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Top 14 - Will Skelton : « Je ne mérite pas d’être sélectionné avec les Wallabies »

Par Clément LABONNE
  • Le deuxième ligne rochelais ne se trouve aucune excuse quant à une possible sélection.
    Le deuxième ligne rochelais ne se trouve aucune excuse quant à une possible sélection. Icon Sport
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Le deuxième ligne australien de La Rochelle entame sa troisième saison sous le maillot jaune et noir. Vainqueur de la Champions Cup, Le colosse de 2,03 mètres évoque ses objectifs pour être encore plus complet en club mais aussi pour postuler de nouveau pour les wallabies en vue du mondial 2023.

Vous avez disputé votre troisième match de la saison contre le Racing 92, comment vous sentez-vous ?

C’était un match très dur physiquement. Mentalement, c’était important pour moi d’enchaîner avec un troisième match de suite. Le Top 14 est très long et je dois construire petit à petit ma saison. Mais je ne pense pas avoir fait un bon match. J’ai échappé plusieurs ballons et je dois très vite rectifier cela contre Bayonne.

En août dernier, Brice Dulin déclarait que La Rochelle devait faire un meilleur début de saison que l’an dernier. Après quatre succès en cinq matchs, cela semble plutôt bien engagé.

Contrairement à la saison dernière, nous avons eu une plus longue intersaison. Notre préparation était plus structurée et je crois que nous nous sommes entraînés plus dur. Nous avons fait un très bon stage de cohésion dans les Pyrénées. On a réussi à gagner quatre rencontres, ce qui est un départ incroyable mais la défaite à Clermont nous a fait mal. Il faut vite passer à autre chose.

Comment s’est déroulée votre présaison ?

Je n’ai pas changé de routine comme certains peuvent le faire. J’ai été suspendu en fin de saison donc cela m’a permis d’avoir une préparation plus longue (rires). J’ai vraiment apprécié cette coupure de rugby, j’en avais besoin mentalement. J’ai pu retourner en Australie pour la première fois depuis deux ans et passer du temps avec mon fils. L’avantage est que lorsque je suis revenu, j’étais affamé et excité pour la reprise.

Avec ce titre de Champions Cup, pensez-vous que le club a acquis une nouvelle dimension ?

Je crois que nous devons élever notre niveau de jeu. Quand vous réalisez ce genre de performance, vous devez être prêt à votre propre succession. Mais le club travaille avec les plus hautes exigences et c’est extrêmement motivant. Tout le monde veut jouer les plus grands matchs et gagner le plus de trophées. Du président aux joueurs en passant par le staff, je sens qu’il y a une vraie ligne directrice. Le vrai enjeu de cette saison sera l’organisation, c’est-à-dire la façon dont nous, joueurs, allons prendre en mains nos rencontres pour être prêts en mai.

L’année dernière, vous avez fait l’éloge de Ronan O’Gara pour sa droiture et son côté directif. Que vous apporte-t-il personnellement ?

C’est un entraîneur passionné et émotionnel. Lorsqu’il sent que quelque chose doit être mieux fait, il le transmet à l’ensemble du groupe. J’adore être entraîné par Ronan ! Ma relation avec lui s’est construite depuis notre premier jour ensemble. Lorsque j’ai signé à La Rochelle, j’ai reçu un long message de sa part sur ce qu’il attendait de moi et ce qu’il pouvait m’apporter. Même ma femme a bien aimé "ROG" (rires), parce qu’il est direct et honnête. C’est en quelque sorte un père de famille.

Depuis votre arrivée à La Rochelle en 2020, qu’est-ce qui a changé pour vous ?

Quand j’ai commencé à La Rochelle, je me suis conforté dans mon jeu naturel, auquel j’étais habitué en Australie et aux Saracens. Mais, depuis, j’ai progressé sur ma place au sein du groupe. Je sais que j’ai plus de responsabilités sur mes épaules et le fait d’être un leader dans le jeu me plaît bien. J’essaie de faire du mieux que je peux d’assumer ce statut. Je pense aussi que j’ai davantage progressé en mêlée et dans les mauls. Je me place mieux qu’avant. Mais il me reste beaucoup de choses à travailler, notamment la discipline. Je profite plus de mon rugby en France qu’en Angleterre, et en Top 14 on joue chaque semaine contre des joueurs de classe mondiale. Au-delà du sportif, la vie à la française est juste incroyable !

Will Skelton - La Rochelle
Will Skelton - La Rochelle Icon Sport

Concernant votre discipline, vous avez reçu trois cartons rouges sur les trois dernières saisons. Vous sentez-vous visé par les arbitres ou est-ce mérité ?

Je suis conscient de ce problème, les arbitres ne me pointent pas du doigt. J’ai pris trop de cartons rouges et j’ai coûté assez cher comme ça à mes équipes. Chaque faute que j’ai commise aurait pu être évitée, cela n’a jamais été un accident. Au-delà du fait de pénaliser son équipe, on parle ici de sécurité. Je n’ai pas envie de faire mal à un adversaire sur un choc à la tête ou de plaquer trop haut. La discipline est ma priorité. L’autre point sur lequel je dois travailler est ma forme physique. Je dois être le plus affûté possible. Je suis à un niveau où je dois encore travailler très dur et cet objectif doit être ma priorité chaque jour.

Vous êtes très calme et cela peut être surprenant venant d’un joueur rugueux comme vous…

Je pensais être calme aussi sur le terrain (rires)… Même si je suis un gros compétiteur, j’aime bien rire sur le terrain, c’est important. Avec l’expérience je me suis rendu compte que la compétition et l’énervement me fatiguaient trop. Quand j’étais jeune, j’étais beaucoup plus nerveux. Et ce changement a été nécessaire pour moi.

