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Top 14 - "Les mecs de 140 kg peuvent marquer aussi !", assure Meafou, meilleur marqueur de Toulouse cette saison

Par Propos recueillis par Jérémy Fadat
  • Emmanuel Meafou face à Lyon lors de la phase régulière de Top 14.
    Emmanuel Meafou face à Lyon lors de la phase régulière de Top 14. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Entre sa prise de conscience personnelle et la façon dont l’équipe toulousaine a fait des pénalités à cinq mètres une de ses marques de fabrique, le deuxième ligne australien a accepté d’évoquer ses onze essais inscrits sur l’exercice en cours.

Avec onze essais, vous êtes le meilleur marqueur toulousain cette saison. Est-ce nouveau pour vous ?

Oui, un peu. Je marque davantage cette saison mais, si c’est le cas, c’est d’abord parce que mes coéquipiers me le permettent. Moi, je ne fais que finir les occasions à l’approche des lignes. Comme je le dis souvent, c’est difficile de plaquer et d’arrêter 140 ou 145 kg à deux mètres de l’en-but. Ce n’est d’ailleurs pas vrai que pour moi, ça l’est pour tous les joueurs de mon gabarit dans n’importe quelle équipe. Mais, si j’y arrive, c’est parce que la nôtre m’aide à le faire.

Vous êtes aussi plus souvent en position de marquer désormais. Est-ce dû à une prise de conscience de votre part ?

Tout à fait. Je savais que c’était un point de progression dans mon rugby. La saison passée, je crois avoir inscrit cinq essais (quatre en fait, NDLR). Notre jeu collectif nous permet de mettre souvent de la vitesse dans les enchaînements et, dans les derniers mètres, cela peut être décisif pour moi. J’ai pris confiance sur ce secteur et j’ai essayé de tout faire pour me mettre en position de marquer. Mon but, c’est avant tout d’être utile pour le groupe, de l’aider à gagner.

Y avez-vous pris goût ?

Oui. Quand on commence à marquer, on a envie de le faire encore. Vous savez, c’est comme la victoire… Disons que, quand je vois l’opportunité d’inscrire un essai, je vais la chercher désormais. J’ai ce profil pour porter le ballon et avancer quand l’équipe est proche de la ligne.

C’est un peu l’état d’esprit d’un ailier finalement, à qui on réclame de terminer les coups…

C’est exactement ça. Mais cela prouve qu’il n’y a pas que les ailiers ou les trois-quarts en général qui peuvent mettre beaucoup d’essais. Les mecs de 140 kg peuvent marquer aussi ! Sérieusement, ça montre que, si la vitesse est très importante pour finir les coups, la puissance l’est également. Mais, en plus d’être costaud, il faut essayer d’être intelligent.

Vous avez beaucoup marqué sur des pénalités à cinq mètres jouées à la main. Est-ce devenu une marque de fabrique ?

Finalement, c’est assez logique à Toulouse. Ici, il y a toujours l’idée du "jeu de mains, jeu de Toulousains". Mais cette philosophie ne doit pas se vérifier que sur des actions au milieu du terrain ou au large. Elle peut être aussi vraie sur des collisions entre les 22 mètres et l’en-but adverse. Quelque part, le staff et le groupe ont utilisé cette fameuse phrase pour l’adapter à cette phase de jeu. Dans notre équipe, il y a de nombreux joueurs intelligents et à l’aise avec leurs mains, donc pourquoi toujours aller chercher la pénaltouche et un ballon porté pour marquer ? Parfois, il vaut mieux insister sur le jeu debout, parce que nous avons les hommes pour le faire.

Faut-il une forte conviction pour se lancer dans cette optique, plutôt que d’aller en pénaltouche justement ?

Évidemment. Il y a beaucoup de choses à travailler pour mettre une combinaison en place sur une pénalité à cinq mètres. Mais la clé, c’est d’abord de prendre de plus en plus confiance. Et, quand vous marquez plusieurs essais comme ça, la confiance se renforce.

Au départ, sur ces phases, vous marquiez régulièrement sur le premier temps de jeu en force. Mais les équipes adverses s’y attendaient et vous avez dû vous adapter avec le temps…

Oui, c’est le bon mot. De toute façon, nous devons toujours nous adapter. Nous regardons beaucoup de vidéos sur nos adversaires mais eux le font aussi sur nous. Donc les combinaisons sur lesquelles nous mettons des essais, ils les décryptent. Attention, c’est peut-être devenu une de nos spécialités mais on ne marque pas tout le temps sur ces phases de jeu. Il ne faut donc pas perdre confiance, bien analyser ce qui n’a pas marché et continuer à travailler.

La combinaison sur votre essai au match aller contre le Racing 92, en septembre dernier, avait notamment marqué les esprits avec la course en leurre d’Antoine Dupont et la passe masquée de Peato Mauvaka. Pouvez-vous nous le raconter ?

C’était bien sûr préparé mais c’était la première fois qu’on essayait de la mettre en place en match. Et ça a fonctionné avec "Toto" (surnom de Dupont, NDLR) qui a feinté de partir avec le ballon et "Peat’" (surnom de Mauvaka, NDLR) qui m’a fait la passe dans l’axe d’une petite chistera. Grâce à ça, j’ai pu finir en force. Mais, je le répète, ça ne marche pas toujours. Cette même combinaison, on l’a de nouveau tentée contre Pau et les défenseurs avaient tout anticipé. Donc il fallut encore changer et s’adapter. C’est quelque chose qu’on bosse tous les jours, pour apporter des nouveautés. Le rugby, c’est toujours de l’adaptation, donc il a fallu faire évoluer les combinaisons. Puis, vous travaillez parfois une chose à l’entraînement mais quand vous tentez de la reproduire en match, cela se passe différemment, notamment sur le placement des adversaires. Il faut constamment trouver des solutions.

Quand vous avez le ballon entre les mains, si près de l’en-but, sentez-vous que vous allez marquer ?

Sur certaines situations, oui. Quand je reçois le ballon, je regarde combien de joueurs sont en face de moi, et qui ils sont. Forcément, si c’est un pilier, un deuxième ligne ou un trois-quarts, ce n’est pas la même chose. Pareil si c’est en un contre un, ou en trois contre deux par exemple. Suivant le contexte, je sais que je dois parfois juste baisser la tête et avancer pour aller marquer. De temps en temps, je vois aussi que les adversaires se focalisent sur moi et, plutôt que de garder le ballon, il est préférable que je le passe. Avec l’expérience, j’ai appris aussi à ne pas tout miser sur ma puissance et à me servir de mon cerveau pour mieux analyser les choses.

Il y a également eu des situations ces derniers mois où vous avez marqué en allongeant le bras pour qu’il finisse dans l’en-but…

Franchement, ce n’est pas quelque chose que je travaille à l’entraînement mais que je sens sur le moment. Je sais que mon bras a une envergure d’environ un mètre, donc si je tombe à moins d’un mètre de l’en-but, je peux marquer en l’allongeant. Vraiment, c’est de l’instinct. J’ai réussi à le faire cette saison contre Sale, contre Bayonne et même lors de la demi-finale de Champions Cup au Leinster. Là aussi, c’est en répétant le geste sur le terrain, en match, qu’il devient naturel.

Mais il ne faut pas échapper le ballon !

Quand on a des grandes mains comme les miennes, ça aide (rires)

Vous êtes hors-jeu !

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