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Les précédentes nominations : Lièvremont, Saint-André... vrais outsiders

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Les deux derniers sélectionneurs du XV de France étaient des outsiders. Lièvremont fut choisi pour prendre le contre-pied des années Laporte et Saint-André profita du refus de Novès. Auparavant, il est difficile de parler de surprise.

Le choix du sélectionneur a longtemps relevé du fait du prince, c’est à dire du président de la FFR qui ne s’encombrait pas de procédures contraignantes pour nommer qui il voulait. En 1981, Albert Ferrasse imposa Jacques Fouroux, premier vrai «patron» du XV de France. Les Bleus venaient de prendre un 15-0 en Roumanie, ils avaient besoin d’un électrochoc avec l’arrivée d’un meneur d’homme. Ferrasse en profita pour régler son compte avec Elie Pébeyre président du Comité de Sélection avec qui il avait un différend. Fouroux n’avait que 33 ans, il n’avait jamais entraîné en club mais il était un tel leader «napoléonien» comme joueur que ce choix apparut finalement naturel au monde du rugby. Ce qui était une surprise finalement, c’était l’existence même de son poste. Car depuis des lustres, le XV de France était étroitement surveillé par le président de la FFR et sa garde rapprochée. Elle avait la haute main sur un comité de sélection aux prérogatives seulement consultatives et sur des «hommes de terrain» compétents mais qui entraînaient des hommes qu’ils n’avaient pas choisi. Jean prat avait bien été essayé dans ce rôle dans les années 60 mais l’expérience avait fait peur aux boss de la Fédé, trop soucieux de leur pouvoir sur la carrière des joueurs.

Laporte, de l’évidence au «Bling-bling»

Jacques Fouroux perdit sa place en 1990 à cause de la crise fédérale. Le pouvoir ferrassien finissant le remplaça par un tandem Daniel Dubroca-Jean Trillo. Le premier, agenais bon teint, était un proche du président de la FFR. Le second, retiré du devant de la scène après une brillante carrière de joueur, constituait, c’est vrai, une surprise. Mais ce duo ne resta que quinze mois aux affaires. En 1992, Bernard Lapasset à peine élu après une crise terrible, nomma Pierre Berbizier, joueur tout juste retraité. Il n’avait que 34 ans. Mais le choix était dans l’air depuis plusieurs semaines. C’est à ce moment-là que s’établit la règle non écrite du mandat de quatre ans, calqué sur le rythme des Coupes du monde.

On entend parfois que pour ce poste hyper sensible, c’est souvent un outsider qui s’impose. Un examen attentif de l’Histoire nous laisse à penser que c’est une légende. En 1995 après l’élimination en demi-finale du Mondial, Jean-Claude Skréla apparaissait comme un candidat plus que crédible, fort de ses succès avec Toulouse. Il y avait aussi le sentiment que son heure était enfin arrivée après l’ostracisme dont avait souffert le Stade Toulousain durant la période Ferrasse-Basquet.

En 1999, Bernard Laporte avait le vent en poupe depuis le titre de 1998 du Stade Français, un club qui venait juste de monter dans l’élite. Avant même, sa nomination, Laporte était un devenu une figure médiatique. Certes, il y eut quelques doutes sur sa reconduction en 2003 après le cruel échec de Sydney face à l’Angleterre, mais le Comité Directeur de la FFR choisit la continuité, peut-être aussi parce que personne ne s’imposait vraiment comme alternative même si certains parlaient déjà de Guy Novès. Dans ces années-là, les premières voix s’élevèrent pour demander un appel à candidature officiel et rationnel comme pour un marché public et non pas une décision prise dans le secret des couloirs feutrés.

La vraie surprise, on l’a vécue en 2007. Après le Mondial gâché, Bernard Lapasset choisit de faire confiance à l’antithèse du «bling-bling» Laporte. Il fit appel à Marc Lièvremont, alors entraîneur de Dax qui venait tout juste d’accéder au Top 14 et qui n’était absolument pas candidat. Dans ce cas, oui, la FFR surprit tout le monde. Car les cassandres pariaient plutôt sur Fabien Galthié ou déjà sur Philippe Saint-André. Serge Blanco, alors patron de la LNR, n’avait pas forcément approuvé un choix qu’il voyait comme un coup de force de la FFR et de la DTN de Jean-Claude Skrela. En 2011, tout le monde pensa que Guy Novès serait enfin choisi. C’était son heure, et tout le monde frétillait de voir ce qu’allait faire celui qui ne se privait pas de critiquer la FFR qui lui «piquait» les meilleurs joueurs du Stade Toulousain pour des stages et qui lui imposait même de les laisser au repos. Il fut même contacté dès le mois de juillet mais il préféra refuser pour ne pas donner un coup d’arrêt au projet toulousain. Mais il reconnut avoir été ébranlé par cet appel, lui qui, un peu bravache clamait que jamais les caciques de Marcoussis ne le contacteraient. Ainsi, il ouvrit la voie à Philippe Saint-André, un outsider donc même si il était en charge du RC Toulonnais à l’aube de son ascension et s’il avait été champion d’Angleterre avec Sale en 2006. Il sera, a priori, le dernier à avoir été désigné comme ça, par un oukaze venu d’en haut, sans avoir proposé un projet précis devant un jury digne d’un oral de sciences po.

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