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Top 14 - 2010-2011 : retour sur une saison charnière de la réussite de Lyon et de l'UBB

  • Pro D2 - Ole Avei (UBB) face à Lyon lors de la saison 2010-11
    Pro D2 - Ole Avei (UBB) face à Lyon lors de la saison 2010-11 Jean Paul Thomas / Icon Sport - Jean Paul Thomas / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Avant de se retrouver en barrage de Top 14 ce dimanche soir (21h), le Lou et l’UBB avaient déjà un vécu commun. En 2010-11, les deux clubs étaient montés en même temps en Top 14, à l’issue d’une saison marquante. Retour sur cet exercice, qui a permis à Lyon et Bordeaux-Bègles de changer de dimension.

« Quand tu vois deux équipes qui sont montées ensemble en 2011, se retrouver pour la phase finale de Top 14 en 2023, ce sont toujours de belles histoires. » Heini Adams, aujourd’hui entraîneur des skills à Bordeaux-Bègles, est un témoin privilégié de l’histoire entre l’UBB et Lyon. L’ancien demi de mêlée et joueur emblématique du club girondin était titulaire indiscutable lors de la saison 2010-11, marquante en bien des sens dans l’histoire des deux équipes. Un exercice au terme duquel Lyonnais et Bordelais, qui évoluaient alors en Pro D2, ont décroché leur ticket en Top 14. Une première pour l’UBB, crée en 2006 après la fusion du Stade bordelais et du CABBG. Pour Lyon, qui n’avait plus goûté à l’élite depuis la saison 1993-94, cette accession fut aussi plus que fondatrice. Il faut dire que les Lyonnais ne l’ont pas volée.

Les joueurs du LOU célèbrent leur titre de champions de Pro D2 en 2011
Les joueurs du LOU célèbrent leur titre de champions de Pro D2 en 2011 Jean Paul Thomas / Icon Sport - Jean Paul Thomas / Icon Sport

Dans une époque où le premier du classement de la saison régulière était sacré champion, le Lou n’a pas fait dans le détail pour triompher en patron. Adams, comme traumatisé par la puissance lyonnaise, se rappelle : « J’ai gardé comme souvenir Lyon qui finit premier devant tout le monde ! Alors que nous, nous ne finissons la phase régulière qu’à la cinquième place seulement. » Comme lui, Gerard Fraser, alors ouvreur bordelais, partage le point de vue de son compère de la charnière : « Ils étaient au-dessus des autres équipes avec Xavier Sadourny en 10 qui était en pleine forme… Ils étaient bien plus évolués que nous. C’était une équipe faite pour la montée. »

Lyon impressionnait tout le monde

Si les souvenirs des Bordelais nous laissent croire que les Rhodaniens ont roulé sur cette saison dans l’antichambre de l’élite, il y a des choses à préciser. Souverains, notamment grâce à un pack à la densité folle, les Lyonnais ont terminé avec 101 points. Un total énorme, mais ils n’ont, au final, compté que deux points d’avance sur Grenoble au classement à l’issue de la saison. « Lyon était vraiment dominant devant, poursuivait Heini Adams. Mais quand nous sommes montés en Top 14, nous avons fini 8e et Lyon 14e, ça veut dire que notre rugby était bien mieux bâti pour battre les grosses équipes.» Car si cette montée eut une part importante dans le succès lyonnais actuel, le LOU est tout de même repassé par la case Pro D2 deux ans après, histoire de parfaire son jeu. L’UBB, de son côté, n’a plus lâché l’élite, enchaînant les victoires glorieuses avec un jeu aéré. Une identité construite dès la Pro D2 par Marc Delpoux et Vincent Etcheto entre autres et qui a su perdurer au fil des années. « Nous avions envie avec Marc et Vincent, de mettre une part de spectacle dans notre jeu, se remémore Adams. Nous savions que le public aimait cela et nous jouions donc pour marquer beaucoup d’essais. Cette année-là, nous avons donc construit une belle identité de jeu pour l’UBB. Non seulement nous avions des résultats, mais ça plaisait au public. Et cela est resté dans la tête de beaucoup de monde à Bordeaux. » Ce côté spectacle, valu à l’UBB d’attirer de plus en plus de monde, et donc de faire davantage de recette pour se structurer. Le jeu des dominos quoi.

