Champions Cup - L'édito : "Monumental"

  • Les Rochelais lors des célébrations sur le port ce dimanche.
    Les Rochelais lors des célébrations sur le port ce dimanche. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À quoi juge-t-on la valeur d’une victoire ? Et comment présumer de la trace qu’elle laissera ensuite au long cours, jusqu’au firmament de l’histoire ? Autrement dit encore, à quoi donc cette deuxième étoile rochelaise remportée de haute lutte face au Leinster serait-elle plus brillante que toutes les autres consécrations françaises, précieuse parmi les précieuses ?

Profitez de ce journal pour replonger quelques instants dans la finale et vous aurez la réponse. Ou plutôt la confirmation. Car l’évidence est là, sous nos yeux. Nous venons d’assister à l’exploit le plus retentissant dans toute l’histoire des joutes intercontinentales du rugby des clubs. Il y avait tout samedi, à Dublin, pour que ce match monumental accède à la légende : un contexte si particulier, une pléiade de talents immenses, l’opposition des styles, le défi des hommes et l’émotion folle qui suintait des gradins.

Il n’a donc rien manqué pour que cette première finale de la nouvelle Champions Cup soit un sommet unique en son genre, la référence ultime malgré tant de codes qui la rattachent encore au passé et dont il faudra bien se détacher un jour… Je parle de cet entre-soi confinant à l’absence de gêne d’avoir ainsi à organiser une telle finale dans le jardin d’un des plus grands favoris de l’épreuve. L’équité devient alors vite une notion suspecte et les tensions s’accumulent plus que de raison.

Le rugby reste donc ce monde où les Anglais sont présumés tout contrôler mais où les ficelles se tirent souvent depuis Dublin… C’est aussi un monde où cette appétence si française pour la révolution permet toujours de renverser des montagnes. Les Rochelais l’ont encore fait, présents face à la légende ! N’en déplaise donc à ces Leinstermen capables de réciter leur rugby à la vitesse de l’éclair, face aux Maritimes et peut-être même contre n’importe quelle autre équipe française, ils devront désormais apprendre à jouer avec une véritable chape de plomb sur les épaules ; similaire à celle qui tombe sur les épaules des Néo-Zélandais dès lors qu’ils croisent un coq.

À bientôt cent jours du Mondial et avec la promesse d’un possible France-Irlande en quarts de finale, ce succès vaut cher sur l’échelle de la confiance. Ceux qui gagnent, savent donc que c’est possible ; les autres…

La légende du sport tricolore n’effacera jamais de son disque dur les images de la demi-finale de Coupe du monde 1999 remportée par les Bleus face aux All Blacks de Lomu, malgré quatorze points de retard à la pause. Depuis samedi, elle conserve le souvenir du scénario dramatique qui s’est écrit à Dublin, toujours en deux temps. Une finale de dingues, un match ahurissant avec ces formidables Rochelais qui ont gravé leur succès sur le vif d’une bataille physique gigantesque, tonitruante, par instants dantesques.

Nous sommes ici très loin des envolées de Bernat-Salles ou des arabesques de Dominici mais le pouvoir de réaction des hommes du tandem Alldritt-Sazy, l’imprévisibilité d’un Kerr-Barlow ou d’un Dullin et, par-dessus tout, l’ultra puissance des Atonio, Skelton et autres Danty sont autant de marqueurs pour demain.

Cela concerne évidemment La Rochelle dont le modèle est plus légitime que jamais, qui n’a plus à nourrir de complexes et peut désormais rêver du Bouclier sans trembler. Cela concerne enfin, Fabien Galthié et son staff qui pourraient avoir trouvé des éléments de réponse supplémentaires à la question de savoir s’ils ont besoin d’un Emmanuel Meafou dans leur moteur, pour épauler Willemse et ainsi imiter Skelton… Notre conviction est faite : ce genre d’oiseau australien est taillé pour un tel rugby de gladiateurs. Et mieux vaut les compter dans son équipe !

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