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Auch, le retour de flamme

Par Nicolas Augot
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    Auch, le retour de flamme
Publié le Mis à jour
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Relégué le 11 mai dernier en Fédérale 1, le FC Auch Gers a entamé la phase retour de son championnat par sa première victoire bonifiée de la saison, confirmant sa place de dauphin derrière Ax-en-Provence. Voyage en terres auscitaines.

{{IMGSRC153247665}}Fiers Auscitains, ici vainqueurs face à Lannemezan. Le FCA poursuit son combat pour retrouver le monde professionnel.

Ils s’étaient donné rendez-vous un dimanche à l’initiative d’Alexandre Esquirol, pilier gauche de cette équipe auscitaine championne de France 2004 de Pro D2. À Saint-Jean-le-Comtal, à moins d’un quart d’heure du stade du Moulias. Dans le cadre bucolique du Chateau de Camille, les héros d’hier ont célébré, en petit comité, leur épopée fantastique. Quelques poils se sont hérissés en regardant le diaporama préparé par Grégory Menkarska, témoin privilégié de cette époque dorée et acteur de la reconstruction d’un club aujourd’hui relégué dans le monde amateur. Tout comme Julien Sarraute, titulaire lors de cette finale à Pau face à Bayonne et aujourd’hui directeur du centre de formation et entraîneur des arrières de l’équipe première.

Fuite des talents et des capitaux

Deux hommes qui ont vécu le traumatisme de la descente le 11 mai dernier. Ils œuvrent maintenant avec Roland Pujo et Éric Escribano pour effacer cet épisode douloureux. Pujo annoncé comme l’homme de la situation en raison de sa connaissance du club et de par son expérience puisqu’il avait permis à Colomiers de retrouver le monde professionnel. Pourtant, alors que le FCAG a conforté sa deuxième place grâce à une victoire bonifiée face à Lannemezan, Roland Pujo se montre prudent : « À Colomiers, 80 % de l’effectif qui évoluait en Pro D2 était resté au club. Là, c’est l’inverse. » Depuis le mois de juin, le chantier est gigantesque. La descente a logiquement entraîné une fuite des talents et des capitaux. « Le chantier suit son cours, confirme le président Gilles Courbebaisse, Nous voulons nous appuyer sur la grande expérience de Roland et sur nos jeunes joueurs formés au club. Face à Lannemezan, Pierre Dupouy, qui vient de fêter ses 18 ans, a disputé son premier match en équipe première. » Les jeunes, toujours les jeunes, pour redorer le blason du rugby gersois. Un pied de nez aux médisants qui pensent que le Gers est un département vieillissant. Auch est là pour démontrer le contraire.

Nous sommes partis dans l’inconnu. En début de saison, nous avions la trouille à chaque match.»

Frédéric Medves, capitaine du FCA

L’inquiétude était pourtant réelle lorsque les dirigeants ont élaboré leur première ébauche de l’effectif pour cette saison. Comment allaient-ils faire pour se réinventer avec toujours moins de moyens ? Six mois plus tard, les supporters louent les qualités de Gauthier Doubrère, Jorik Dastugue ou encore Cyril André pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, tout le monde est convaincu des vertus de la relève auscitaine, bien encadrée, il est vrai, par des anciens du club comme Hamid Arif, 37 ans, de retour à la compétition face au CAL après une retraite de deux ans.

De son côté, le capitaine Frédéric Medvès avait été le premier à soutenir le projet du club : «Nous sommes partis dans l’inconnu. Nous étions très peu à rester. Nous ne connaissions pas le niveau de la Fédérale 1, ni celui de nos jeunes. Bien sûr, ils avaient eu des résultats mais nous ne pouvions pas connaître notre niveau. En début de saison, nous avions la trouille à chaque match. Depuis, ils ont démontré des qualités, même s’ils ont aussi les défauts de leur jeunesse. » Un manque de maîtrise ou des sautes de concentration qui n’avaient pas permis aux Gersois de décrocher un point de bonus offensif avant ce premier rendez-vous de la phase retour. Néanmoins, ce début de championnat a démontré que cette descente en Fédérale 1 ne correspondait pas une période de pénitence. Elle pouvait aussi être un formidable tremplin pour les jeunes Gersois. Julien Sarraute en est le premier convaincu : « Nous devons maintenir une formation de haut niveau. Auch doit rester une étape incontournable pour les jeunes du département. Tant pis si nous perdons chaque année des joueurs comme Brandon Fajardo contre une indemnité ridicule. Brandon doit être un exemple et un outil de communication pour le FCAG. Auch doit rester attractif pour les meilleurs jeunes du département.»

La bonne étoile

Six mois après une descente devenue presque inéluctable, la trouille n’est plus de la partie. Et cette équipe, certes immature, capable de se fourvoyer face à Graulhet avant d’infliger une correction à Lannemezan, a réussi son premier pari. Mettre un terme à la sinistrose qui s’était infiltrée dans toutes les composantes du club et les travées de Jacques-Fouroux en fin de saison dernière. Les affluences sont encourageantes. Un signe important pour le président Gilles Courbebaisse : « La cicatrice commence à se refermer. Nous avons réalisé une très belle affluence face à Aix-en-Provence. Ce soir (samedi, N.D.L.R.), les gens se sont aussi déplacés malgré le froid. Cela prouve que cette équipe donne de nouveau du plaisir aux gens. Et, c’est bien là notre première mission. » Un soutien populaire visible dès le match de lever de rideau sur le terrain du Bourrec, dont la petite tribune affichait complet sans oublier une main courante bien fournie pour assister à l’opposition des équipes B. Sur la pelouse, la formation auscitaine était composée de joueurs tout juste âgés de 18 ans, forçant l’admiration des supporters. « Ils ont du courage et ils sont vaillants», nous glissait en passant un homme dont le béret ne cachait pas une chevelure grisonnante, «Pourtant, ils tombent parfois sur des vieux briscards ». Les grincheux du mois de mai ont rangé leur amertume. « Il était important de recréer une dynamique avec des ingrédients maison, reconnaît Roland Pujo. Il était essentiel de gagner nos premiers matchs pour que le public reste fidèle et convaincre des partenaires de la viabilité de notre projet.» Ou comment raviver toutes les flammes pour tenter de dessiner un futur.

La cicatrice commence à se refermer […] Cette équipe donne de nouveau du plaisir aux gens. Et c’est notre première mission.»

Gilles Courbebaisse, président du FCA

Et le feu (sacré) commençait à réchauffer un chapiteau bondé au coup de sifflet final, samedi, alors que la sono crachait toujours son lot de décibels dans le vestiaire auscitain. Début d’une soirée de sourires où le président malicieux affichait un tee-shirt étoilé rendu célèbre dans le monde du rugby par Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon : « Je crois que je ne vais plus le laver jusqu’à la fin de la saison. Il nous porte chance. » L’heure - tardive - était à la plaisanterie. Un peu de légèreté retrouvée et bienvenue selon Medvès : « Pendant des années, nous étions le petit poucet, maintenant nous sommes le gros de la poule. Nous nous sommes fait à notre nouveau rôle. Et ça fait du bien à la tête de surfer sur des victoires. » Dans la nuit auscitaine, au pied d’une cathédrale magnifiée et imposante, les jeunes du FCAG pouvaient de nouveau croire en leur bonne étoile.

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