Pro D2 - La joie de Laurent Marti après la finale d'accession en 2011 face à Albi
Pro D2 - La joie de Laurent Marti après la finale d'accession en 2011 face à Albi Thierry Breton / Icon Sport - Thierry Breton / Icon Sport

Pour faire le show, il faut dire que le club de Laurent Marti avait des arguments. Heini Adams, en bon numéro 9, ne manque pas de tous les énumérer : « Nous avions des joueurs phénoménaux. Il y avait Vungakoto Lilo qui était exceptionnel cette année-là, deux centres de haut niveau avec Julien Rey et Andrew Ma'ilei… Nous avions aussi un super pack, très fort en touche. Avec notre troisième ligne Matthew Clarkin, Dan Leo, Hugh Chalmers et même Justin Purll, nous pouvions jouer au ballon en nous déplaçant beaucoup. Enfin, Gerard Fraser était le maestro. Un 10 complet, qui contrôlait toutes les phases de jeu avec un très bon jeu au pied. J’ai encore en mémoire comment il a tapé le jour de la finale d’accession contre Albi… C’était phénoménal. » Avec une telle alchimie dans le groupe, les Bordelo-Bèglais – qui visaient le maintien à la base – se sont mis à rêver, avant de finalement finir à cette cinquième place, la dernière qualificative pour la phase finale. « Nous avions perdu contre Grenoble à domicile lors du premier match de la saison, rappelle Gerard Fraser. Mais une victoire à Saint-Étienne a été le point de départ de notre saison et ensuite nous nous sommes améliorés dans notre qualité de jeu. » Un tournant eut alors lieu lors d’une demi-finale d’accession légendaire à Grenoble.

Adams : « Je vois la progression de notre club »

Des Isérois qui, selon les Bordelais, « se voyaient déjà en Top 14 ». Adams sourit : « Personne n’aurait parié sur nous et nous avons fait un très bon match là-bas pour gagner. Nous avions joué pour notre président qui, la veille, n’était pas très bien parce que le club n’était pas respecté. » Ici, le Sud-Africain fait référence au fait qu’à l’époque, les dirigeants grenoblois n’avaient pas invité leurs homologues bordelais à manger avant le match. Aussi, la Ligue n’aurait envoyé les ballons officiels qu’aux Grenoblois, attisant la colère girondine. « Marc Delpoux a dit qu’ils n’avaient pas respecté notre président, donc qu’il fallait gagner. » Au final, les Bordelo-Bèglais s’imposaient avec fracas, avant de s’occuper d’Albi en finale d’accession. « Notre staff nous a fait croire que nous pouvions le faire, et nous l’avons fait », rigole Gerard Fraser. Cette montée surprise en ensuite permis à l’UBB de construire l’histoire que nous connaissons maintenant. « Les relations que nous avons encore entre joueurs en dit long sur l’importance qu’a eu cette saison », confirme Fraser. Adams confie : « Nous avons l’impression d’avoir changé quelque chose ici à Bordeaux. J’ai encore beaucoup de monde qui me remercie. Et maintenant, quand je vois notre centre de formation, le Ceva Campus, je vois la progression de notre club. À l’époque, nous n’avions qu’une petite salle de musculation. Les investissements de notre président nous ont permis de progresser. »

De cet épisode glorieux de la montée jusqu’aux barrages de Top 14, dans lesquels Lyon et Bordeaux vont se retrouver, les deux clubs ont fait du chemin. Mais dans leur progression, ils semblent avancer au même rythme, comme en 2020 où le tandem marchait sur le Top 14 avant que le Covid-19 n’entre en scène. Gerard Fraser obtenait le mot de la fin : « Ce sont deux clubs qui ont réussi à s’installer dans le Top 14, avec en plus des résultats probants. C’est bien de voir cela, c’est comme Exeter en Angleterre qui venait de la deuxième division et qui est devenu un très gros club en Premiership. Ça montre que même les clubs de divisions inférieures peuvent avoir un avenir glorieux ».

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