Vous êtes devenu l’un des cadres du groupe. êtes-vous également un pilier vocal du groupe ?

Non, pas vraiment. Je préfère avoir des petites discussions avec quelques joueurs avant une rencontre ou à l’entraînement.

Avant La Rochelle, vous êtes parti à 25 ans aux Saracens où vous avez passé trois saisons. C’est peu courant qu’un joueur australien parte en Europe si jeune, quelle était votre motivation ?

À l’époque, je pensais que c’était le club idéal pour m’améliorer. Ma femme et moi voulions aussi découvrir le style de vie européen et explorer un nouveau pays. Finalement, nous avons gardé d’excellents souvenirs en Angleterre !

Cette expérience vous a conduit à ne plus être éligible pour les Wallabies, était-ce un regret ?

Quand j’ai rejoint les Sarries, je savais que je ne pourrais plus jouer pour l’Australie, ce n’était pas une surprise. Cela n’a jamais été un regret, j’aurais pu rester mais mon départ pour les Saracens était la meilleure chose pour moi.

D’ailleurs, vous avez retrouvé le maillot australien en novembre dernier. Qu’avez-vous ressenti ?

C’était tellement rafraîchissant de côtoyer un nouveau staff, des joueurs différents… Jouer pour son pays est le sommet émotionnel pour un rugbyman. C’est ce que je recherche.

Vous avez également eu l’opportunité de jouer avec les Barbarians, c’est un esprit qui vous plaît ?

Absolument ! La semaine que j’ai passée là-bas était incroyable. C’était court, mais j’ai réussi à créer des amitiés, avoir de bons moments, boire quelques verres (rires)… J’ai des anecdotes que je ne peux pas raconter ici ! Plus sérieusement, j’ai aussi beaucoup appris de Fabien (Galthié), Karim (Ghezal), William (Servat) ou Laurent (Labit) qui sont de grands entraîneurs.

Quel regard portez-vous sur les Wallabies ?

L’équipe s’améliore nettement depuis plusieurs années. Les jeunes sont très talentueux et ils étaient très proches de remporter le Rugby Championship. J’espère que nous allons réussir à créer un parfait mélange pour être prêt en 2023.

Quel est votre état d’esprit à un an du Mondial ?

Pour l’instant, je ne mérite pas d’être sélectionné ! Je ne joue pas assez bien pour revenir dans le groupe des Wallabies, mais d’ici 2023, j’espère retrouver ma forme et pouvoir disputer le Mondial.

Tawera Kerr-Barlow a déclaré en août dernier qu’il était prêt à jouer pour l’Australie grâce à sa double nationalité. Qu’en pensez-vous ?

Ce serait incroyable ! C’est un joueur de classe mondiale et on se ressemble un peu dans nos parcours. Il a quitté la Nouvelle-Zélande pour l’Europe ce qui l’a rendu inéligible pour les Blacks, comme moi avec les Sarries. Aujourd’hui qui sait, il peut y avoir des blessures et Tawera peut nous rejoindre. D’autant plus que je suis persuadé qu’il s’intégrerait parfaitement au groupe.

Vous êtes né à Auckland de parents samoans qui ont ensuite émigré en Australie. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre histoire et votre enfance ?

Mes parents sont partis à Sydney car ils avaient de belles opportunités pour le travail. J’ai donc grandi dans cette ville et j’ai la chance d’avoir le passeport néo-zélandais et australien. Je me considère pleinement Australien mais j’ai toujours l’esprit "Samoa" dans mon ADN. Mes parents m’ont parlé samoan quand j’étais petit, certains membres de ma famille sont encore là-bas, donc rien que pour cela j’essaie de les rendre fiers.

Dans votre jeunesse, vous avez joué au rugby à XIII. Quelles sont les raisons qui vous ont dirigé vers le rugby à XV ?

Ma taille ! Quand j’ai eu 18 ans je faisais déjà deux mètres et je ne pouvais pas continuer le rugby à XIII. Donc je suis allé à XV, c’était plus adapté pour moi. Quand j’ai commencé à jouer au rugby, je voulais jouer numéro 8, mais je n’étais pas assez rapide. Encore aujourd’hui, d’ailleurs ! (rires) Et puis avec le temps j’apprécie être deuxième ligne. J’adore être au cœur des mauls ou de la mêlée. Je trouve qu’il y a un rapport spécial à l’affrontement physique. Et c’est tellement satisfaisant de gagner une pénalité ou de marquer un essai sur ces phases de jeu.

Après trois ans à La Rochelle, pourquoi avez-vous prolongé votre contrat jusqu’en 2025 ?

Je n’ai jamais eu l’idée de partir. Ronan et le staff ont demandé à tous les joueurs en fin de contrat de vite faire un choix. J’aime vraiment ce que sont en train de construire le club, les nouvelles recrues, la direction… Avec ma femme, nous avons une maison à La Rochelle, notre garçon est né ici. En fait, notre vie est ici !

Si vous aviez le choix entre une deuxième Champions Cup d’affilée ou le bouclier de Brennus, que préféreriez-vous ?

Le Brennus. Gagner le Top 14 dans cette ville serait incroyable. C’est quelque chose que le club n’a jamais fait et c’est d’ailleurs ma priorité en tant que joueur.

Vous êtes hors-jeu !

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Les commentaires (1)
HakaduOdumat Il y a 1 année Le 06/10/2022 à 19:59

je suis fan, c'est peu dire !
Quel atout d'avoir un mec comme ça dans son équipe;
le jour où il ne cédera plus aux provoques en tout genres de ses adversaires (racing par exemple et Kolingar en particulier) et sera focus sur son job, il sera terrible à affronter