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« Je savais qu’il y aurait ce p... de match »

Par Simon Valzer
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    « Je savais qu’il y aurait ce p... de match »
Publié le Mis à jour
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Le 21 février, Oyonnax ira défier Castres, le futur club du manager Christophe Urios. De passage dans l’Aude, sa région natale,il nous a expliqué comment il gérait cette situation.

Racontez-nous votre soirée du 31 janvier : Oyonnax gagne à Paris et fait un pas supplémentaire vers le maintien. Quelques heures plus tard, le Castres olympique que vous entraînerez l’année prochaine perd à domicile et se rapproche un peu plus du Pro D2…

Au coup de sifflet final, il y a eu une effusion de joie de la part de tout le monde, c’est normal… Mais pas pour moi. Par ma situation, je ne me lâche pas. Je savais que Castres allait disputer un match important derrière. Pas capital, parce qu’il reste 45 points à prendre. Pour tout vous dire, lors de ce match, j’étais avec mes joueurs et je ne l’ai pas vu. Je suivais le score, et j’ai commencé à me dire que cela serait dur quand j’ai vu qu’il y avait 10 à 3 pour Toulouse. D’autant que dans ces moments-là, on sait qu’il ne pleut souvent que sur les mouillés… Mais bon. Depuis que j’ai pris ma décision, je suis toujours dans la retenue. Attention, je ne suis pas déçu ou triste de quoi que ce soit. Je suis juste obligé d’être très, très concentré.

Sur quoi ? Sur Oyonnax ? Sur Castres ?

Sur tout. Sur Oyonnax, sur Castres, sur mes relations vis-à-vis des supporters des deux camps, de mes relations avec les dirigeants… Je ne veux pas faire d’écart. Quand on gagne à Paris, je suis très content et soulagé. Mais je ne me dis pas qu’Oyonnax enterre Castres. Ce qui m’intéresse, c’est de tenir la feuille de route de l’USO. Une fois la victoire acquise sur Paris, j’espère juste que les Castrais vont faire le boulot…

Comment vivez-vous cette situation depuis des semaines ?

Honnêtement, je la vis bien. Ce que j’ai mal vécu, ce fut le moment où il fallut faire un choix, au mois d’octobre. À partir du moment où ma décision a été prise, j’ai pu « penser droit ». « Penser droit », c’est un principe qui vient de Confucius. C’est la règle numéro 2 de la partie « Éthique et Performance ». La première chose que j’ai faite fut de prévenir les dirigeants d’Oyonnax qu’à partir de maintenant, j’allais me concentrer sur les professionnels, et laisser la formation. Quand on travaille sur la formation, c’est pour l’avenir. Et dans l’avenir, je ne serai plus là. J’ai aussi demandé à quitter le comité directeur. Ensuite, j’ai demandé de ne plus être au club le mercredi, qui est le jour « off ». Depuis, je consacre cette journée à Castres, soit en m’y déplaçant, soit en travaillant depuis mon domicile, mais jamais depuis mon bureau d’Oyonnax. J’ai été clair avec eux, et ils ont été d’accord. Cela m’a enlevé pas mal de pression. Là où j’ai changé, c’est que je suis moins ouvert, moins abordable. Mais j’assume.

En quoi consiste votre travail à Castres ?

La première étape de ce projet concerne le recrutement. Et celui diffère selon le Top 14 ou le Pro D2. Le recrutement de Top 14, lui, est quasiment ficelé.

Quels besoins aviez-vous identifié ?

Ils ne sont pas énormes. Devant, la plupart des joueurs sont encore sous contrat. Derrière, nous avons juste apporté un peu de vitesse (avec les Toulonnais Wulf et Smith, N.D.L.R.). Une fois ce recrutement effectué, je suis passé à l’état des lieux du club, que je continue aujourd’hui. Je rencontre les acteurs de tous les secteurs : médical, préparation physique, intendance, logistique… La troisième phase sera la mise en place du projet. Mais si le club descend, il faudra revoir le recrutement dans son intégralité.

Combien de joueurs perdriez-vous en cas de descente ?

La moitié de l’effectif, peut-être… Mais, après, il faut voir au cas par cas. En ce moment, certains garçons nous sollicitent pour rester même si Castres descend : je n’en veux pas de ça ! Je veux des garçons qui ne veulent pas descendre, qui se battront pour rester en Top 14. Aujourd’hui, le maintien appartient aux joueurs : c’est à eux de se resserrer pour aller le décrocher.

