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Laurent Marti : «Oui, j’ai réfléchi à la succession d’Ibañez»

Par Pierre-Laurent Gou
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    Laurent Marti : «Oui, j’ai réfléchi à la succession d’Ibañez»
Publié le Mis à jour
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Laurent Marti, le président du club girondin, réagit à l’information qui fait de son manager, Raphaël Ibanez, le favori pour succéder à Philippe Saint-André.

Avec quel staff à la tête de l’UBB envisagez-vous la saison prochaine ?

Le staff actuel est sous contrat pour la saison prochaine. Raphaël Ibanez ne dispose d’aucune clause libératoire, de n’importe quelle sorte. D’ailleurs, je tiens à dire que je n’ai sollicité aucun agent à propos de sa possible succession. Dire le contraire est entièrement faux. Je peux m’exprimer sur ce sujet sans problème.

Vous opposeriez-vous à son départ ?

Si, demain, Raphaël devait être appelé à la tête de l’équipe de France, je le libérerais sur le champ et sans demander d’indemnités à la FFR pour la simple et bonne raison que, selon moi, l’équipe de France passe avant tout. En tant que passionné de rugby, je pense que l’on doit privilégier l’équipe de France. C’est un honneur que ton manager ou ton entraîneur soit appelé. Ce sera alors à moi de trouver des solutions, mais je ne ferai aucun barrage à un départ de Raphaël Ibanez.

Est-il d’actualité ?

Je n’en ai pas parlé ce week-end avec Raphaël, mais j’ai vu les informations sorties par vos confrères de RMC. Si vraiment il est aujourd’hui dans les petits papiers pour prendre la destinée des Bleus, je demande à être prévenu officiellement très rapidement. C’est maintenant que je dois me préparer, ce n’est pas au mois de juin, ni même l’année prochaine. Je ne veux pas que l’on m’explique que le futur manager du XV de France prendra ses fonctions après le Tournoi 2016. J’ai entendu parler de l’idée qui circule à la FFR. Pour ne pas mettre le bazar dans les clubs, les nouveaux n’arriveront peut-être qu’en juin 2016... Ce n’est pas bon du tout. Au niveau de la motivation dans leur mission en club, il y aura toujours des doutes. Il faut qu’on le sache le plus rapidement possible.

Avez-vous déjà réfléchi à un départ d’Ibanez ?

Je mentirais ou serais fou si je disais le contraire. J’ai plusieurs noms qui me traversent l’esprit mais l’étape d’après, je ne peux pas la passer. Il faut que je sache si c’est Ibanez. Je suis dans l’attente d’informations pour le moment. La première fois que j’ai rencontré Raphaël Ibanez, à la fin de notre discussion, je lui ai dit : « Je vais t’envoyer une proposition mais elle sera sûrement la moins bonne sur le plan financier. Par contre, je pense que nous sommes l’endroit idéal pour que tu fasses tes gammes et j’ai la faiblesse de penser que, si tu réussis, ce sera un bon tremplin pour l’équipe de France. » Le deal était simple, donc je ne peux pas dire que le fait qu’il soit pressenti soit un problème. Je sais qu’au fond de lui, il sera très heureux s’il est appelé. Quand tu parles avec lui, tu ressens le fait que l’équipe de France a marqué sa vie. Je serais très heureux pour lui.

Une solution en interne est-elle envisageable ?

Je ne vois personne chez nous, aujourd’hui, capable de reprendre le rôle de manager.

Prendrez-vous forcément un homme « providentiel » qui construirait son staff ?

Pas du tout. Vous seriez surpris de voir que je suis capable de lancer quelqu’un de complètement différent, pas forcément médiatique, mais aussi de me priver de manager et de mettre un couple de deux techniciens capables de mener la barque.

Changeons de sujet. L’UBB n’a qu’un seul joueur sélectionné avec le groupe France pour le Tournoi, Sofiane Guitoune. Trouvez-vous cela normal ?

