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Charlie Cassang (Oyonnax) : "Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé au Bouclier"

Par Jean-Pierre DUNAND
  • Charlie Cassang : "Nous venons de vivre une année exceptionnelle. Il est rare de partager de telles émotions et il faut savoir en profiter. "
    Charlie Cassang : "Nous venons de vivre une année exceptionnelle. Il est rare de partager de telles émotions et il faut savoir en profiter. " Icon Sport
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Demi de mêlée d’Oyonnax Meilleur joueur de la finale de Pro D2 samedi dernier, Charlie Cassang revient sur tout le parcours des Oyonnaxiens depuis son arrivée en 2020. Des échecs en demi-finales les deux dernières saisons au titre cette année ! Le numéro neuf se projette, aussi, déjà sur le Top 14...

Que représente à vos yeux le titre de champion de France et le billet pour le Top 14 acquis au terme d’une saison qu’Oyonnax a dominée ?

C’est avant tout la résultante d’années de travail et de défaites qui nous ont fait grandir. Nous sommes enfin allés chercher ce que nous voulions tous. C’est une délivrance, celle d’être enfin allés au bout.

Une délivrance plus qu’un aboutissement ?

Les deux en même temps. Oyonnax a été leader durant presque toute la saison, mais on pouvait se dire qu’à un moment tout cela risquait de nous filer entre les doigts. C’est ce côté-là qui a été le plus dur à gérer parce que nous étions convaincus de le mériter mais en sachant que c’était loin d’être fait. Par rapport à tout cela, c’est vraiment un sentiment de délivrance que j’ai ressenti au coup de sifflet final.

Cette crainte de tout voir s’écrouler n’a-t-elle pas pesé sur votre finale ?

Nous avons joué notre jeu, respecté notre plan. Nous n’avons juste pas su scorer quand il le fallait, dans notre jeu offensif comme au pied, c’est cela qui nous a mis en difficulté. Sans ces erreurs, sans également notre indiscipline qui a été un gros problème en première mi-temps, nous avons plutôt bien maîtrisé notre match. Grenoble a eu des occasions mais nous avons répondu avec de grosses séquences défensives. Cette finale n’a pas été un match flamboyant, mais à la fin nous l’avons gagnée. C’est le principal. Contre Vannes, contre Grenoble, cela a été compliqué. Ce sont des matchs de phases finales, tendus. On a eu droit à deux rencontres à haute tension, peut-être encore plus difficiles à vivre en spectateur que sur le terrain. La réussite n’en est que plus belle. Nous nous rappellerons longtemps ce que nous venons de vivre.

Quels étaient vos sentiments au moment d’entrer sur la pelouse du stade Ernest-Wallon ?

Il y avait avant tout l’envie de bien faire. Personnellement, je me sentais habité par une mission. Il fallait gagner, absolument. Tous les jours, tout au long de la saison, nous nous sommes levés avec l’idée d’aller chercher ce truc. Il n’y a pas un jour où je n’ai pas pensé au Bouclier. C’était notre année. Nous avions conscience que c’était pour nous. Nous avons tout fait pour réussir ce que nous nous étions dit. Nous étions simplement déterminés.

Oyonnax a dominé la phase régulière avant de tout jouer sur deux matchs. L’émotion n’en a-t-elle pas été d’autant plus grande au coup de sifflet final ?

Nous venons de vivre une année exceptionnelle. Il est rare de partager de telles émotions et il faut savoir en profiter. Toute la difficulté de ce championnat tient à cette formule qui peut tout remettre en cause. Le staff a su gérer cette fin de saison pour que tout le monde arrive avec de la fraîcheur mais aussi du temps de jeu. On avait quasiment la totalité de l’effectif sur la fin de saison. Quand il y a quarante mecs prêts à jouer cela pousse forcément à élever son niveau et à se préparer pour les matchs couperets.

En janvier, face à Nevers, vous êtes victime d’une rupture d’un ligament à une cheville. Comment avez-vous vécu cette blessure ?

J’ai eu un gros moment de doute. Une opération était envisagée avant qu’un chirurgien, à Lyon, me dise qu’on pouvait essayer de l’éviter. Deux mois après j’ai pu rejouer sans douleur. Mais j’ai eu peur. La saison était bien lancée, la qualification se profilait. Je n’imaginais pas louper la fin de saison. Je ne voulais pas être réduit à un simple rôle de spectateur.

Quitter Clermont, en 2020, pour rejoindre Oyonnax, ne constituait-il pas un pari sur l’avenir ?