Rencontrez-vous les joueurs du Castres olympique ?

À l’exception de quelques-uns que je devais voir pour des questions précises comme celles de la prolongation, non.

Quelle limite vous êtes-vous fixée dans l’intervention que vous menez en ce moment à Castres ?

Naturellement, je n’ai aucun contact avec le staff qui est en place, parce que je respecte son travail. Je savais que l’annonce allait sûrement faire bouger les lignes, et nuire un peu au climat… Mais bon, cela fait quand même quatre mois maintenant. Les joueurs doivent se resserrer. Et s’ils doivent s’en sortir, ce n’est pas moi qui les fera s’en sortir. Je n’échange qu’avec Pierre-Yves (Revol), et Rodrigo (Capo Ortega) avec qui j’ai de très bonnes relations. Mais la situation appartient aux joueurs. Parce qu’elle n’est pas désespérée, mais elle est grave.

Qu’est-ce que Mauricio Reggiardo peut apporter ?

Mauricio a l’amour de ce club : il a porté le maillot pendant dix ans, il s’est battu pour le CO. Ensuite, c’est un latin. Donc il sait comment toucher les joueurs. Enfin, les neuf matchs restant sont étalés sur trois ou quatre mois. Donc il aura le temps de retravailler sur la cohésion de l’équipe. Et ça, Mauricio est capable de le faire.

Le fait que vous ayez signé pour quatre ans sans clause était une contrainte imposée par Pierre-Yves Revol ou pas ?

Non, c’était ma volonté. J’ai toujours signé de longs contrats. Je voulais m’inscrire sur le long terme, afin de mener à bien ce projet. C’est un risque que nous avons pris à deux avec Pierre-Yves, puisqu’il a lui aussi donné son accord pour que je garde un staff à trois, même en cas de descente. Je savais que cela pouvait arriver. Cela va peut-être arriver, ou peut-être pas. J’ai davantage de problème avec cela pour les mecs qui me suivent, parce que ce n’est pas le projet que je leur ai présenté, même si nous en avons parlé.

Que leur dites-vous ?

On se dit que si cela arrive, il faudra se battre pour remonter. On sait comment faire, il faudra le refaire même si cela ne veut pas dire que cela va se produire. Je sais ce que ma situation en fait rire certains : j’ai dit que je voulais partir pour un projet ambitieux, alors qu’Oyonnax est aujourd’hui mieux classé que Castres. Mais je n’ai pas de problème avec ça. C’est un risque, je l’ai pris, et je l’assumerai. Basta.

Alignerez-vous ces joueurs dans deux semaines contre Castres ?

Je vais faire la meilleure équipe possible pour battre Castres. Je n’ai pas de problème avec ça. Ce ne sera pas un match comme les autres, bien sûr. Mais quand j’ai signé ce contrat, je savais qu’il y avait ce p... de match. Je savais que cela pouvait arriver. Nous allons préparer ce rendez-vous comme les autres, parce que sur les quatre prochaines journées, nous recevons trois fois. Notre avenir va se jouer là. Donc je vais laisser ce match dans le bloc de quatre rencontres. Et croyez-moi, je vais aligner la meilleure équipe possible pour battre Castres.

Pensez-vous que les choses soient aussi claires dans les esprits des joueurs qui vous suivront l’année prochaine ?

Bien sûr. J’en ai déjà parlé avec eux. Je sais que ça peut interpeller certaines personnes. Mais je veux « penser droit », et me tenir à ma feuille de route avec l’USO. J’ai confiance en mes joueurs. Ils sont comme moi. Et puis ce n’est pas ce match qui va envoyer ou non Castres en Pro D2. Tout le monde me dit que j’ai envie de « bien finir à Oyo ». Mais je m’en fous de bien finir à Oyo ! Ce que je veux, c’est qu’on tienne notre objectif qui est de faire mieux que l’année dernière, point.

Prendrez-vous du recul par rapport à Oyonnax durant la semaine précédant le match ?

Absolument pas. La seule chose qui changera, c’est que je ne travaillerai pas du tout sur le projet de Castres cette semaine-là.

Quel serait votre résultat idéal ?

Que l’on gagne à Mathon.

Et un point de bonus défensif pour Castres ?

Ils ne l’ont jamais pris encore… Il n’y a donc pas de raison pour qu’ils le prennent chez nous.

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