Nous avons plusieurs joueurs qui n’en sont pas loin. Je pense à Madaule, qui enchaîne les bonnes prestations, nos deux jeunes piliers gauches Taofifenua et Poirot, qui seront testés un jour ou l’autre, Yann Lesgourgues ou Pierre Bernard bien sûr, Baptiste Serin à plus longue échéance, et puis Lionel Beauxis qui n’a pas dit son dernier mot, tout comme Jean-Baptiste Poux. On sent qu’il y a du potentiel. Cela viendra. Après, sur le choix réalisé par le staff, il n’y a pas à crier au scandale à mon sens. De plus, sélectionner un jeune doit être une évidence, pas un objectif, au risque de le fusiller. Le bon exemple, c’est Charles Ollivon. Le Bayonnais avait réalisé des performances exceptionnelles, il méritait d’être testé.

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer la vitesse supérieure en termes de recrutement pour la saison prochaine ?

Je n’ai jamais caché les objectifs que je poursuivais pour Bordeaux. C’est normal de rêver de ramener le Bouclier de Brennus, notamment quand tu es président d’un club professionnel. Autrement, autant démissionner tout de suite... Mais je sais que la route s’annonce longue pour y arriver. Il nous faudra peut-être beaucoup de temps. Je vise le Graal, et pour cela, il faut faire certains efforts.

En recrutant des joueurs plus « médiatiques » comme les Wallabies Ashley-Cooper et Kepu ?

Non, absolument pas. Je suis purement orienté sur la qualité sportive du joueur même si le renforcement de l’équipe passe obligatoirement, à un moment, par des internationaux, donc plus connus du grand public. Si j’avais vraiment fait mon recrutement dans une optique de retour d’image, peut-être aurais-je cherché à enrôler Ma’a Nonu, que l’on savait sur le marché et qui est plus « bankable ». Mais il se trouve que je préfère largement Ashley-Cooper que Nonu rugbystiquement. J’ai raisonné en cherchant à trouver les joueurs qui pouvaient nous faire franchir un palier, mais jamais en fonction de taux de remplissage du stade, de ventes de maillots etc. J’ai tendance à croire que ce sont les résultats et les victoires qui amènent du développement sur ces points-là, et non pas les signatures d’une ou deux stars.

Avec le recrutement réalisé, l’objectif ne sera-t-il pas de réussir obligatoirement la qualification pour la Coupe d’Europe ? N’est-ce pas mettre un surplus de pression que d’engager ce genre de joueurs ?

D’abord, on va déjà attendre de voir ce que vont faire les autres formations du championnat. Le marché des transferts est loin d’être terminé, il y a encore quelques coups qui sont dans les tuyaux, qui vont sortir plus tard… Aujourd’hui, j’ai tendance à penser qu’effectivement, l’UBB, sur le papier au moins, jouera pour se qualifier, pour intégrer le top 6. La pression ? Cela me fait doucement rigoler ! Si moi, en tant que président, les entraîneurs et les joueurs, ne voulons pas d’elle, eh bien il y a un sport pour cela, c’est le beach rugby ! On peut y jouer tout l’été sur le sable. C’est sympa et, si on perd, cela n’est pas grave. On est dans un monde professionnel et si l’on veut aller de l’avant et être ambitieux, il faut se donner les moyens ! En revanche, si l’on ne veut pas avoir de pression, alors il ne faut pas venir à Bordeaux-Bègles ! La pression, c’est magnifique. Cela voudra dire que l’on vise le haut du tableau, et vivre des émotions très fortes.

Êtes-vous heureux d’avoir fait signer le Rochelais Goujon avant qu’il devienne international ? Avez-vous ainsi réalisé une économie ?

Bien évidemment ! Mais je vous rassure, Loann a signé avec l’UBB un très beau contrat. Et puis, vous savez, dans tous les clubs, quand un joueur a signé avec un statut de non international et qu’il le devient de manière régulière, il est récompensé.

