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Plaquages : où est la limite ?

Par midi olympique
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    Plaquages : où est la limite ?
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En l’absence d’un véritable protocole entourant ce type d’action, les sanctions sont laissées à l’appréciation de l’arbitre. Des limites plus ou moins floues dont les défenseurs jouent évidemment… Tour d’horizon.

L’image de Courtney Lawes déglinguant Jules Plisson quelques dixièmes de seconde après sa passe a évidemment ému les observateurs français. Mais peut-être moins, à la réflexion, que la parole de l’arbitre Nigel Owens après visualisation des images sur le grand écran de Twickenham : « Ce plaquage me satisfait ». Un point de vue incompréhensible pour le profane mais que tout le sérail a accueilli de manière compréhensive. Le point d’achoppement résidant non pas dans le timing du plaquage de Lawes, mais bien dans la manière dont est retombé Jules Plisson. « Le problème, c’est que ma passe est partie et, à ce moment-là, je suis relâché. C’est dangereux, brossait après coup l’ouvreur du Stade français. Son plaquage est appuyé, et l’arbitre peut sanctionner le fait que je sois tombé sur la tête. Mais s’il n’a pas sanctionné, c’est qu’il estime qu’il n’y a pas faute. »

Étonnant ? Pas vraiment… D’abord parce que les ralentis accentuent la sensation de « retard », mais surtout parce qu’une tolérance informelle préside de plus en plus autour de ce genre de situation, dénoncée par Didier Méné (lire ci-contre). En effet, en l’absence de véritable protocole et de barème permettant aux arbitres d’évaluer précisément le degré de l’éventuelle faute (à l’image de ce que l’on retrouve dans le cas des plaquages cathédrale), c’est à l’arbitre seul que revient d’apprécier les plaquages à retardement, selon sa propre sensibilité. Certains se montrent répressifs et d’autres beaucoup plus permissifs. « Ce sont des données que l’on sait évidemment et dont on joue dans la préparation des matchs, nous a confié un entraîneur du Top 14 sous couvert d’anonymat. On ne va pas faire dans l’angélisme : le rugby est un sport de combat et sur chaque plaquage, dans la limite permise par les règles, il s’agit de faire mal à l’adversaire. Si l’appréciation de certains arbitres permet de faire un peu plus mal que d’autres, il ne faut pas s’en priver… »

L’avantage « d’Éliminer » un soutien

Des propos peut-être politiquement incorrects, mais qui ont le mérite de l’honnêteté. « La limite que je me fixe, nous racontait un jour Gerhard Vosloo, c’est de ne pas me lancer après que le ballon ait quitté les mains ou le pied de l’attaquant, au cas où celui-ci dégage son camp. Mais une fois que l’on est lancé, c’est dur de s’arrêter, même si l’attaquant termine son geste avant qu’on l’ait touché. » Le plaquage alors effectué « dans le mouvement » selon l’expression consacrée, offrant un deuxième avantage. « Généralement, le passeur doit être le premier soutien à l’intérieur de son partenaire. Ainsi, si ce dernier est plaqué avec le ballon et que le passeur a été neutralisé par un plaquage dans le mouvement, il ne peut pas se porter au soutien dans le ruck, ce qui offre une chance supplémentaire à la défense de gratter le ballon. »

Ces plaquages se retrouvant aussi régulièrement après franchissement de l’attaque, dans les situations de deux contre un. Le dernier défenseur cherchant à éliminer le porteur de balle après que celui-ci ait passé le ballon, en priant pour qu’à la course, un de ses partenaires rattrape le fuyard isolé de tout soutien. Reste que littéralement parlant, ces plaquages demeurent à retardement puisqu’effectués après la passe, donc sujets aux pénalités. Faut-il s’attendre (du moins en Top 14) à une application stricte de la règle, selon la recommandation édictée ci-contre par Didier Méné ? On peut le croire.

Didier Méné, président de la Commission centrale des arbitres : « Si un de mes arbitres laisse passer un tel geste, il restera chez lui le week-end suivant »

Je ne suis pas d’accord avec la décision arbitrale prise lors du match Angleterre-France. Pour moi, le plaquage de Lawes était purement illicite. Le repère servant à identifier un plaquage à retardement est pourtant simple : c’est le ballon. La seule question que l’arbitre doit se poser, c’est de savoir si, au moment du plaquage, le porteur a encore le ballon dans les mains ou non. Et là, ce n’est clairement pas le cas. Il n’y a pas la moindre ambiguïté. à l’ère de la vidéo, ce genre d’erreur n’est pas acceptable, surtout quand je lis partout que le législateur doit protéger l’intégrité physique des joueurs ; ce sport devient de plus en plus violent. J’ai fait passer mes consignes aux arbitres français : si l’un d’entre eux laisse passer un tel geste, il restera chez lui le week-end suivant. Je peux concevoir que sur des phases telles que les déblayages, les actions portent parfois à discussion… mais là, c’est limpide. La seule question que je me suis posée portait sur la couleur du carton : jaune ou rouge. Un jaune aurait été une bonne décision. Si à l’avenir on veut vraiment protéger le joueur, le législateur va devoir durcir le ton et son arsenal.

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