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La Rochelle - "O'Gara a encore faim" : explique Keith Wood, ancien talonneur de l’Irlande

  • Keith Wood - Ancien talonneur de l’Irlande.
    Keith Wood - Ancien talonneur de l’Irlande. Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Keith Wood connaît Ronan O’Gara depuis vingt ans. Pour nous, il explique le long cheminement du manager rochelais...

Comment expliquez-vous le succès de Ronan O’Gara à la tête du Stade rochelais ?

Ronan, je le connais depuis bientôt 20 ans. À ses débuts au Munster, il était probablement le plus petit de nos joueurs, le moins puissant et pour lui, rien ne fut donc facile au départ : il a dû se battre, pour se faire une place dans le rugby. Avant qu’il ne décroche tous les records possibles et imaginables en tant qu’ouvreur et buteur, son chemin a été semé d’embûches…

À ce point ?

Contrairement à ce que les gens croient, Ronan n’a pas toujours été un buteur irréprochable et a raté de nombreux coups de pied importants, à ses débuts au Munster et en équipe d’Irlande. Avant de remporter la Coupe d’Europe, il a aussi échoué à deux reprises en finale. Tout ça l’a beaucoup affecté, en somme… Mais ce mélange d’échecs et de succès lui a aujourd’hui forgé un caractère hors du commun. Il a l’âme d’un champion.

On vous suit.

Ronan n’a jamais oublié les moments difficiles et la façon dont les gens le traitaient, au départ. L’instinct de revanche qui l’habite, la rage de vaincre qu’il doit à son parcours, il la transmet au quotidien à son club. Cette équipe de La Rochelle a le caractère et la culture de la gagne de son manager.

A-t-il souvent douté, selon vous ?

Il a eu des doutes mais il les a toujours vaincus. En tant que joueur, d’abord. Et aujourd’hui, en tant que coach. […] Tout le monde échoue, dans le sport. Mais ce qui fait la différence entre un champion et quelqu’un qui n’en est pas un, c’est la façon dont le champion réagit après l’échec. Ronan sait, pour l’avoir expérimentée, que la victoire exige des sacrifices permanents. Cette exigence, il a su la communiquer à ses joueurs et regardez aujourd’hui ce que réalise Will Skelton - l’homme le plus large que j’ai jamais vu sur un terrain de rugby- depuis deux saisons : il joue 80 minutes sans faillir, court partout, se bat comme un lion ! Il y a quelque chose qui unit Skelton et Ronan, son coach. Je ne saurais l’expliquer mais leur relation est puissante.

A-t-il beaucoup appris lors de son passage aux Crusaders en 2018 et 2019 ?

Oui. Mais les Néo-Zélandais ont également beaucoup appris de lui… Le fait que Ronan soit un entraîneur laissant parler ses émotions, le fait qu’il mette tout son cœur dans ses actes a nécessairement aidé les Crusaders, lesquels ne sont pas habitués à ce genre de coaching. En fait, ROG considère les gens qu’il entraîne comme des hommes, pas comme de simples joueurs de rugby. Et ceux-ci le ressentent.

Comment les Irlandais ont-ils réagi au fait que Ronan O’Gara batte le Leinster deux fois d’affilée, en finale de Champions Cup ?

Les supporters du Leinster ont été ennuyés, c’est normal… Mais le pays est globalement très fier de ce qu’il a réalisé. C’est au moins ce que je ressens, de mon côté. Je crois surtout que cette victoire n’est que le début de son aventure, en tant que coach…

Que lui avez-vous dit après la finale ?

Je lui ai simplement envoyé ce message : « Bravo, ROG. Tu as fait un travail magnifique ».

Quelle est l’influence de Donnacha Ryan à ses côtés ?

Techniquement, je crois savoir que Donnacha est très pointu sur l’analyse de la touche, le travail des mauls pénétrants… Il est également très proche de Ronan, avec lequel il a joué de nombreuses années au Munster et en équipe d’Irlande. Ces deux-là travaillent en confiance. Ils peuvent tout se dire. À ses débuts, Ronan O’Gara avait la réputation d’être dur avec ses joueurs.

A-t-il aujourd’hui changé, d’une manière ou d’une autre ?

Évidemment qu’il n’est plus le même coach qu’à ses débuts au Racing (en 2013, N.D.L.R.) ! De la même façon qu’un joueur avec dix ans d’expérience n’est plus le même qu’aux prémices de sa carrière, un entraîneur connaît le même cheminement, apprend de ses erreurs. Il y a une phrase de Mohamed Ali (ancien champion de boxe, N.DL.R.) que j’aime beaucoup et qui se prête d’ailleurs très bien au parcours de Ronan : « Si un homme voit le monde de la même façon à 50 ans qu’à 20, c’est qu’il a perdu 30 ans de sa vie ».

Johnny Sexton et Ronan O’Gara sont-ils amis ou rivaux ?

Les deux sentiments cohabitent, je pense : Johnny et Ronan se respectent mais adorent aussi s’affronter.

Pourquoi Ronan O’Gara a-t-il refusé l’offre de la fédération anglaise pour prolonger avec le Stade rochelais, il y a quelques mois ?

Je ne veux pas parler pour lui mais je pense que Ronan, à 46 ans, se considère actuellement comme au milieu de son voyage d’entraîneur. Il sait, surtout, que le job n’est pas terminé avec La Rochelle. Il a encore faim et veut désormais offrir le Bouclier de Brennus à ce club.

Selon vous, entraînera-t-il un jour la sélection nationale irlandaise ?

Je pense, oui. Mais pour l’instant, entraîner en France lui convient et colle plutôt à son caractère. Ronan est passionné, émotif et fougueux comme le sont souvent les Français.

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Les commentaires (1)
NARBONNE Il y a 10 mois Le 29/05/2023 à 16:42

Ronan O'GARA apporte à LA ROCHELLE la culture de la gagne en plus de le « folie«  irlandaise