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Comment passer dans le couloir ?

Par Simon Valzer
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    Comment passer dans le couloir ?
Publié le Mis à jour
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Face à des défenses toujours plus vigilantes et organisées, les équipes s’en remettent souvent aux prouesses individuelles de leurs ailiers pour trouver la brèche dans le couloir des 5 mètres. tour d’horizon des techniques qui font mouche.

Par Simon VALZER

simon.valzer@midi-olympique.fr

Le couloir des 5 mètres. Le terrain de chasse préféré des ailiers, les vrais prédateurs de n’importe quelle équipe de rugby. Théâtre d’exploits individuels, de duels explosifs desquels le vainqueur sort en héros et le vaincu en paria. Alors, comment sortir vainqueur de cette arène ? Une grande partie de l’issue de ce combat réside dans le choix des armes. Tel le gladiateur, l’ailier tient à sa disposition un arsenal riche et diversifié dans lequel il devra choisir l’arme adaptée aux profils de son adversaire : crochets intérieur ou extérieur, raffût, percussion, jeu au pied par-dessus, ou encore rasant… Ce choix est crucial.

Un duel à anticiper

Et comme dans toute bataille, la préparation venant en amont est essentielle : « Tout va si vite une fois que l’on entre dans le duel… celui-ci doit être anticipé, préparé pendant la semaine. Un ailier doit connaître parfaitement son adversaire », lance Émile Ntamack, l’ancien ailier du XV de France et du Stade toulousain. L’étude commence par ses caractéristiques physiques : est-il grand ou petit ? « Grâce à sa longueur de bras, un grand joueur aura intérêt à utiliser son raffût. En revanche, il sera pénalisé sur des appuis très courts, propices aux ailiers disposant de centre de gravité plus bas », prolonge l’ailier aux 46 sélections. Surtout, il faut analyser sa façon de défendre. En clair, de la même façon qu’un alignement décortique les annonces de son homologue, un ailier doit passer son futur rival au peigne fin : « Certains ailiers sont plus durs sur l’homme que d’autres, tout comme certains ont une épaule préférée avec laquelle ils plaquent », abonde l’ailier castrais Rémy Grosso. Ce simple paramètre influera forcément dans le choix d’un crochet intérieur ou extérieur. D’ailleurs, comment choisir ? « Tout dépend de la position de l’adversaire, ainsi que de sa direction et sa vitesse de déplacement, reprend Ntamack. Seulement, le crochet extérieur te rapproche du meilleur défenseur adverse, la ligne de touche. Pour s’y engager, il faut vraiment avoir correctement fixé son adversaire. » Et pour le vérifier, il suffit de jeter un œil au placement des épaules et des appuis de l’adversaire (lire ci-dessous).

Jeu au pied rasant ou par-dessus ?

Une autre arme essentielle de l’arsenal d’un ailier est le jeu au pied. Celui-ci peut être tapé par-dessus le défenseur ou rasant. Là encore, le profil physique de l’adversaire doit influer dans le choix, même si la situation de jeu reste primordiale : le par-dessus doit être utilisé quand l’adversaire se trouve de face car dans cette situation, un coup de pied rasant pourrait être aisément contré. Ce dernier est un jeu au pied de duel, notamment quand les deux ailiers sont côte à côte, à la lutte à la course : « Le rasant est plus délicat car il doit être dosé. Le joueur devra aussi être vigilant à la frappe pour que le rebond soit régulier et favorable », ajoute l’entraîneur des jeunes toulousains. Car il n’est pas rare qu’un match se décide sur un rebond favorable ou non…

Grosso : « Le choix est instinctif »

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Comment un ailier prépare-t-il son duel la semaineprécédant un match ?

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Même si je ne me focalise pas de façon excessive sur l’adversaire, il convient d’étudier un peu son vis-à-vis : son gabarit, ses qualités de vitesse, d’appuis, sa façon de défendre… Il faut aussi veiller à analyser le joueur au regard du système défensif adverse : certaines équipes défendent avec des ailiers qui montent très vite, d’autres préfèrent glisser pour pousser vers la touche. Ce tour d’horizon permet d’imaginer quelques situations même si, une fois sur le terrain et dans le feu de l’action, le choix se fait si rapidement qu’il en devient instinctif…

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Pourquoi ?

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Nous, les ailiers, ne défendons pas de la même façon que les centres. Nous sommes côte à côte mais nos rôles sont bien différents. Les centres défendent à côté du 10, sur une ligne. Nous, nous sommes en permanence dans l’adaptation. En attaque, c’est pareil. D’une seconde à l’autre la situation change et il faut s’adapter.

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Quels repères prend-on sur l’adversaire pour gérer un duel ?

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Je dirais la ligne des épaules et la position des pieds. La ligne des épaules dessine le cadre frontal duquel il faut sortir pour remporter un duel. Ensuite, les pieds sont importants : si l’on voit que les talons de l’adversaire sont dans le sol, on sait qu’on a une chance de le déborder, d’un côté ou de l’autre. En effet, cela signifie qu’il est arrêté. Et comme il ne sait pas où l’on va aller, on a un temps d’avance.

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Les ailiers disposent de gabarits très hétérogènes. Le vôtre, imposant, vous avantage en puissance mais vous handicape sur les appuis courts. Comment gérez-vous cette situation ?

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Il est vrai que chaque ailier possède un penchant pour telle ou telle technique. C’est une question de gabarit mais aussi d’éducation. Personnellement, mes entraîneurs successifs m’ont souvent encouragé à privilégier l’affrontement direct. Et puis je dois avouer que je n’aime pas lâcher le ballon pour jouer au pied comme le font Sofiane Guitoune ou Metuisela Talebula, ou encore Vilimoni Delasau qui était un adepte du jeu au pied très long et rasant. Je préfère « rentrer terrain » et assurer la conservation. En revanche, j’ai évolué, dans le sens où je pense systématiquement à ce qu’il va se passer après le duel, à comment assurer la continuité du jeu. Mais il faut toujours se forcer à travailler les autres techniques, sinon on devient prévisible. Propos recueillis par S. V. n

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