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200 ans de légendes (21/52) : en 1962, l'essai d’Agen qui fit couler tant d’encre !

  • Un titre sur un essai controversé de l’Agenais Serge Méricq.
    Un titre sur un essai controversé de l’Agenais Serge Méricq. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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En 1962, le titre de champion de France se joua sur un essai controversé de l’Agenais Serge Méricq, face à Béziers. Soixante ans plus tard, la polémique court toujours...

Avec l’arbitrage vidéo, peut-être que cette histoire n’aurait pas eu de raison d’être. Le 27 mai 1962, en finale du championnat face à Béziers, le SU Agen conquit son troisième Bouclier sur un fait de jeu particulièrement controversé : un essai tardif aplatit en coin de l’ailier Serge Méricq via un superbe plongeon, bras en avant séparé de la foule par une clôture de canisses. 14 à 11 pour le SUA, dans une atmosphère contradictoire.
La finale fut célébrée jusque dans la presse britannique pour la qualité du jeu pratiqué. Elle avait été marquée par une remontée haletante, car Béziers mena 11 à 3 en début de deuxième période. Mais cet épilogue séduisant fut terni ... ou enrichi par une polémique qui devait courir sur des années, voire des décennies. Ce fameux essai de Serge Méricq était-il valable ? M. Gombeaud, l’arbitre, estima que oui. Le demi de mêlée biterrois, Pierre Danos jura que non, c’est lui qui se retrouvait en position de dernier plaqueur après une superbe remontée de balle des Agenais et un service au pied de Claude Salesse pour Méricq. Pour Danos, son adversaire était clairement passé en touche.
La polémique n’est toujours pas tranchée. Mais dans les jours qui suivirent, la presse publia une photo d’une trace de pas sur la chaux de la ligne de touche. La majorité des commentateurs opta pour la thèse du « non-essai ».

Une photo, pas une preuve

La controverse poursuit encore sa course, même si en février 2007, Serge Méricq (alors âgé de 70 ans) sur le ton de la provocation et du chambrage, déclara que son pied avait bien dépassé la ligne, avant de se rétracter. Puis la même année un photographe, Roger Bigorre, 83 ans, s’exprima dans « La Dépêche du Midi ». Il était placé dans l’en but biterrois à cinq mètres de la scène. Et, un peu comme un témoin tardif dans une émission de faits divers, il se confia en parlant d’une photo qu’il n’avait jamais montrée : « Je n’ai jamais rien dit pendant quarante-cinq ans et je n’ai jamais montré ce cliché car j’avais raté la photo et je n’étais pas fier de moi. Je n’avais pas l’habitude de l’appareil que j’utilisais ce jour-là… D’où je suis, je vois bien que Méricq récupère le ballon, court le long de la ligne sans la toucher. Danos est à ses trousses, il tente de le plaquer et le manque. Méricq pointe et renverse le drapeau ensuite Des photos ont été prises d’une trace de pied sur la ligne de touche. Pour moi, il est impossible que ce soit le pied de Méricq. Je pense que c’était plutôt celui de Danos, qui a fini sa course en touche. » Les propos sont spectaculaires mais à les relire, on comprend que la photo en question ne prouve rien. « Et si j’étais très bien placé, quelqu’un d’autre que moi l’était encore mieux, qui a suivi la course-poursuite Méricq-Danos jusqu’à l’essai : l’arbitre de touche. Je peux vous dire que si Méricq était passé en touche, il aurait levé son drapeau. »
L’arbitre de touche en question s’appelait Francis Galonier, il avait joué avec Pierre Danos au club des Cheminots toulousains. Meurtri, le second ne parla plus jamais au premier. Chaque Biterrois croisé de ci de là nous a certifié que l’essai n’était pas valable.
Mais de cette finale, il faut retirer autre chose, la production haut de gamme des deux équipes et surtout, la deuxième mi-temps des Agenais qui imprimèrent un rythme suffoquant, inédit dans le championnat français. Le terrain fut balayé par une folle sarabande d’où émergea la classe de l’arrière de 21 ans, Jean-Pierre Razat. Le type même du talent méconnu, qui aurait mérité mieux que ses quatre sélections, mais qui put savourer trois Boucliers de Brennus. Charles Calbet, figure du rugby agenais résuma ainsi sa prestation : « Les réceptions acrobatiques de Jean-Pierre Razat et ses contre-attaques échevelées coupèrent les jambes des avants biterrois littéralement cloués au sol. » Les Agenais se sentaient tellement forts qu’à leurs yeux la validité de l’essai de Méricq n’avait que peu d’importance, s’il n’avait pas été accepté, ils en auraient forcément marqué un autre.
Cette finale, valait mieux qu’une polémique, elle fut surtout le départ d’un âge d’or agenais qui dura environ trente ans. Une petite préfecture d’un département rural devint la Mecque d’un sport majeur.

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