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Le business des paris sportifs

Par midi olympique
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Quatre ans après la loi sur la libéralisation des paris sportifs en ligne est entrée en vigueur en 2010. Le rugby à la marge le ballon ovale ne représente que 3 à 6 % des mises, loin derrière le football, et le sponsoring direct des clubs n’est plus d’actualité. Activité à risques les paris sont une tentation dangereuse pour les joueurs susceptibles de miser sur leur propre compétition. Prévention pour éviter les scandales du foot, du tennis ou du handball, FFR et LNR ont mis sur pied un programme de sensibilisation.

Par Jérémy FADAT (avec V. B. et Lé. F.) jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Entrée en vigueur le 8 juin 2010, la loi sur la libéralisation des paris en ligne fut perçue comme un eldorado économique. Chacun espérant surfer sur une vague de fantasmes en termes de partenariat. Les sociétés de paris amasseraient un tel pactole qu’elles deviendraient un acteur majeur du monde sportif et de son financement… Quatre ans plus tard, le rugby reste à la marge. Selon les chiffres de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) pour l’année 2012, « 3 % des mises engagées sur les sites agréés concernaient le rugby, soit une somme de 21 millions d’euros environ ». Le même rapport précise ainsi qu’« au troisième trimestre 2013, la proportion demeurait identique : 5,3 millions d’euros misés sur le rugby et 182 millions pour l’ensemble des sports supports ». Sur le plan mondial, les proportions sont inférieures à 1 %. à côté, le foot représente 80 à 85 % du chiffre d’affaires de la Française des Jeux, par exemple, où le rugby est le quatrième sport en volume de paris, après le tennis et le basket. « Le tennis bénéficie d’un calendrier sur toute l’année, explique un responsable de la FDJ. Pour le basket, il y a un vif intérêt sur les nombreux matchs de la NBA et il est tiré par les têtes d’affiche comme Tony Parker ou Lebron James. » Même son de cloche chez PMU : « Sur les 198 millions d’euros de mises enregistrées chaque année sur notre site, 65 millions le sont pour le foot. Suivent le tennis et le rugby, équivalent au basket, qui représente entre 5 % et 6 % du marché », détaille Magali Landour, responsable des paris. Ce qui se justifie par le profil type des amateurs de ce sport. « C’est un public d’experts comme le démontre le grand nombre de paris choisis avec handicap », confirme-t-on chez FDJ. D’où la difficulté d’attirer de nouveaux joueurs.

Sponsoring peu rentable et source de défiance

Au-delà, ce modeste volume de paris explique le faible partenariat des entreprises concernées. Si, en 2010, Betclic, leader du marché, était devenu sponsor de l’Usap et de Toulouse, les partenariats directs ne sont plus d’actualité. « Il existe un frein car les organismes de paris sportifs ne s’y retrouvent pas au niveau des clubs, affirme un responsable commercial de Top 14. Il n’y a pas d’expérience réussie et on en est revenu. » Jennifer Madiot, responsable sponsoring chez PMU, détaille : « Nous faisons des actions avec certains clubs comme Clermont, le Stade français, le Racing, Toulon ou Lyon. Nos antennes régionales prennent contact avec eux pour des opérations locales, des sponsorings sur un match. Mais nous n’avons pas de contrat avec un club car nous sommes une entreprise nationale et ne voulons pas nous marier avec untel plutôt qu’un autre. La seule exception concerne le PSG en foot, qui est à part. » Sans compter que ce sport donne une visibilité et une capacité d’exploitation supérieures. « Le football concerne 60 millions de Français et offre énormément de possibilités, poursuit Jennifer Madiot. Le rugby est plus régionalisé. L’Ouest, le Nord et l’Est ne sont pas des terres de rugby et quand on fait des opérations dans l’un de nos 12 000 points de vente, il n’y a pas une émulsion partout. Dans les villes comptant un club de Top 14 ou Pro D2, ça marche bien. »

Un expert du secteur va plus loin : « Ces entreprises ont très peu de partenariat avec les clubs car elles préfèrent avoir accès à des offres mutualisées. Celui de PMU avec la Ligue lui permet un accès à tout le Top 14 sans passer par les clubs. C’est plus rentable économiquement. » PMU est un partenaire majeur de la LNR depuis le milieu des années 2000 comme FDJ est celui exclusif de la FFR. Il existe également une défiance dans les clubs, née des soupçons nourris par une telle association. « On n’a jamais eu de rapports avec un organisme de paris et on n’en cherche pas vraiment, souffle le dirigeant d’un club du bas de tableau de Top 14. S’ils proposaient 100 000 ou 200 000 € par an, on y réfléchirait à deux fois mais on se rapprocherait de la LNR pour éviter tout conflit d’intérêts. On n’a jamais eu de note interne de la Ligue sur quelconque interdiction mais c’est particulier car, derrière, il y a un règlement strict dans le cadre des paris. S’associer avec ce genre d’entreprise favoriserait la suspicion. »

Le Mondial comme vecteur de développement

Les organismes misent néanmoins sur un développement à venir. Avec l’autorisation des paris à handicap (voir ci-dessous). Et le Mondial 2015 va générer une embellie. « Dans nos prévisions, on s’attend à une belle Coupe du monde, clame la FDJ. Qu’elle se déroule en Angleterre devrait être un atout de par la proximité, la médiatisation et l’absence de décalage horaire. C’est un gros levier de développement. Notre objectif sera de toucher de nouveaux parieurs. Une campagne de promotion va être lancée et on tentera de mettre en avant notre partenariat avec la FFR. »

Le défi, pour chaque acteur, sera de pérenniser la dynamique. « Si le Top 14 et la Coupe d’Europe peuvent attirer, le problème est lié aux structures des compétitions internationales, garantit un expert. Si le Tournoi des 6 Nations était rebaptisé Championnat d’Europe des nations, il présenterait plus d’enjeu pour les parieurs. Seuls les puristes voient un intérêt aux test-matchs. Pour les autres, ce sont des matchs amicaux. En foot, c’est clair : l’Euro, le Mondial et même les matchs de qualification ont un enjeu sportif. » Et d’ajouter : « Si j’étais en charge du sponsoring dans un organisme de paris, je m’intéresserais au match entre Toulon et les Sharks pour en être le partenaire exclusif. Le champion du Nord contre celui du Sud, personne ne sait qui va gagner. Plus il y a d’incertitude, plus ça entraîne les paris. » Donc les retombées pour tous.

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