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Rofes, un homme de défi

Par midi olympique
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    Rofes, un homme de défi
Publié le Mis à jour
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Après une carrière professionnelle riche et belle, Fabien Rofes est revenu à ses premiers amours, dans les Pyrénées-Orientales. Côte Vermeille est son point de chute, son dernier défi et la source du plaisir.

L’histoire était belle, quatre entrées en cours de jeu lors des quatre premiers matchs de Coupe d’Europe de Perpignan. Malgré des résultats mitigés, seulement deux victoires, Fabien Rofes ne pouvait pas rêver mieux. Mais la dure réalité du rugby l’a vite rattrapé, celle de l’expérience. Le jeune talonneur a donc retrouvé le banc, le même qu’il avait quitté pour suppléer au pied levé, les joueurs expérimentés. Une situation qu’il juge aujourd’hui évidente avec le recul, connaissant ses difficultés en touche, et son manque de solidité en mêlée à l’époque. « On écoute les anciens qui nous conseillent mais faut le vivre sur le terrain pour le comprendre, au poste de talon, on est encore en apprentissage jusqu’à l’âge de 25 ans. » Néanmoins, Fabien décide de partir, sûrement piqué dans son orgueil, avec, à son actif, qu’un total de cinq matchs en Top 16.

Une trop forte désillusion

Partir pour progresser, mais surtout pour jouer. Non loin de ses Pyrénées-Orientales natales, le jeune talonneur pose ses valises à Narbonne. Il y réalise ses gammes en mêlée, en touche, gagne la confiance du coach, Marc Delpoux, et trouve du temps de jeu. « Ma place de titulaire part d’une obligation. Le premier talon se blesse lors d’un match, donc derrière je devais tenir la baraque, je n’avais pas le choix. » Un mal pour un bien. Fabien Rofes se découvre, et se prend en main. Plus de rigueur, changement d’état d’esprit, compréhension des valeurs du rugby, un vrai déclic. « J’ai mûri en six mois là-bas, au lieu de deux à trois ans en restant à l’Usap. » Alors présent en première division, Fabien Rofes et son nouveau club du RCN effectuent une première belle saison. « On rate vraiment le play-off de peu, on avait la place de les disputer. » À seulement quatre points du dernier qualifié, Narbonne enchaîne par la suite deux saisons dans le ventre mou du championnat de France. Avant une dernière saison dramatique. Il raconte : « En gagnant à l’extérieur contre Agen, on pense tous être sauvés. Derrière, on avait juste à jouer un match à domicile contre Brive qui jouait également le maintien. Mais on n’a pas supporté la pression de ce match. On l’a tout simplement mal abordé. On avait le stress du centenaire du club qui pesait sur nos épaules. Pourtant, on avait l’effectif pour se maintenir, cela faisait quatre ans qu’on avait le même groupe. » Une défaite lourde de conséquences pour Fabien Rofes : « C’est la plus grosse désillusion de ma carrière. J’ai mal vécu cette descente, puisque derrière ce club, il y a toujours eu un grand engouement, une ville qui vit au rythme de son équipe. »

Narbonne, l’époque du déclic. Après quelques années de rodage à l’Usap, le talonneur s’épanouit sous le maillot audois.

L’appétit du haut niveau

« Je voulais rester en Top 14 pour des raisons personnelles. Aujourd’hui avec le recul je me dis, que si j’étais resté à Narbonne, je n’aurais été qu’un simple joueur de Pro D2, et je souhaitais plus. » Séduit par le projet du MHR, nouveau stade, nouveau projet de jeu, nouveau discours, il signe à Montpellier. Trois premières saisons en demi-teinte, où le temps de jeu est partagé entre tous les talonneurs. C’est finalement en sélection espagnole, qu’il retrouve le plaisir sur le terrain qu’il cherchait. « Cette dizaine de matchs sous le maillot ibérique, je l’ai vécu comme un vrai bol d’air, j’en avais réellement besoin. » Cependant lors de sa dernière année au MHR, il passe à deux doigts de l’apothéose, celle du sacre. Dans les papiers de l’entraîneur grâce à une grosse préparation, il se retrouve toutefois sur le banc à cause d’une blessure. Une dernière qui va lui coûter sa place de titulaire jusqu’à la phase finale. « On était conscient de vivre quelque chose de fort, parce qu’on avait une bonne équipe, et un facteur chance avec deux victoires d’un point, en quart de finale et en demie. Et puis en face c’était pas le grand Toulouse, que tout le monde connaît. » explique-t-il. Une déception bien vite oubliée par le titre de vice-champion de France et celle d’un départ à l’UBB. « Je suis parti en Gironde pour relever un challenge. Je savais qu’ils avaient un gros talonneur (Ole Avei) et cela allait être dur, mais je voulais m’y frotter. J’ai perdu dès le premier round, il a été plus fort que moi. Comme entraîneur, je me serais moi-même pas reconduit pour une seconde année. »

« Je ne voulais pas passer pour un escroc »

Deux saisons à l’UBB est puis s’en vont. Un adage qui résume la fin de carrière de Fabien Rofes. Ayant refusé différentes propositions de clubs de Pro D2 et Top 14, il met fin à sa carrière de joueur professionnel. « Je ne voulais pas passer pour un escroc, en jouant au rugby pour manger. J’avais déjà largement profiter du système. » Fatigué physiquement et mentalement, le talonneur d’origine catalane n’avait plus l’envie. « Je n’ai jamais été doué physiquement. Du coup, j’ai toujours dû travailler pour être bien, et j’en avais plus envie », témoigne Fabien. Plutôt épargné par les blessures tout au long de sa carrière, le joueur n’avait à présent plus qu’un seul souhait, celui de ne pas se faire mal. Tout naturellement, il prend la décision de retourner dans son club formateur, celui de la Côte Vermeille en Fédérale 3. Il y retrouve l’esprit de rugby village de ses débuts et s’épanouit depuis maintenant plus de deux ans. Un épanouissement souligné par le titre de joueur du département reçu l’an passé. « Mon retour est une sorte de remerciement au club qui m’a appris à aimer le rugby et ses valeurs. Je suis fier de cette récompense, car avec cette dernière le club est en haut de l’affiche. »

Un bar à vin tapas

Du rugby village, qui demande moins d’exigence, moins de rigueur. Seulement deux entraînements par semaine et un match le week end. Un rythme qui est bien loin de celui qu’il a connu en Top 14. Et pourtant, il a du mal à suivre… La faute à un nouveau défi. Celui d’un bar à vin tapas qu’il a ouvert en mai dernier. « C’est un autre challenge qui est différent. » Un projet qui lui prend du temps et l’oblige à mettre fin définitivement à sa carrière sportive. Néanmoins il compte le mener à bien ainsi que le stabiliser. « Derrière, je songe fortement à une reconversion en tant qu’éducateur à la Côte Vermeille, mon club d’enfance. » Son idée : transmettre aux jeunes ce qu’il a appris durant toutes ces années. « Il faut éduquer les jeunes dans les écoles de rugby, c’est l’avenir. Et il y a beaucoup à faire. Cependant, je n’ai aucune prétention à m’imposer dans ce club qui a une bonne gestion et de bonnes structures. Si je rentre dans le club, je vais suivre les règles et ensuite je penserai à proposer des choses. » R.C.

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