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Dan Leo : «Plus possible d’être maltraité»

Par Vincent Bissonnet
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    Dan Leo : «Plus possible d’être maltraité»
Publié le Mis à jour
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Ancien joueur de l’Usap et de l’UBB, Dan Leo monte au créneau pour dénoncer le chantage mené auprès des joueurs du Pacifique. Le Samoan nous explique d’où vient sa colère et avance des solutions.

Son cri de colère a résonné en Angleterre et jusque dans le Pacifique. La semaine dernière, Dan Leo a livré, chez confrères de Planet Rugby, son ras-le-bol face au chantage actuellement mené auprès des Samoans, Fidjiens et Tonguiens d’Europe. « Les joueurs des îles pacifiques subissent des pressions pour arrêter leur carrière nationale quand ils parlent négociations avec les clubs, a déclaré l’ancien joueur de Bordeaux-Bègles et Perpignan, désormais aux London Irish. C’est un problème qui surgit à chaque Coupe du monde. Deux contrats, deux salaires : un dans le cas où le joueur ne participe pas aux matchs internationaux, l’autre s’il y participe. Il y a une différence de 30 à 40 % de salaire entre ces deux contrats.»

Le deuxième ou troisième ligne international (32 ans, 38 sélections), porte-parole de la sélection des Samoa, nous a expliqué le pourquoi du comment de sa démarche : « J’ai décidé de dénoncer cette pratique maintenant car mon très bon ami Census Johnston a été contraint de rester à Toulouse pendant le Mondial. Je suis dans la même position et je le comprends. Je dois accepter une baisse conséquente de mon salaire si j’entends continuer à jouer pour les Samoa. Le problème est que si nous ne sommes pas payés pendant les trois à quatre mois qu’implique la compétition, alors la plupart de nos joueurs ne pourront se permettre d’aller au Mondial. » Au-delà des clubs, sa colère est avant tout dirigée envers les instances internationales, accusées de provoquer le déséquilibre à l’origine du mal : «La question que nous posons est claire : si World Rugby retire des profits aussi considérables, à hauteur de 150 millions de livres, pourquoi les joueurs des petites nations sont-ils obligés de sacrifier les moyens de subsistances de leurs familles pour participer à la Coupe du monde ? »

«World Rugby doit apprendre à partager ses bénéfices»

Le Samoan en appelle aux décideurs du rugby international : envers les clubs comme les nations de second rang, les contreparties financières doivent être revues à la hausse. « Il faut que World Rugby intervienne et apporte une compensation aux clubs en rapport avec cette compétition. Alors, ces derniers seront en mesure de nous payer quand nous serons avec nos sélections. Ce n’est pas aux clubs d’assumer cette charge. L’instance doit aussi apprendre à partager les profits que les nations du deuxième tier mondial telles que les Fidji, le Tonga et les Samoa l’aident à obtenir. Mais dès qu’il s’agit d’argent, tout devient plus épineux. World Rugby n’a jamais eu à partager ses bénéfices avec les nations de second rang, alors ses dirigeants se demandent : « Pourquoi devrions-nous commencer maintenant ? »»

Pour Dan Leo, les mentalités doivent évoluer dès à présent pour mettre un terme à cette discrimination et à cette différence de traitement, plus en phase avec le rugby moderne : « Il n’est pas possible de maltraiter les gens plus longtemps. Des joueurs du Pacifique sont professionnels depuis une ou deux décennies : les stades pleins, l’équité, la responsabilité, nous connaissons ça et nous méritons l’égalité. Nos joueurs ont contribué à rendre ce sport attractif et populaire. Il est temps que le rugby nous rende la monnaie de notre pièce et nous aide à obtenir de meilleures rémunérations. » À long terme, tout l’équilibre du rugby international pourrait se trouver menacé par ce système à deux vitesses : « C’est la crédibilité de la Coupe du monde qui est en jeu. » La balle se trouve désormais dans le camp de World Rugby.

Lapasset répond aux Samoa

Dernièrement, l’international samoan Dan Leo, passé par Bordeaux-Bègles, Perpignan et les London Irish, déclarait à nos confrères de Planet Rugby que « les joueurs des îles Pacifiques subissent des pressions quotidiennes de la part de leurs clubs, afin de dire non à leurs sélections nationales ». Sur ce sujet, le président de World Rugby Bernard Lapasset se joignait au flanker polynésien, pointant du doigt l’attitude de certains clubs : « C’est malheureux, voire carrément ridicule. Mais World Rugby est une Fédération, pas un gendarme. Nous ne pouvons donc intervenir sur ces dossiers-là. » Dans ce même article, Dan Leo (32 ans) regrettait enfin que les dividendes des Coupes du monde ne soient pas partagés à parts égales, ignorant délibérément les nations du deuxième tiers (Géorgie, Samoa, Tonga…). «C’est totalement faux, répond aujourd’hui Lapasset. Si on ne répartissait pas l’argent des Coupes du monde, nous ne serions pas passés à deux cents pays membres et huit millions de licenciés.»

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