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Budget : des places en or

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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En attendant que la hausse des droits télévisuels se concrétise dans les budgets des clubs, la billetterie reste une ligne budgétaire impossible à ignorer.

Un club de rugby a-t-il encore besoin de l’argent de ses supporters ? La réponse est oui. L’augmentation des droits télévisés n’est pas à ce point pharaonique qu’elle permettrait aux présidents de brader les billets destinés au grand public. On a même l’impression que la part de la billetterie croît à mesure qu’un club se rapproche des sommets. Non seulement il attire plus de monde, mais ses dirigeants seront aussi toujours tentés d’augmenter le prix des billets. Poste majeur avec le partenariat et les droits télés, la vente des places à l’unité ou sous forme d’abonnements représente au minimum 15 % du budget d’une écurie du Top 14. C’est le cas à Lyon, Grenoble et Oyonnax. Mais plus le stade dont on dispose est vaste, plus cette proportion a tendance à augmenter. On peut supposer qu’un club comme Bordeaux et son stade imposant (34 000 places) flirte avec les 30 %.

Cette partie du chiffre d’affaires peut aussi bouger très vite en fonction de la conjoncture, c’est-à-dire les performances de l’équipe, un peu comme un baromètre. «J’espère bien que sa part va augmenter», explique Yann Roubert, le président du Lou. Sous l’effet de la montée et du prestige de nos adversaires, notre club est de plus en plus soutenu. Contre Oyonnax, nous avons fait 10 000 personnes. Nous proposons désormais 4 000 places de plus, dont 1 800 pesages.» Clairement, la vente des tickets reste l’un des facteurs de croissance possible du Lou : «Oui, il reste encore de la place. Mais nous avons conservé des tarifs stables, avec des places debout à dix ou douze euros et des sièges à dix-huit euros.»

À Oyonnax, la montée a fait exploser les ventes des billets grand public selon Thierry Emin, le président du directoire. «Nous sommes à 15 % alors qu’en Pro D2, nous étions à 6 ou 7 % d’un budget trois fois plus faible. Nous allons faire passer la capacité du stade à 10 000 places et nous aimerions que le chiffre d’affaires de la billetterie monte encore de 20 %.» À Grenoble, Marc Chérèque évoque aussi le seuil des 15 %, soit 3, 3 millions d’euros pour le FCG. Une manne qu’il estime encore éloignée des clubs comme Clermont et Toulon capable d’engranger 6 millions d’euros. Il s’est même payé le luxe de faire baisser le prix des abonnements quand il a su que la municipalité exigeait que le club déménage au Stade des Alpes (20 068 places contre 12 600 à Lesdiguières). Les dirigeants grenoblois ont fait le pari que l’augmentation des spectateurs couvrirait largement le manque à gagner. À Oyonnax, Thierry Emin reconnaît qu’il a augmenté le prix des billets pour cette saison : «Mais je suis bien conscient qu’on ne pourra pas faire monter le prix inexorablement.»

Le poids des VIP

Mais pour doper les budgets en vendant des billets, les clubs explorent une autre voie : celle des places VIP, souvent liées aux sponsors. «Dès notre remontée en Pro D2, nous avons travaillé là-dessus», poursuit Chérèque. Ces fameux endroits privilégiés, comme les loges ou les sièges premier prestige» à la mode lyonnaise sont de vraies mines d’or, ce qui fait forcément grincer des dents : «Oui, les spectateurs de base ont l’impression qu’il n’y en a que pour les partenaires. Mais il faut comprendre que c’est grâce à ce genre de places qu’on s’y retrouve. Elles sont dix fois plus rentables que les sièges classiques », précise Thierry Emin qui les a mis en service en 2013 : « Avant, en Pro D2, c’était zéro. » Elles donnent droit à une série de prestations : restauration, boisson, repas d’avant-match, réception après, possibilité d’inviter du monde…

À Lyon, Yann Roubert a du mal à faire une évaluation précise. «Cette « hospitalité » s’adresse à des partenaires. Elle fait partie de la négociation globale et le partenariat représente 50 % de nos revenus.» À Grenoble, c’est 60 %. Thierry Emin parvient à chiffrer les revenus spécifiques de ces places d’élite : 15 % de son chiffre d’affaires. Bref, ces «carrés VI » sont devenus des zones stratégiques du rugby professionnel, surtout quand on joue dans un stade de dimension modeste. Mais encore faut-il avoir des installations adaptées. Grenoble a dû ainsi ériger une halle d’hospitalité de 1 600 personnes près du Stade des Alpes. Chaque siège ressemble au mètre carré d’une grande capitale : un lieu de spéculation intense.

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