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Jean-Jacques Bertrand : «Une histoire à la Woody Allen»

Par Jérémy Fadat
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    Jean-Jacques Bertrand : «Une histoire à la Woody Allen»
Publié le Mis à jour
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En s’inclinant à Castres samedi, le CABCL a fragilisé sa place en Top 14, qu’il se disputera sur l’ultime journée avec Bayonne, voire Grenoble. Dimanche matin, son président, Jean-Jacques Bertrand, a accepté d’analyser avec lucidité la situation de son club et du rugby français.

Vous n’avez pas effectué le déplacement à Castres. Comment avez-vous vécu ce match à distance ?

On ne mélange pas business et rugby (il est président du Conseil d’administration du groupe Pierre-Fabre, argentier principal du CO, N.D.L.R.). Pierre-Yves Revol (président de la Fondation Pierre-Fabre) n’était pas venu à Brive et je ne me suis pas rendu à Castres. J’espérais que nous en tirerions au moins un point. Je l’ai vécu douloureusement. Même si je félicite les Castrais qui ont été supérieurs. Ils voulaient prendre cinq points et ont rempli leur engagement. Le problème maintenant est de remplir le nôtre. Nous sommes tournés vers la réception du Stade français.

Et demeurez-vous confiant ?

Il y a deux aspects. Celui des joueurs. Ils se sont investis, et ont un engagement à l’égard du club, des dirigeants et vis-à-vis du public qui les a soutenus toute la saison. Ils ont plutôt bien renvoyé l’ascenseur en remportant dix matchs sur douze à domicile, même si ça ne suffit pas… Il faudra encore une ambiance de feu samedi. Puis il y a l’aspect stratégique, avec la situation des autres clubs. Que fera La Rochelle à Bayonne ? Comment le Stade français viendra-t-il chez nous ? Quid de Grenoble à Lyon ? Cela ne dépend pas de nous.

Craignez-vous un relâchement de La Rochelle, qui n’a plus rien à jouer ?

Je ne veux pas suspecter les joueurs ou le club. Mais on sait comment ça se passe. Quand vous avez votre saison à sauver, ce n’est pas tout à fait la même chose que quand vous êtes libérés. C’est un phénomène naturel. Ça fait partie de la stratégie dont je parle et dont chacun est conscient.

Et avez-vous peur que l’affaire de la fusion basque influence les résultats de la dernière journée ?

Je ne crois pas. À Bayonne, tous les joueurs doivent avoir à cœur de dominer cette situation complexe. Eux ne se laisseront pas influencer. Mais ces situations nous obligent à compter sur nos forces, et l’esprit qui a présidé pendant presque toute la saison. Même si la fin est un peu dure puisqu’on sent les organismes atteints. C’est le propre des équipes de notre catégorie. On n’avait pas vraiment anticipé le fait d’être réduit à cette extrémité le dernier match. C’est une histoire à la Woody Allen, le scénario de « Match point ».

Vous restez sur deux lourdes défaites. Votre équipe est-elle aussi atteinte nerveusement ?

Ça fait plusieurs matchs, depuis le Racing, que c’est dur. On le sentait contre Lyon et Montpellier à la maison, à chaque fois des défis à relever, des rencontres à gagner absolument. Pour Toulouse et Castres, on savait que ce serait plus compliqué. Et tant que les choses ne sont pas bouclées…

Qu’a-t-il manqué au CABCL cette saison pour ne pas trembler lors de l’ultime journée ?

Un ou deux points. C’est rien. Si on échoue, on sait où on les a perdus. Comme la transformation de la dernière seconde ratée à Grenoble qui aurait donné la victoire. Mais aurait-on gagné à Montpellier derrière ? Des questions au fond inutiles. J’ai pensé à un moment qu’on avait les moyens de faire quelque chose comme Oyonnax mais ça n’a pas tourné ainsi. Et on se retrouve avec un challenge autre mais important. On va le relever. Ce qui compte, c’est la réalité et ce qu’on a à affronter samedi.