Quelle est votre position sur le salary cap ?

Elle est très tranchée. Je suis à 100 % favorable à ce dispositif pour la simple et bonne raison qu’il est largement au-dessus (avec 10,5 millions d’euros ou même 11 millions avec le dispositif sur les espoirs) de ce qui se passe en Angleterre. La concurrence avec le Japon, on s’en fiche. Celui qui veut aller au Japon, moi, je n’ai pas envie de le prendre. Il ne pense qu’à l’argent et à la facilité, et non pas à venir dans le championnat le plus relevé. Et puis, ce n’est pas en le passant à 13 millions que l’on aura plus de joueurs. On aura toujours les mêmes que l’on paiera plus cher. La course à l’échalote se démultipliera. Et au lieu d’avoir des salaires à 30 000 ou 40 000 euros, on leur en proposera 60 000. Mais ce sera toujours le même joueur et toujours les mêmes clubs qui voudront le recruter. Ne pas se fixer de limite pourrait tuer notre sport. Le rugby, pour préserver son identité, doit faire attention à ses dépenses.

Pourtant, la semaine dernière, les droits télés ont encore augmenté, passant à 74 millions d’euros par saison, avec le nouveau contrat signé avec Canal + pour les quatre prochaines saisons. Êtes-vous satisfait de rester avec le diffuseur historique du championnat ?

J’ai assisté à des réunions, au début des discussions, durant lesquelles l’ensemble des présidents de Top 14, y compris Mourad Boudjellal, étaient très heureux que beIN Sports puisse concourir et absolument pas fermés à ce qu’elle emporte les droits télés, puisque, à l’époque, nous n’avions aucune garantie sur l’augmentation de ceux-ci. Canal + a gagné une fois, puis deux fois le marché. Je suis très satisfait, parce que le Top 14 a une belle histoire avec Canal, et parce que les audiences avec elle sont bien plus assurées qu’avec le nouvel arrivant BeIN Sports. Mais ne crachons pas trop sur ces derniers car, à une époque, tout le monde avait peur de ne pas obtenir le chèque que nous espérions. Mais quand tu es marié avec quelqu’un et que cela se passe super bien, pourquoi changer ?

Dans votre lit, le soir, rêvez-vous à une UBB aux côtés des grosses écuries que sont Toulon, Clermont ou Toulouse ?

Oui, c’est l’objectif avoué. Après, il faut être conscient que si l’an prochain nous montons à 19 millions d’euros de budget, les trois clubs que vous avez cités seront à plus de 30. Il y a donc encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais cette flamme qui vit en nous, cet engouement, l’étincelle que je perçois dans les yeux de mes joueurs ne doit pas s’éteindre. Attention, tout va vite, dans un sens comme dans l’autre. Qui aurait prédit que Perpignan champion de France, finaliste après, se retrouve relégué si rapidement ? Que Castres, avec le même parcours que les Catalans mais en plus les laboratoires Pierre Fabre comme propriétaires, puisse se retrouver avant-dernier du Top 14 ? La marge de manœuvre est mince. Deux ou trois blessés, un problème dans le vestiaire que tu ne vois pas venir et, tout de suite, l’équilibre de ton club se trouve fragilisé. Regardez les difficultés du grand Stade toulousain aussi ! Personne, dans le Top 14, n’est à l’abri, même si je suis persuadé qu’au final, Toulouse sera dans les six.

Et Bordeaux ? Serait-ce un échec de ne pas y être ?

Non. Au début de la saison, on pensait vivre une année de transition car l’année dernière, nous avions montré le bout du nez mais nous nous étions grillés sur la fin. Je ne pensais pas que nous ferions cette saison la course à l’Europe. Quelque part, on profite aussi des difficultés de Montpellier et Toulouse. Jusqu’à quand...

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