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Top 14 - « Je travaillais dans un hôtel comme pâtissier stagiaire quand j’ai rencontré un agent »

Par Propos recueillis à Hamilton par Gauthier Baudin
  • Pita Gus Sowakula s'est engagé à l'ASM
    Pita Gus Sowakula s'est engagé à l'ASM Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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A 28 ans, Le numéro 8 international des Chiefs, recrue de l’ASM pour la saison prochaine, se livre sursanouvelle aventure qui l’attend. mais aussi sur son parcours très différent des autres et sur ce qui l’a amené au niveau international.

Pita Gus Sowakula (1,95 m, 110 kg) n’est pas de ceux qui ont tout misé sur le rugby très tôt. L’international néo-zélandais (2sélections) jouit d’un parcours hors du commun. Son adolescence a notamment été rythmée par le basket-ball. Le rugby était présent puisqu’il y a joué au collège et au lycée, mais c’est bien la balle orange qui lui offrit en premier une opportunité de carrière. Il est devenu basketteur international fidjien en 2013 et a disputé les compétitions internationales d’Océanie jusqu’en 2015. Un temps, il envisage même un départ pour les États-Unis, pour suivre son rêve de NBA. Sans suite. C’est alors que le rugby est entré dans sa vie et la Nouvelle-Zélande est apparue comme le pays parfait pour le pratiquer.

Pourquoi avoir abandonné le basket-ball ?
Il y a eu cette occasion avortée aux États-Unis qui m’a marqué. À l’époque, je ne trouvais pas énormément de débouchés dans le basket. Durant ma transition entre les deux sports, basket et rugby, je travaillais dans un hôtel comme pâtissier stagiaire. J’y ai rencontré un agent de joueurs de rugby un peu par hasard. On a discuté et il m’a parlé de la Nouvelle-Zélande, qu’il y avait des opportunités là-bas. Puis il m’a fait une offre.

Que lui avez-vous répondu ?
Banco. J’ai donc déménagé dans le Taranaki en 2016. J’ai d’abord joué au troisième niveau du rugby néo-zélandais, avec le club de Spotswood United. C’était la fin de la saison à ce moment-là. J’ai joué le dernier match. Dans la foulée, on m’a contacté pour rejoindre l’académie des Taranaki Bulls (à New Plymouyh, N.D.L.R.).

Vous aviez donc 22 ans quand vous avez sérieusement commencé à jouer au rugby. C’est tard, par rapport aux autres joueurs…
C’est vrai, c’est rare de commencer à cet âge. J’avais quand même les bases athlétiques du basket, à savoir les sauts et les ballons hauts à attraper. Le rugby ne m’était pas non plus étranger puisque j’y ai joué dans ma jeunesse. Mais j’ai travaillé dur pour me mettre au niveau, tout en apprenant les rudiments de mon nouveau poste.

La troisième ligne ?
Oui. Quand j’étais jeune, j’étais plus fin donc je jouais à l’aile. Avec Taranaki, on m’a repositionné en troisième ligne. Je me souviens d’un match avec l’équipe développement, où je démarre la rencontre à l’aile et je la termine en troisième ligne aile sur décision du coach. C’est à partir de là que j’ai commencé à me fixer à ce poste.

Aviez-vous des modèles à l’époque ?
J’étais un grand fan de Pierre Spies, j’adorais le voir jouer. Il y avait aussi Jerry Collins qui était impressionnant et Waisale Serevi, sans doute le plus important à mes yeux, que j’ai vu jouer en grandissant.

Comment s’est passée votre aventure avec les Taranaki Bulls ?
J’ai mis du temps à m’adapter à ce nouvel environnement. Après l’académie, j’ai débuté en 2017 avec l’équipe première. C’était une saison folle avec ce Ranfurly Shield remporté contre Canterbury. J’ai énormément progressé à cette période.

Et puis vous signez aux Chiefs dans la foulée…
Grâce à Colin Cooper (manager des Taranaki Bulls entre 2010 et 2017). C’est lui que m’a fait débuter. Quand il est parti entraîner les Chiefs, je l’ai suivi. D’abord sous la forme d’un contrat courte durée, puis plus long par la suite.

Cela fait six ans que vous évoluez avec les Chiefs. Pourquoi quitter la franchise maintenant ?
Je pense que c’est le bon moment. J’aurai 29 ans en octobre. Initialement, je voulais rester ici mais l’opportunité clermontoise s’est présentée et je l’ai saisie. Je pense aussi que ça pourrait être une bonne chose d’aller en Europe pour ma famille.

Quid des All Blacks ?
Je n’ai pas totalement tiré un trait sur les All Blacks, j’ai toujours en tête les prochaines échéances auxquelles je peux toujours prétendre.


Quel souvenir avez-vous gardé de votre première convocation ?
C’était plein d’émotions en même temps. Il y a tous ces messages qui arrivent en même temps pour te féliciter. Je crois que je n’ai pas vraiment réalisé sur le moment. Et puis il y a cette première sélection contre l’Irlande (le 2 juillet 2022). J’étais nerveux. Porter le maillot noir, c’est vraiment quelque chose… Le premier ballon que je touche finit d’ailleurs par un en-avant (rires). Ensuite, je marque cet essai et puis on remporte la rencontre, c’était fou.

Avez-vous compris pourquoi vous n’avez pas été à nouveau appelé après cette tournée d’été ?
C’était une question de concurrence. Certains joueurs revenaient de blessures et me sont passés devant dans la hiérarchie. J’ai toujours attendu un appel de la part du staff pour me dire qu’ils avaient besoin de moi mais il n’est jamais venu.

Cela a joué dans votre décision de partir en France ?
Oui, clairement. Mon objectif est toujours d’être convoqué pour le Rugby Championship et la Coupe du monde. Mais si je ne rentre pas les plans du sélectionneur, je sais que j’ai cette opportunité de jouer en France derrière.

Votre date de départ est-elle fixée ?
J’arriverai en France fin octobre. Même si je ne suis pas convoqué par les All Blacks, je jouerai dans le championnat des provinces avec les Taranaki Bulls et resterai ici jusqu’à la fin de la saison.


Pourquoi Clermont ?
J’ai grandi à Sigatoka, au Fidji. Là-bas, il y a une connexion avec Clermont puisqu’ils y ont installé une académie. Et depuis, j’ai toujours suivi les résultats de Clermont au fil des années. Napolioni Nalaga vivait dans le village. Mon père a aussi joué avec Seremaïa Baï dans le temps. C’est un club qui aime son rugby. J’ai envie de le découvrir et aussi découvrir le niveau européen. Au-delà de ça, ma famille va en profiter. Ma femme va jouer pour la section féminine et ma fille va grandir dans un nouvel environnement.

Qu’attendent-ils de vous ?
Ils m’ont expliqué que mes performances avec les Chiefs les avaient intéressés, notamment sur l’aspect physique, sur mes courses balle en main et l’impact que je produis. C’est ce pourquoi je vais là-bas, pour essayer d’apporter tout ça chez eux.

Avez-vous déjà discuté avec des joueurs clermontois ?
Oui, avec Peceli Yato, qui m’a parlé de la ville et des environs. Il m’a dit qu’il faisait froid mais qu’on mangeait bien (rires).

Comment est votre français ?
C’est dur (rires). Je prends des cours avec Brad Weber et j’essaie parfois de me mettre dans un environnement où les gens parlent français, histoire de m’habituer à entendre cette langue. Je pense que je ne suis pas trop mal.

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