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Phases finales : on ne touche pas à la tradition !

Par Arnaud Beurdeley
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    Phases finales : on ne touche pas à la tradition !
Publié le Mis à jour
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Faut-il supprimer les phases finales ? La question revient régulièrement quand il s’agit d’alléger le calendrier et de valoriser, aussi, le championnat régulier. Pourtant, il est difficile de supprimer l’un des trésors du rugby français. Explications.

«Pas touche, c’est une tradition», entend-on souvent à propos des phases finales du championnat. Pourtant, il ne se passe pas une saison sans que des voix s’élèvent pour tenter de les supprimer. Le dernier en date ? Bernard Laporte. L’ancien sélectionneur du XV de France, manager du RC Toulon, avait lancé, dans nos colonnes l’été dernier, un véritable cri d’alarme : «Il faut supprimer les phases finales. Avec une telle décision, non seulement tu clarifies ton championnat, avec un vrai champion de France, mais en plus tu gagnes encore trois semaines. Du coup, tous les problèmes de calendrier sont quasiment réglés. Tu donnes plus de place à l’équipe de France tout en ayant le meilleur championnat professionnel possible, avec de gros matchs, sans impasse ni doublon.» Des propos qui s’écoutent mais que les instances ne veulent pas entendre. «C’est vraiment une fausse bonne idée, affirme le président de la LNR Paul Goze. On peut toujours débattre sur la pertinence des barrages mais se priver des phases finales serait une erreur gravissime. » Et ce dernier d’asséner : «De toute façon, tant que je serai là, il y aura des phases finales.»

La plus forte des fenêtres médiatiques

C’est ainsi et pas autrement. Les phases finales, au rugby, c’est culturel, viscéral. Depuis toujours, «on monte à la capitale» pour la finale du championnat. Depuis toujours, le moment est attendu par la France du rugby. «Les phases finales sont un moment important pour le rugby, assure encore Paul Goze. C’est probablement la fenêtre médiatique la plus forte pour notre sport.» «Les phases finales représentent, pour Canal +, cinq des sept meilleures audiences de la saison, confirme Éric Bayle, le patron du rugby sur la chaîne cryptée. Seul un match de poule en prime le dimanche soir peut rivaliser avec ces rencontres de fin de saison. On flirte alors avec 1,2 million de téléspectateurs par match.»

10 millions d’euros : la recette liée à l’organisation des phases finales Top 14. Les frais d’organisation s’élèvent à 3,6 millions d’euros.

D’aucuns avancent alors l’argument financier quant au maintien contre vents et marées des phases finales. Certes, l’organisation de ces matchs ne représente pas des revenus pharaoniques pour la LNR. 11 millions d’euros de recettes (billetterie, hospitalités, merchandising…) l’an dernier pour des frais d’organisation de l’ordre de 4 millions d’euros (Top 14 et Pro D2 inclus). Un bénéfice net de 7 millions d’euros à mettre en rapport avec un budget qui se situe autour de 115 millions d’euros… La LNR a tout de même réussi à accroître ses bénéfices ces dernières années en raison notamment d’une convention avec le Stade de France plus avantageuse que par le passé et à l’organisation désormais des demi-finales dans un seul stade. Seulement, «ce sont des recettes de match, précise Emmanuel Eschalier, le directeur général délégué de la LNR. Ça ne comprend pas les droits télés, ni les partenariats.»

Canal+ en veut pour son argent...

Une précision qui a son importance. Et pour cause. Jamais un diffuseur n’avait payé aussi cher pour acquérir les droits de diffusion du championnat. À partir de la saison prochaine, Canal + versera à la LNR 74 millions d’euros par an pour retransmettre le Top 14. «Quand on met autant d’argent sur la table, ce n’est pas pour supprimer des matchs, note Éric Bayle. Là, franchement, ça nous embêterait. Et si demain on passait à douze clubs dans l’élite, alors que l’investissement de Canal + n’a jamais été si fort, ça poserait forcément problème.» «Contractuellement, il n’y a aucun empêchement à changer la formule du championnat, assure encore Paul Goze. Si toutefois nous devions opérer une modification, nous le ferions en collaboration avec le diffuseur. Mais ce n’est absolument pas à l’ordre du jour.» Parce que, assurément, un championnat sans phases finales ne serait sans doute pas vendu au même prix.

Et puis, il y a les partenaires de la LNR qui paient au prix fort leur visibilité. Ces partenaires verseraient-ils les mêmes sommes sans l’existence des phases finales ? «La part des phases finales dans les droits marketing n’est pas quantifiable, répond encore Emmanuel Eschalier. Mais on peut imaginer qu’elle est très importante.» «Les phases finales sont importantes pour nos partenaires car c’est le moment de la saison où il y a le plus de visibilité, reprend Paul Goze. Les partenaires viennent aussi pour les phases finales.» Des rencontres où les partenaires de la LNR ont l’exclusivité alors qu’ils partagent la visibilité avec les partenaires des clubs durant la saison régulière. Des arguments financiers qui, mis bout à bout, légitiment, par-delà l’aspect culturel, le maintien des phases finales.

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