregory Alldritt.
    Les Rochelais peuvent laisser éclater leur joie à l’image de Sébastien Boboul, Ronan O’Gara, le président Merling ou encore Gregory Alldritt. Midi Olympique - Patrick Derewiany - Midi Olympique - Patrick Derewiany
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La finale de Champions Cup disputée samedi à Dublin qui a sacré La Rochelle aura sûrement été la plus belle de toutes. Et la plus folle. Les Maritimes ont en effet rattrapé un retard de dix-sept points dans l’antre du Leinster pour s’offrir une deuxième étoile. retour sur un exploit incroyable.

Il y a des victoires finales qui vous honorent d’un titre, d’une ligne au palmarès, et il y en a d’autres, plus rares, qui vous propulsent dans la légende. Ce samedi, La Rochelle a fait bien plus qu’ajouter une deuxième Champions Cup dans son armoire à trophées ; elle a marqué l’imaginaire populaire et l’histoire moderne de son jeu pour des années en réalisant la plus formidable performance sûrement jamais accomplie en finale de la reine des épreuves (inter)continentales. Elle a vaincu le terrible Leinster dans son antre (27-26), après avoir compté dix-sept points de retard… Si ces mêmes Irlandais avaient remonté vingt et une unités contre Northampton, en 2011, le contexte et l’adversité étaient tout autres.

Formidable, insensé, improbable, irrationnel : chacun pouvait y aller de son qualificatif pour décrire le scénario du jour qui a vu les visiteurs passer du pire au meilleur, de l’enfer au paradis. «Il n’y a pas de mots. C’est fantastique, c’est fou», hallucinait Romain Sazy. «Ça a été incroyable, s’extasiait Grégory Alldritt. Il y a tellement d’émotions qui se bousculent dans ma tête.» Dans l’euphorie du moment, Paul Boudehent en venait à tout mélanger, les points et les minutes : «Quand je vois qu’à la 17e minute, il y avait 17-0. Ah bon, c’est dès la 10e ? Ouah, ça, c’est raide.»

Le troisième ligne avait beau l’avoir vécu, il parvenait tout juste à y croire : la remontée fantastique maritime dépasse, il est vrai, l’entendement. Comme le début de partie des Irlandais, d’une certaine manière. Un rêve absolu de technicien, ou quand le tableau noir se transpose sur le carré vert. Pierre Venayre, directeur général du Stade rochelais, est, comme à peu près tout le monde, passé par tous les états de la surprise, samedi après-midi : «Le début de match était très étonnant car on avait senti énormément de sérénité et de force tranquille dans la préparation. On est arrivé confiant, peut-être un peu trop sur le début…» à 17-0, la Blue Army n’en finissait plus de s’autocongratuler au fil des réalisations millimétrées de ses favoris. «Leur plan était parfait», salue Romain Sazy. Avait-on jamais vu départ aussi canon ? On vous laisse chercher…

Le moment était historique. Il a continué à l’être mais d’une façon à laquelle personne ne s’attendait. Si ce n’est une bande d’irréductibles. Toujours les mêmes, vêtus de jaune et noir… «Quand on était sous les poteaux après les essais, on n’était pas inquiet, affirme Grégory Alldritt. On savait qu’on allait scorer. Il fallait rester fidèle à la stratégie.» Comme si le vouloir suffisait pour le pouvoir… Dans leur cas, visiblement, oui. Des promesses aux actes, le troisième ligne et ses partenaires ont réussi l’insensé : «En passant à 17-7, c’était déjà un tout autre match et, à 23-14, la dynamique était pour nous. Ronan (O’Gara) nous l’a dit à la pause.» Sazy confirme : «C’est bizarre ce que je vais vous dire, mais on était plutôt sereins.»

Ringrose : «La beauté, la cruauté du sport»

Le rouleau compresseur avait repris sa marche avant. Et comme l’an passé, comme si souvent, plus rien ne pourrait l’arrêter. Pas même quelque 50 000 supporters acquis à la cause de la bande à Cullen. Les visiteurs ont été costauds balle en mains, comme toujours, mais aussi dans les têtes : «Je pense que l’expérience de la victoire à Marseille nous a permis de dire que, même si l’on était dans leur jardin, ils étaient prenables, qu’ils n’étaient pas invincibles, poursuit Paul Boudehent. Et merde, on était en finale, il fallait tout donner. Il était hors de question de lâcher.»

«Je dis chapeau à La Rochelle, s’incline Leo Cullen, le manager du Leinster. Il faut les applaudir : ils ont fait preuve d’une telle force de caractère pour remonter au score.» Les Irlandais étaient tout autant déterminés à ne rien céder et ont puisé au plus profond d’eux les ressources pour résister. Jusqu’à ce que les dix dernières minutes, encore plus folles que tout le reste entre cartons jaunes, exclusion définitive, arbitrage-vidéo et pénaltouches, ne viennent couronner La Rochelle.

Il n’y avait qu’une place sur le trône, quand bien même il y avait deux rois sur le champ de bataille : «On était tout au sommet du rugby mondial, plante encore Cullen. La marge était tellement infime. Il y a un vestiaire où les gars sont catastrophés et l’autre où ils sont euphoriques. Entre les deux, tout s’est joué à un point.» À ses côtés, Gary Ringrose se muait en poète maudit : «C’est la beauté et la cruauté du sport.» Et Pierre Venayre de livrer enfin cette anecdote prophétique : «Comme l’avait dit Ronan dans le vestiaire, il y en a qui lisent l’histoire et il y en a qui l’écrivent. Choisissez…» Les Rochelais ont rédigé la fin d’un mémorable chapitre. Qui les place dans la légende.

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