C’était pour moi une suite logique. Je venais de vivre six saisons à Clermont mais je n’avais pas assez de temps de jeu pour évoluer. Je voulais trouver un club qui me fasse confiance, me permette de jouer. Pour changer de statut, il fallait descendre d’un étage. Vivre une autre aventure, avec de nouvelles personnes, un nouveau staff, m’a permis d’avancer. À Oyonnax on m’a proposé une autre vision du rugby et c’est ce qui m’a fait du bien. Cela a été dur d’accepter de ne pas pouvoir continuer à évoluer en Top 14, mais il y avait ce challenge de se dire qu’il était possible d’y retourner avec « Oyo »… et on l’a fait.

Les deux échecs successifs d’Oyonnax en demi-finale ont-ils suscité des questionnements sur votre choix ?

Après une défaite il y a forcément une remise en question. Il y a eu des moments difficiles à gérer. À chaque fois se relever a été difficile, mais ces deux demi-finales m’ont beaucoup appris, à commencer par savoir mieux gérer la pression. À titre personnel mais aussi collectivement ces expériences ont été profitables face à Grenoble. Durant 80 minutes nous sommes restés dans le cadre de notre plan de jeu, froids, calmes. En passant par les défaites j’ai le sentiment d’avoir progressé sur ce point. Oyonnax m’a fait grandir.

Votre choix était donc le bon ?

Bien sûr. Aujourd’hui je suis épanoui. Je prends du plaisir. Le matin je suis content d’aller à l’entraînement. Je le prends comme une chance.

Vous allez retrouver le Top 14 avec Oyonnax. Comment envisagez-vous ce retour ?

Nous savons que cela va piquer, que la situation ne sera pas du tout celle que nous avons connue cette saison. Cette année nous avions pour mission et pour ambition de gagner sur chaque terrain et nous avons réussi pas mal de fois à le faire. En Top 14, Oyonnax sera le petit Poucet. Il faudra s’accrocher, tout faire pour être imprenable à Mathon. C’est là que le maintien se jouera. On comptera les points à la fin… mais pour le moment on profite.

Peut-on dire que vous resterez dans la constante du défi, sous une autre forme ?

Nous serons animés par autre chose. Ce sera intéressant de voir comment nous gérerons cela, peut-être en modifiant notre jeu. Il faudra trouver des solutions pour chercher à gagner des matchs contre de grosses équipes et les meilleurs joueurs du moment.

Vous évoquez la rechercher de solutions. Comme celles que vous avez trouvées en demi-finale face à Vannes, en finale contre Grenoble et qui vous ont permis à chaque fois d’inscrire un essai déterminant ?

Ces deux essais correspondent à deux opportunités qu’il fallait saisir. C’est chouette que cela me soit arrivé mais le principal était de bien faire jouer l’équipe et surtout de gagner.

On reconnaît en vous un leader naturel. Le rôle vous convient-il ?

J’aime être entouré de mes équipiers, avoir la sensation de bien travailler ensemble et d’être unis autour d’un même but. Cette saison nous avons eu un groupe vraiment génial. Nous sommes tous potes. Nous nous régalons ensemble. Cela se ressent aussi sur un terrain.

Ce lien peut-il expliquer la réussite d’Oyonnax ?

Je pense que oui. Il se passe quelque chose dans ce club. Il est différent de tous les autres. C’est le club d’une petite ville. Nous faisons beaucoup de choses ensemble et nous sommes heureux de le faire. Il y a, à « Oyo », une atmosphère qui est un peu celle d’une famille. Dans le groupe nous partageons beaucoup de choses, sur les terrains mais aussi en dehors. Ce qui nous lie se ressent lors des matchs. Dans les moments difficiles nous sommes encore plus capables de nous resserrer. Ce groupe partage un vécu parce qu’il a peu changé au fil des saisons, avec à chaque fois cinq ou six arrivées. Cela nous aidera encore. On s’accrochera, tous ensemble.

Aujourd’hui, les esprits sont-ils déjà tournés vers le Top 14 ?

On y pense bien sûr, mais la saison que nous venons de vivre a été tellement longue, tellement exigeante qu’il nous a fallu puiser dans nos ressources. Nous allons avoir besoin d’un peu de temps pour relâcher toute cette pression. Ensuite nous prendrons le temps de bien nous préparer. J’ai du mal à réaliser que nous serons en Top 14 la saison prochaine. On a tellement attendu ce moment que ce n’est pas encore concret… mais cela va vite le devenir.

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