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Andrea Marcato : un drop avant le vide

Par Jérôme Prévot
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    Andrea Marcato : un drop avant le vide
Publié le Mis à jour
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Un drop magistral avait fait de lui le grand espoir du rugby italien. Aujourd’hui Andrea Marcato défend les couleurs de Padoue (septième du championnat d’Italie) et n’a plus connu de sélections sous le maillot Azzuri depuis 2009. Midi Olympique a retrouvé pour vous le plus grand espoir déchu du rugby transalpins.

Le 15 mars 2008, Stade Flaminio, à Rome. Italie et Écosse veulent éviter la cuillère de bois. A la 79e minutes, les deux équipes sont dos à dos, 20-20. Alors qu’il ne reste qu’une petite minute, le demi de mêlée, Pietro Travagli visse une passe parfaite pour l’ouvreur de Trevise Andrea Marcato, idéalement placé à 25 mètres face aux perches. Ce dernier claque alors un coup de pied magistral qui offre la victoire aux Italiens. «Quelle mémoire! Ça fait extrêmement plaisir qu’on me rappelle cet instant. Ce drop est arrivé dans une période où tout allait pour le mieux. C’était comme on dit la cerise sur le gâteau». On se souvient du visage ému de Nick Mallett à cet instant, de l’allégresse de la foule romaine. On a cru que l’Italie tenait une vraie vedette formée sur son sol. Aujourd’hui âgé de 31 ans, Andréa Marcato n’a pas répondu aux attentes du public italien. S’il avait le potentiel pour révolutionner le poste d’ouvreur en Italie, l’ancien international (16 sélections) n’a pas suivi le destin qu’on lui prédisait, la faute à de trop nombreux pépins physiques. Passé par Padoue, Trévise et Calvisano, il a décidé de revenir dans sa ville natale et d’aller terminer sa carrière à Petrarca, pour transmettre son expérience aux jeunes du centre de formation..

Quid des ouvreurs en Italie ?

Pour Andrea Marcato, les bons numéros 10 Italiens ne font pas légions. Mais comment explique-t-il cette carence dans la formation transalpine ? «On manque d’observateurs. Personne n’est capable de dire : d’ici à 4 ans, on va avoir quatre jeunes demis d’ouverture. Allan et Haimona sont des joueurs intéressants, mais ils n’ont pas été formés en Italie. Les jeunes italiens ne sont pas suivis d’assez près. Aujourd’hui on parle encore de Diego Dominguez, ça veut bien dire qu’on n’a pas eu de réel successeur. On manque de patience avec les jeunes. Lorsqu’on s’aperçoit qu’un joueur est intéressant, on lui demande de sauver la patrie. Haimona ressent toujours trop de pression sur lui. On oublie qu’il y a deux saisons il évoluait à Plaisance (2ème division). Pareil pour Edoardo Padovan (Zebre n.d.l.r.), il est talentueux, mais il lui faut du temps, du travail et des entraîneurs capables de le former à ce poste, patiemment».

C’est avec cette patience que ses coachs (Graziano Ravanelli, Craig Green, Marius Goosen et Franco Smith) ont fait de lui un ouvreur rigoureux, méticuleux et discipliné. Champion d’Italie lors de sa première saison à Trévise (2006), Andrea Marcato est rapidement appelé par Pierre Berbizier, le sélectionneur italien de l’époque. Il dispute en 2006 la tournée estivale au Japon avec le maillot Azzuri alors qu’il n’a que 23 ans.

Deux ans plus tard, Nick Mallett, repositionne le meilleur buteur italien du moment au poste d’arrière. «Sergio Parisse m’appela juste avant Noël 2007, me conseillant de me préparer pour le Six Nations suivant. Je savais que David Bortolussi était le préféré en 10, mais lorsque Nick m’a mis au courant de son idée, j’étais enthousiaste. (...) À 24 ans, j’ai eu l’opportunité d’affronter des nations majeures comme le Pays de Galles, l’Écosse ou la France, et je crois avoir bien utilisée cette chance». C’est une certitude, le jeune Andrea Marcato avait marqué les esprits. Malheureusement une grave blessure à l’épaule droite survenue juste après le Tournoi 2009, lors d’une demi-finale de première division contre Calvisano, changera son destin, l’obligeant a faire un long break rugbystique. «Ça s’est très mal passé, surtout au niveau psychologique. C’était comme une maladie pour moi. Les problèmes musculaires se multipliaient et, par conséquence, le temps de récupération se prolongeait. J’ai alors compris que je ne retrouverai jamais mon niveau». ux pépins physiques. Passé par Padoue, Trévise et Calvisano, il a décidé de revenir dans sa ville natale et d’aller terminer sa carrière à Petrarca, pour transmettre son expérience aux jeunes du centre de formation.

Après ce douloureux épisode, Andrea décide de quitter Trévise. Il s’éloigne du très haut niveau et signe à Calvisano. En mars 2011, il pense avoir retrouver son niveau et espère être convoqué par Nick Mallett, un coup de pouce du destin qui aurait pu relancer sa carrière. Malheureusement, une nouvelle blessure mettra un terme à ses illusions. Un épisode qui résume finalement assez bien la carrière d’un espoir déchu, l’homme d’un seul match et presque d’un seul geste.

Et maintenant ?

«Je passe un diplôme d’éducation physique. Après j’aimerais bien rester dans la domaine du rugby, mais là en Italie ça va être compliqué. On n’entrevoit aucune perspective au niveau professionnel: les Aironi ont rapidement disparu, l’ambiance de Trévise n’est pas très bonne et les Zebre pourraient changer de siège dès la saison prochaine. Le futur est incertain, voilà une autre raison pour laquelle les meilleures joueurs italiens choisissent de se déplacer dans des pays mieux structurés. Ceux qui évoluent en Excellence (première division) ne peuvent pas évoluer en Ligue Celte tout de suite, la différence de niveau est énorme. Je ne veux faire aucune considération à propos du système des Académies fédérales, mais pour moi ce serait préférable, et plus simple au niveau financier, d’investir dans les clubs, ou la construction des joueurs a été optimale».

Finalement Andrea Marcato prouve qu’on peut-être pétri de talent sans pour autant faire une grande carrière. Si tous les Italiens se souviendront de son drop contre l’Ecosse, trop peu se rappelleront de ce joueur qui devait faire franchir un cap à la Squadra Azzura. J.P. avec D.A.

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