Est-ce vital pour Brive de rester dans l’élite ou avez-vous préparé une éventuelle relégation ?

Franchement, ce n’est pas le lieu d’en parler. On pourra exposer toute philosophie autour de cette question après le match de samedi mais aujourd’hui, ce n’est pas le moment.

Des joueurs pourraient toutefois quitter le club en cas de descente. Le staff a récemment prolongé. Sera-t-il briviste quelle que soit l’issue ?

Absolument. Ça, c’est une chose. Après, on verra. Vous pensez bien que nous ne sommes pas totalement aveugles et que nous sommes obligés de réfléchir à toutes les solutions mais je ne veux pas encore aborder ces questions. Aujourd’hui, notre seule motivation est la réception du Stade français.

Plus largement, les clubs comme Brive ont-ils les moyens de pérenniser leur place dans élite où règnent ceux toujours plus riches ?

Oui, mais il faut voir l’évolution du rugby. Si Mont-de-Marsan ou Agen montent, ils seront dans la même situation. C’est une tendance qui doit être envisagée et réfléchie pour savoir ce que l’on veut faire. Il y a plusieurs solutions. Elles sont évoquées par diverses personnes mais il va falloir agir… Ce que je pense, c’est qu’au vu du nombre de supporters dans notre région, il y a une place pour un club dans l’élite. C’est la même chose dans le Pays basque ou le Sud-Est même si ça marche bien pour Oyonnax cette année. Je crois que la Ligue a pour objectif à la fois de regarder les problèmes de financement, du salary cap et de toute l’évolution qui va avec, comme l’organisation du championnat. Les réflexions vont se faire avec vision à moyen ou long terme. Ces éléments sont dans la tête de ceux qui dirigent la LNR.

Vous êtes un partisan du Top 16. Est-ce une option adéquate ?

C’est par exemple une vision des choses. Ou le fait qu’il y ait un barrage entre le deuxième de Pro D2 et le treizième de Top 14. Je suis bien placé aujourd’hui pour le dire (sourires). Il y a un certain nombre de mesures qui peuvent être prises. D’autres sont partisans du Top 12. Moi, je sais très bien pourquoi je ne le suis pas…

« Je réserve mes commentaires aux coachs et joueurs. Je n’ai pas d’ego à satisfaire sur le plan de la communication. »

Jean-Jacques BERTRAND

Président de Brive

Le paradoxe briviste est de s’être détaché de l’influence d’un mécène (Derichebourg) pour devenir stable financièrement mais menacé sportivement…

On a le dernier budget du Top 14 ! D’où la difficulté toujours plus grande si vous n’arrivez à coller au peloton des meilleurs. Je ne me retranche pas derrière le fait de ne pas avoir de moyens parce qu’on a fait ce qu’on avait à faire. Brive a un club sain sur le plan économique, un club engagé.

Vous êtes un président discret. Question de caractère ?

C’est un choix. Ma légitimité est d’avoir un peu joué, d’être né à Brive et d’avoir suivi ce club. Mais je n’ai pas à donner des leçons. C’est plus facile de travailler sur mes réalités, ce que je connais et je réserve mes commentaires aux coachs et aux joueurs. Je n’ai pas d’ego à satisfaire sur le plan de la communication. J’ai toujours bossé en équipe dans ma vie professionnelle et ça passe par une certaine modestie.

Allez-vous parler au groupe cette semaine ?

Je l’ai toujours fait. Mais il ne faut pas croire que les joueurs ou les coachs ne sont pas conscients de l’enjeu. Comme les autres dirigeants, je suis là pour montrer notre soutien, nos efforts pour les sécuriser. Les reproches et les critiques sont faites par les gens qui connaissent le rugby, qui sont compétents et pour ça, on a toute confiance en nos entraîneurs.

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